autobiographies #10 | Elle, le temps (1)

Elle est assise sur le fauteuil en simili cuir. Elle porte un pull en cachemire bouloché sous les bras, une jupe mi longue en laine grise, des bas beiges, des charentaises. L’Indépendant est plié sur ses cuisses: Bruno, policier à Perpignan et Gilet Jaune au Boulou – La Méditerranée étouffe sous les déchets plastiques – Rivesaltes: un chat enfermé depuis Continuer la lectureautobiographies #10 | Elle, le temps (1)

autobiographies #11 | Neuf lhouettes

Salopette de velour marron, stylos dans la poche de poitrine. Un short douteux, un béret basque, un mégot au bec. Bleu de Chine, grosse chaîne en or, sbacca. Bleu de chauffe usé, une main de menuisier, quatre doigts. Bonnet de laine, carré de soie. Murphy technique, pieds nus dans ses chaussures de pont. A la ceinture ou sur l’épaule, banane Continuer la lectureautobiographies #11 | Neuf lhouettes

autobiographies #11 | un uniforme

deux rapaces ailes déployées spiralent dans une ascendance thermique. du bleu du bleu signe de ralliement d’hommes de loin la mer l’air. complicité masculine complicité de héros rêve de prestige de protéger de défendre être beau tous pareils beauté de corps. qui l’a vraiment voulu ? peau bleue d’opportunité, d’être de quelque part, peau de la fraternité, apparence de famille. Continuer la lectureautobiographies #11 | un uniforme

autobiographies #02 | gens d’en face

Il passe, tire sa petite valise à roulettes sur le trottoir d’en face, marche lentement, courbé, c’est un homme âgé désormais, un vieux garçon qui passe, tirant sa petite valise à roulettes, marchant lentement, courbé, chaque jour un peu plus courbé, le vieux garçon qui passe, allant prendre le thé chez son frère, il passe, le vieux, il tire sa Continuer la lectureautobiographies #02 | gens d’en face

autobiographies #11 | quelquefois démodés

Rouge du présent, rouge du passé, le châle de tous les instants, celui des retrouvailles à la fraîcheur de la nuit tombée, posé sur ses épaules, allongé sur ses jambes, il voyage avec elle toujours. Transparente, quand elle marche on devine sa silhouette longiligne, la robe en lin blanc virevolte, aérienne elle va s’envoler. Dans le tiroir de velours les Continuer la lectureautobiographies #11 | quelquefois démodés

autobiographies #11 | dressing

La chambre parentale n’est plus qu’un cube sans vie, sur les murs les traces laissées par l’accrochage de tableaux, sinon rien. Reste à vider quelques vêtements oubliés dans le dressing. Une corvée. De Lui Une veste d’intérieur fantôme sur cintre dans ses poches des mouchoirs en papier en boule un briquet en or signé Dupont son briquet une flamme encore Continuer la lectureautobiographies #11 | dressing

autobiographies #06 | 546 d’indifférence

Un avant, un après ; tu tombes de sommeil, enroulé autour, un sac, ton manteau, tes chaussures coincées, bordées ; sur, sous, autour ; puis l’impossibilité de tordre la lumière ; longtemps la résistance ; dormir appel la légèreté ; une nuit, tu succombes ; sur les bancs publics la nuit on meurt ; le froid saisit, remplit les recoins Continuer la lectureautobiographies #06 | 546 d’indifférence

autobiographies #11 | le feutre

le feutre était ce matériau conducteur et épais comme le silence sous le feutre qui conduit la chaleur vers un corps-pierre refroidi durci affaibli à l’écoute pourtant d’un battement un son diffus et gris anthracite grinçant parfois au toucher plus beau bref à regarder entendre sentir ou avaler de manière presque liquide ce serait du miel lui qui peut amortir Continuer la lectureautobiographies #11 | le feutre

autobiographies #10 | elle écoutait

elle écoutait le silence dans le compartiment du train entrecoupé de respirations (tantôt faibles tantôt marquées, plates ou rondes), de toux, de rires exubérants ou discrets et même parfois de pleurs ; à leur contact, elle écoutait son corps dont le souffle, la transpiration, le flux énergétique changeaient incroyablement en d’infimes vibrations, variations ; elle rapprochait les sons qui se ressemblaient Continuer la lectureautobiographies #10 | elle écoutait

autobiographies #08 | un lieu, quatre espaces

C’est dans une chambre très sombre ; une chambre où il y a eu une morte ; elle est morte dans cette chambre ; alors ça sent la mort ; elle était vieille ; on aura beau ouvrir la fenêtre, ça sentira toujours la mort ; et les enfants contraints de dormir dans cette chambre ; faut bien caser tout Continuer la lectureautobiographies #08 | un lieu, quatre espaces