autobiographies #11 | de l’allure

Je suis plus sensible aux silhouettes et aux démarches qu’aux visages. Au point souvent de prendre une personne pour une autre, ayant cru la reconnaître à sa silhouette ou à sa démarche. Une silhouette, le port de tête, la tenue des épaules, la souplesse du tomber des bras, la courbure du dos, la longueur des jambes, la mobilité des hanches, Continuer la lectureautobiographies #11 | de l’allure

autobiographies #04 | 8805 Girardin

SAINT- LÉONARD Plongée dans l’inconnu.  Un continent inconnu, une ville inconnue, une famille inconnue. 8805, un numéro comme on n’en trouvait jamais en France. Les questions que pose cette adresse, précieux sésame, papier rangé près de mon passeport.  Une rue sans fin ? Combien de temps pour la parcourir ?  Je débarque après avoir survolé de nuit l’Atlantique. La Manche, Continuer la lectureautobiographies #04 | 8805 Girardin

autobiographies #04 | les lieux

On prend l’autobus pour s’y rendre. Rester sur la plate-forme, aspirer le vent, voir défiler les immeubles en pierre blanche parfois sculptés. J’aurais voulu comme le contrôleur tirer sur la chaine pour diriger la montée et la descente des passagers.  Les derniers autobus à plate-forme disparaissent le 23 janvier 1971. Leur suppression a été décidée pour des raisons de sécurité Continuer la lectureautobiographies #04 | les lieux

autobiographies #03 | autoportrait d’un homme-arbre

Ma mère ne m’a pas mis au monde. Je suis sorti de son ventre, évidemment, elle m’a allaité, materné, aimé, mais elle ne m’a pas mis au monde. Elle m’a donné tout ce qu’un petit être humain peut attendre, les clefs et autres outils pour construire ma vie, pour grandir, pour que je trouve ma place dans cet univers, mais Continuer la lectureautobiographies #03 | autoportrait d’un homme-arbre

autobiographies #11 |Cinq silhouettes

C’est toujours la silhouette de Léon Blum, ou du moins sa représentation sculptée de la place Voltaire qui s’impose. À cause de ce grand et gros manteau à chevrons qui transformait son corps en un long cône solide, comme si dessous le corps était conique lui aussi et remplissait toute l’ampleur et la longueur du manteau dépourvu de plis, sans Continuer la lectureautobiographies #11 |Cinq silhouettes

autobiographies #11 | Louise

Ongles parfaits, limés, sertis comme camés au bout des doigts, résille des veines bleues sur les mains sarmenteuses — mais d’une douceur sèche, et tièdes comme le sont les oiseaux — qu’elle glisse pour la sortie avec la perfection de l’habitude dans les gants de pécari. Sur l’auréole blanche de ses cheveux soyeux, elle coiffe le chapeau de castor qui Continuer la lectureautobiographies #11 | Louise

autobiographies #11 | une robe noire

Une robe noire en grosse toile de coton, épaisse, râpeuse. D’un noir indécis, délavé par le soleil, les lessives, les frottements, à la pointe des coudes surtout, presque bleue sur les cuisses, là où reposent les mains. Le haut ressemble à une chemise. Une échelle de boutons, tous fermés, grimpe jusqu’au col. Sous la toile, on devine des seins affaissés Continuer la lectureautobiographies #11 | une robe noire

autobiographies #07 | l’âme d’une porte

C’est la plus ancienne qui s’ouvre dans la mémoire : la porte de l’allée de la maison de trois étages – on n’employait jamais le mot immeuble – , cette vieille maison aux pierres grises qui attire toujours mes pas. La porte était haute et lourde à pousser, une grosse poignée ronde pour actionner l’ouverture, mais dans la journée elle était Continuer la lectureautobiographies #07 | l’âme d’une porte

#autobiographies #08 | Levers

dans : les ronflements de la circulation ; dans les murs en pierre apparente ; les paquets d’eau dans les faisceaux des lampadaires ; des phares ; les rafales du vent ; dans l’éclairage led des jardins ; à détection de mouvement ; à déclenchement et extinction automatiques ; les jardins vides ; l’éclairement orangé des voies ; le regard Continuer la lecture#autobiographies #08 | Levers

autobiographies #10 | elles

Elle est assise sur le tabouret, dans le recoin, entre le mur du fond, l’armoire et le piano; elle ne se lève pas quand l’élève entre dans la pièce; elle l’accueille d’un « bonjour petite, comment vas-tu ? »; elle attend qu’elle s’installe; elle lui prend son carnet; elle le feuillette, elle s’arrête à la page du dernier cours; elle lui demande Continuer la lectureautobiographies #10 | elles