autobiographies #06 | une si longue nuit

On s’arrête pour la nuit. C’est la règle. Même les gars de la Légion étrangère qui poursuivent les orpailleurs, on la leur répète à chaque embarquement : on ne navigue pas la nuit ! La nuit c’est trop dangereux sur le fleuve, les arbres à la dérive, les paquets de lianes qui t’emmènent par le fond en se prenant dans l’embarcation Continuer la lectureautobiographies #06 | une si longue nuit

autobiographies #09 | ascendance

Puis ce fut à nouveau le silence et la nuit. La peur des bêtes nocturnes la poussa dans la gueule d’un souterrain où elle ne laissa pas ses yeux s’acclimater à l’obscurité dans laquelle pendait par les pattes trois dizaines de chauve-souris mais se précipita au fond du boyau de pierres humides. Ses doigts devinèrent une porte dont elle secoua Continuer la lectureautobiographies #09 | ascendance

autobiographies #10 | regards

Elle est dans la maison. Elle ramasse un magazine. Elle tourne les pages, elle cherche son horoscope. Elle a grandi, Elle a vieilli, elle regarde la date, 7 juillet 1966. Elle avait l’âge où on est curieux de son avenir. Elle fixe les toiles d’araignées au plafond, elle suit les fils, elle s’égare et recommence. Elle perçoit au loin l’aboiement Continuer la lectureautobiographies #10 | regards

autobiographies #10 | ELLE n’a pas choisi

Elle est née, elle n’a pas choisi. Elle écrit sur deux carnets, celui-ci et un autre pour raconter d’autres endroits à un autre endroit. Les portes coulissantes s’ouvrent sur les ombres des passagers. Elle regarde le faux carrelage qui brille comme un lac gelé, les valises glissent en patinage artistique. Elle a du mal à retrouver sa chaleur, fatigue d’une Continuer la lectureautobiographies #10 | ELLE n’a pas choisi

autobiographies #08 | Trois lieux, cent-quarante-huit points-virgules

tout d’abord, c’était une odeur ; une forte odeur de camphre ; une odeur prégnante, autoritaire, dictatoriale ; une odeur qui prend les narines à l’abordage sans aucun espoir de répit ; une odeur imposante qui acceptait néanmoins quelques accompagnements selon le moment du dimanche après-midi ; entre 14h30 et 15 heures, c’était celui de la colle du sparadrap ; Continuer la lectureautobiographies #08 | Trois lieux, cent-quarante-huit points-virgules

#autobiographies #10 | juste une matinée.

Elle se réveille. Elle pose ses petits pieds sur le sol froid.Elle pose son visage contre la vitre.Elle souffle avec sa bouche. Elle fait de la buée.Elle regarde dehors.Elle tient son doudou serré contre elle.Elle voit un petit chien marcher.Elle lui fait signe de la main.Elle appelle « maman «. Elle attend.Elle sent la main de sa maman se poser sur sa tête Elle Continuer la lecture#autobiographies #10 | juste une matinée.

autobiographies #07 | «Ouvre la porte.» El gato negro.

En fait je n’aime pas les portes, j’aime ce qu’il y a derrière. Mais il faut l’ouvrir d’abord! Devant la porte de la cave, tous ensemble, la sirène vient de donner l’alerte. Juste comme il va l’ouvrir, le panneau du bas saute, premier souvenir à quatre ans de ce panneau devant nos pieds .La porte d’entrée des grands-parents, le heurtoir Continuer la lectureautobiographies #07 | «Ouvre la porte.» El gato negro.

autobiographies #09 | vol de nuit

de l’épaisseur du silence surgissent des formes imprévues, et la nuit en rajoute encore à l’indécision et à la crainte de s’engager dans ces passages ignorés au ras de petits squares mal fréquentés, ces venelles, ces courettes nichées à l’intérieur des bâtiments, ces avant-toits protégeant des portes, ces couloirs étroits mal éclairés sur lesquels s’ouvrent d’autres portes derrière lesquelles il Continuer la lectureautobiographies #09 | vol de nuit

autobiographie #03⎜Est-ce que… ?

Est-ce que ce sont des fruits ou juste leur écorce qui pendent en grappes aux branches défeuillées ? Est-ce qu’ils sont morts ou secs ? Et qu’est-ce que fait une graine au contact d’un trottoir ? Noir, brun et gris foncé, grappes accrochées aux branches anguleuses que l’hiver a rendu visibles, grappes constituées chacune d’une vingtaine au moins de petits Continuer la lectureautobiographie #03⎜Est-ce que… ?

Autobiographie #9 / Entendez-vous ?

Entendez-vous ? Quand il me prend dans ces bras, qu’il me parle tout bas, je vois la vie en rose ; je l’entends chanter, elle est dans la cuisine, près du poêle à charbon, je sens le pain perdu, elle chante une chanson de Piaf, elle chante bien, posé sur la table en formica imitation bois, ses ustensiles, le saladier dans lequel Continuer la lectureAutobiographie #9 / Entendez-vous ?