autobiographies #07 | trois portes (pour commencer)

La porte de l’appartement HLM orange. L’ouvrir et la refermer précautionneusement, sans faire de bruit. Il y avait sans doute la porte de l’immeuble aussi. A ouvrir. Une porte lourde qui se refermait sous propre son poids dans un léger claquement net et sans bavure. Probablement. Cette porte-là, je ne la sais plus. En revanche, je me souviens de la Continuer la lectureautobiographies #07 | trois portes (pour commencer)

autobiographies #01 | trois fenêtres

Une femme, une cigarette, l’empilement des balcons et la peinture saumon ternie par les années, un train passe en-dessous, il sifflera à l’orée du bois, arbres nus, vacillants, un platane solitaire, une bande montagneuse qu’on ne devine que l’hiver, un creux dans l’horizon, un peu de ciel avant le brouillard, le jardin d’en face, la Sainte Vierge dans sa grotte Continuer la lectureautobiographies #01 | trois fenêtres

#10 autobiographies – 8 1/2

Les bulldozers, les pelleteuses, la maison est détruite : il ne reste rien. Automne 2021, elle regarde sur Google Earth, le petit terrain de Villa Bellevue – Salé Plateau, des potiers, elle repasse par la cuisine, caresse les casseroles en cuivre, retourne dans le salon bleu à la voute, s’étend sur le divan bleu du salon interdit, tiens, la DS remonte, Continuer la lecture#10 autobiographies – 8 1/2

autobiographies #10 | élingue

Elle a bien retenu l’appellation. Elle pourrait en avoir faim. Elle en a plutôt mal à la tête. Elle n’y regarde pas de trop près. Elle sent la peinture fraîche. Elle tente de se rassurer. Elle sait bien dire fenestron, avec la bonne prononciation, et l’écrire aussi, avec cette graphie qui ne se devine pas forcément. Elle pense aux arbres. Continuer la lectureautobiographies #10 | élingue

autobiographies #09 | en suivant les silences

Dans la chambre habituelle, ancien grenier boisé, il dort peut-être, impose sa forme au plaid orange, son corps vallonné vibre à peine, son visage esquissé dans les plis sombres des draps fleuris fait face à la porte qu’on ouvre pieds nus sur le carrelage humide, les marches épuisées déboulent dans un habitacle mansardé moquette tendre, les affiches tiennent les murs, Continuer la lectureautobiographies #09 | en suivant les silences

autobiographies #09 | le chemin du matin

Elle quitta son appartement encore plongé dans l’obscurité maninale pour s’engoufrer dans l’escalier abscons. Seule une lumière crue, empêchait de dégringoler, de tomber aspiré dans ce puits sans fond. Mais elle connaissait cet escalier par coeur, la plante des orteils, connaissant l’angle exact de chaque marche, de chaque virage. Son pied effleurait le sol, volait d’une marche à l’autre, évitant Continuer la lectureautobiographies #09 | le chemin du matin

autobiographies #10 | elle attend

Un rayon de lumière ; horizon ; elle attend ; le visage tourné vers la fenêtre ; elle distingue du gris : des bâtiments ; un peu de vert : un arbre. Elle a été posée là dans son fauteuil ; après la toilette. Toilette rapide ; gant mouillé, change de protection ; une tentative de confort. Elle attend. Elle Continuer la lectureautobiographies #10 | elle attend

autobiographies #10 | elles vagabondent

Elle avale la dernière gorgée de café. Elle dépose la tasse blanche dans l’évier. Elle observe le ciel bleu. Elle arrose les plantes posées sur l’étagère. Elle caresse le chat. Elle passe sa main dans ses cheveux blancs. Elle regarde l’heure à la comtoise. Elle ne sait pas ce qu’elle cuisinera ce soir. Elle nettoie la toile cirée aux motifs Continuer la lectureautobiographies #10 | elles vagabondent

autobiographies #10 | générations

Elle a poussé une chaise jusque sous le placard. Elle a grimpé sur le premier barreau. Elle s’est mise à genoux sur le siège. Elle s’est redressée doucement, en faisant bien attention. Elle n’a pas pu ouvrir la porte. Elle était trop près. Elle est redescendue. Elle a reculé un peu la chaise. Elle a recommencé la série de gestes. Continuer la lectureautobiographies #10 | générations

autobiographies #10 | il fait nuit sur la langue

(Elle vit à Arcey, dans le Marais poitevin. Elle monte un matin sur l’échelle dans le jardin, et elle fait une chute. Elle perd conscience. Elle reste couchée par terre des heures, la nuit entière.) Elle dit six mille. Elle a froid. Elle compte. Elle ne sait pas combien de temps. Elle sent la maison penchée sur elle. Elle ne Continuer la lectureautobiographies #10 | il fait nuit sur la langue