Autobiographie #9 / Entendez-vous ?

Entendez-vous ? Quand il me prend dans ces bras, qu’il me parle tout bas, je vois la vie en rose ; je l’entends chanter, elle est dans la cuisine, près du poêle à charbon, je sens le pain perdu, elle chante une chanson de Piaf, elle chante bien, posé sur la table en formica imitation bois, ses ustensiles, le saladier dans lequel Continuer la lectureAutobiographie #9 / Entendez-vous ?

autobiographies #08 | lieux et histoires d’eau

Deci delà, des eaux ; non pas de leurs turbulences mais de leur confluence ; ce point de latitude et longitude traçables ; ce point du parcours de deux eaux où, d’où qu’elles soient, se pénètre leur charroi de nord, de sud, d’est, d’ouest ; charroi de sols, charroi d’histoire et de chaos ; fatal, inéluctable ce point où la vie d’amont Continuer la lectureautobiographies #08 | lieux et histoires d’eau

#autobiographies #10 | elle ne peut pas faire sans

Elle prend ses médicaments. Elle ne dit rien, elle en a l’habitude. Elle est dans le salon, où tout se joue. Elle porte un verre d’eau à ses lèvres, elle ingurgite ses médicaments. Elle aurait du mal à s’en passer. Elle se dit ça, qu’elle aurait du mal à s’en passer. Elle est bien obligée d’en passer par là. Elle Continuer la lecture#autobiographies #10 | elle ne peut pas faire sans

#autobiographies #10 | plur-IELLE

Ielle retrouve vie. Ielle renaît après des décennies de replis sur soi. Ielle a vécu deux guerres. Ielle a traversé une frontière. Ielle a vécu des retrouvailles, la fille abandonnée sur les marches d’une église toscane qui retrouve sa mère, chiffonnière à Marseille. Ielle a connu la misère, puis le mariage, la pantalonnière qui travaille à domicile épousant un séducteur Continuer la lecture#autobiographies #10 | plur-IELLE

#autobiographies #10 | Elle qui se joue de toi

Ahmed attend dans le PMU de la rue Jean Jaurès, il tient une lettre dans les mains, il a l’air très fatigué. Elle est devant toi, tu la lis, tu la tords à peine, tu relis par la fin, les mots avancent, les mots marchent, les mots font leur trajet, les mots ne reviennent pas dans la bouche, tu ne Continuer la lecture#autobiographies #10 | Elle qui se joue de toi

autobiographie #08- Vide

Deux tasses à café vides posées sur la table; le café a coulé sur le rebord de la tasse laissant des traînées marrons sur l’immaculée blanche; le sachet de sucre que l’on a éventré, quelques grains égarés sur la surface plastifiée; une petite cuillère argentée en équilibre entre l’assiette et le bois de la table; un briquet bleu et un Continuer la lectureautobiographie #08- Vide

autobiographies #07 | le panoptique

Connaissez-vous des gens qui ne ferment jamais les portes ? Ne les ferme pas à clé, c’est une chose ou ne les ferme pas du tout, jamais ! Une forme de confiance, d’inattention, de prévoyance et d’anticipation (toujours quelque chose à prendre dans le placard). Bien sûr, je connais aussi ceux qui ferment tout à double tour, portail, porte, haie, caméra et Continuer la lectureautobiographies #07 | le panoptique

#autobiographies #10 | elles sont prêtes

1937 Elle se rassoit. Elle dispose d’un peu de temps, là, entre deux. Elle s’assoit sur le lit. Elle pense foutu lit. Elle pense un lit à soi. Elle remonte ses bas. Elle ouvre le tiroir. Elle est déjà en retard. Elle prend l’allumette au fond de la petite boite. Elle allume sa cigarette. Elle fume lentement. Elle regarde la Continuer la lecture#autobiographies #10 | elles sont prêtes

autobiographies #08 | chez eux

La porte donnait sur un couloir ; l’odeur de meubles anciens, d’humidité, de livres et de poussières ; le froid était aussi là l’hiver, ce froid des intérieurs ; on venait du dehors frigorifié ; arrivé chez eux à l’abri du vent, on était saisi par ce froid différend ; comme  si la déception de ne pas arrivé dans un espace chauffé descendait encore plus Continuer la lectureautobiographies #08 | chez eux

autobiographies #07 | portes de couleur

On prenait le cent vingt-six, en bas. Le voyage durait peut-être trente minutes, ce temps me semble aujourd’hui avec mon regard d’adulte réaliste, à cette époque-là, il devait durer plus d’une heure. On descendait du bus, on traversait le square, les arbres, les arbustes, le gazon, le vert. On traversait le pont au-dessus du périphérique, on tournait. Au soixante et Continuer la lectureautobiographies #07 | portes de couleur