autobiographies #11 | Des parures de belette

Elle n’avait pas beaucoup de toilettes, la belette. Elle préférait les bijoux et les vestes en vison aux grandes toilettes des soirées de la préfète. Dans son petit village, un manteau en vison pour cette femme toujours jeune dans les années 50, ça détonnait sur le marché hebdomadaire de Brou, entre deux paniers de légumes et des cages à lapins Continuer la lectureautobiographies #11 | Des parures de belette

autobiographies #11 | ça commence comme ça

Commode petite chambre, premier tiroir. Brassière en coton perlé, douce au toucher, on imagine l’enfant, on imagine la peau de l’enfant, on imagine la main qui a cousu sans trembler le premier vêtement de l’enfant, on imagine l’aller retour de l’aiguille argentée, le fil de soie pour l’enfant-roi, l’œuf en bois glissé dans l’étroitesse de la manche, simple rectangle de Continuer la lectureautobiographies #11 | ça commence comme ça

autobiographies #11 | étoffes

probablement un jour de semaine, une lumière assez douce qui glisse entre les pommiers et pénètre la cuisine par la porte-fenêtre au rideau repoussé, une heure parfaite pour les travaux de couture / elle est en train – enfants à l’école sans doute –, coupon de tissu déployé autour d’elle si bien qu’on ne distingue pas le tissu de la Continuer la lectureautobiographies #11 | étoffes

autobiographies #10 | à l’ombre

Elle regarde sans rien voir depuis sa fenêtre ; elle feint de ne pas voir les regards posés sur elle; elle entrevoit à peine les regards jetés vers elle depuis la cour; elle voit les mêmes tous les jours, sans les connaître ; elle n’a aucun salut ou geste de la main pour elles ; elles ne savent pas qu’elle Continuer la lectureautobiographies #10 | à l’ombre

autobiographies #11 | 4 filatures

La fine cordelière de velours sombre -gris ou bronze ou safran- nichée dans les cheveux, entoure l’ovale du visage qu’elle structure et redouble. Comme une douce discrétion à hauteur d’yeux amoindrissant le fort impact des pupilles. Toujours, un châle laineux posé négligemment sur les épaules en toute saison. Comme une peluche qu’il faudrait trimballer partout. Joues rosées comme celles d’une Continuer la lectureautobiographies #11 | 4 filatures

autobiographies #11 | une photo ratée

À première vue, l’image est difforme. Du noir et du blanc seulement. Du noir plutôt gris et du blanc un peu jaunâtre. Un tirage photo, papier glacé, petites marges sur l’extérieur. À première vue, ce n’est qu’un papier cartonné survivant d’un processus chimique complexe mais révélant une large tâche finement ciselée. À première vue, ce n’est qu’une tâche. Une image Continuer la lectureautobiographies #11 | une photo ratée

autobiographies #10 #11 – Esther

Elle ne marche pas vite. Elle traine un peu ses chaussons sur la moquette. Elle contourne les obstacles sa main appuyée sur son parapluie noir de la main droite. Elle tire avec son bras gauche la personne à côté d’elle qui lui prête assistance. Elle porte une veste noire et dessous elle est vêtue de blanc écru. Elle a choisi Continuer la lectureautobiographies #10 #11 – Esther

autobiographies #09 | double-fond

Courant le plus vite possible dans les escaliers de velours pour aller vérifier au deuxième étage du grand magasin, les boites insolentes et prétentieuses, zébrées de strass, leur empilement irrésistible, l’objet de ma convoitise bien en vue. Puis disparition et oubli. Les lampadaires chauffent le boulevard. Mes yeux presque à hauteur de vitre m’offrent la perspective du ciel. Succession d’ombres Continuer la lectureautobiographies #09 | double-fond

autobiographies #11 | manières (d’êtres habillés)

Les trois stylos de la poche poitrine, une tache d’encre marque la couture inférieure ; la veste en lainage anglais« Old style » sur la chemise jean délavée. La pointe rouge d’une décoration, comme un pins, au revers du col; le velours alezan brun roux clair du pantalon, les tennis —11 taille américaine— avec l’accroc qui s’effiloche à la pointe du pied droit, Continuer la lectureautobiographies #11 | manières (d’êtres habillés)

autobiographies #07 | trois portes (pour commencer)

La porte de l’appartement HLM orange. L’ouvrir et la refermer précautionneusement, sans faire de bruit. Il y avait sans doute la porte de l’immeuble aussi. A ouvrir. Une porte lourde qui se refermait sous propre son poids dans un léger claquement net et sans bavure. Probablement. Cette porte-là, je ne la sais plus. En revanche, je me souviens de la Continuer la lectureautobiographies #07 | trois portes (pour commencer)