autobiographies #14 | flot brutal

à feuilleter l’album aux images sépia bien classées ou déposées en vrac entre les pages, il y a comme des suspens, des trous, des vides, les mêmes insérés dans le maillage de nos vies minuscules la petite maison aux volets bleus qu’ils habitaient après leur mariage dans la rue des Tulipes les falaises de schistes gris argent, aplomb vertigineux par endroits Continuer la lectureautobiographies #14 | flot brutal

autobiographies #12 | la réserve

Il régnait un chaos ordonné dans la librairie ce matin, comme si le vent s’y était infiltré et avait déplacé ce qui était rangé sur les tables. La cafetière ronronnait dans l’arrière-boutique, emplissant l’espace de son odeur chaleureuse. Des piles de livres avaient disparues, d’autres attendaient par terre. Des livres, parfois abandonnés loin de leur lieu d’origine, erraient solitaires, on Continuer la lectureautobiographies #12 | la réserve

autobiographies #13 | pas morte

Je suis un accident. Pas morte en grandissant dans un ventre qui me refuse, pas morte à trois ans d’une fièvre qui me condamne, pas morte à dix-huit ans quand un foetus inerte blanc bleu s’abat sur la table de la cuisine, gicle, pas morte à vingt ans quand il m’annonce Madame c’est votre visage ou l’enfant, pas morte à Continuer la lectureautobiographies #13 | pas morte

autobiographies #12 | ton tiroir, ma boîte, notre tente

J’ouvre le tiroir sous le lit, celui où tu ranges tes vêtements de travail : 1 Jean délavé démodé; 2 pantalons « bleu de travail » dont un avec une bande jaune sur le côté; 1 Tee-shirt à l’effigie du groupe Deep Purple que tu as dû acheter dans les années 80, au stand d’un concert ou dans un festival; 7 tee-shirts Continuer la lectureautobiographies #12 | ton tiroir, ma boîte, notre tente

autobiographies #14 | et c’est bien

des montagnes d’ordures sur les trottoirs les feux épars (chasse aux rats ou feux de joie) de gens qui chantent en se tenant la main sous le métro aérien une mine sans charbon ni or de grandes pièces de bœuf à dos d’homme qu’on hale  les caniches et les chevaux dans le trou qui fait cirque en attendant  les bulldozers Continuer la lectureautobiographies #14 | et c’est bien

autobiographies #14 | quelques instants

Grands rouleaux d’océan à Nauzan, petit bout de plage à Saint-Palais, châteaux de sable et gros pâtés. Un jeu d’échec géant à Salzbourg et des chocolats Mozart après la visite de l’appartement où Mozart est né Des moutons, des murets et beaucoup de vert dans cette colonie de vacances en Angleterre, à Ilam dans une auberge de jeunesse, avec des Continuer la lectureautobiographies #14 | quelques instants

autobiographies #13 | elle et elle.

Je suis là, jour de grand vent, avec les corbeaux qui tournent dans le gris de l’hiver. Il parait que leur intelligence est une des plus développées. Ils ne nichent pas dans son arbre à elle ; trop exposé en bordure du plateau. Ils ont leur abri plus loin, dans la densité des grands bois. Son arbre, il avait décidé de le Continuer la lectureautobiographies #13 | elle et elle.

autobiographies #11 | en studio

Il est de dos, assis sur une chaise de bureau matelassée de couleur rouge. Devant lui, deux écrans et un clavier sont posés sur une planche et deux traiteaux de bois. Entre les cables, quelques stylos, un carnet noir, un bloc note et de la poussière. A ses pieds, un chauffage d’appoint, un seau en guise de poubelle et plusieurs Continuer la lectureautobiographies #11 | en studio

autobiographies #13 | manqué

Indomptable, ça commence là. Je m’empare des ciseaux et je coupe — Jeanne Poulbot— les nattes tombent; une frange en biseau barre mon front. Pas plus fille que garçon: Moi. « Garçon manqué », s’ils veulent dire comme ça… J’ai huit ans, je lui crie: va voir ta pute. Je l’ai crié quand il partait. Les soirs il ferme la porte derrière Continuer la lectureautobiographies #13 | manqué

autobiographies #09 | De la rue du faubourg Poissonnière à la rue d’Alésia

Elle et son frère habitaient rue du faubourg poissonnière au sixième étage; un grand appartement mansardé qui donnait sur le métro aérien. L’immeuble cernait une cour rectangulaire; trois entrées à trois escaliers. L’entrée principale pourvue d’un ascenseur se trouvait, après qu’on eut franchi la large entrée dallée, sur la gauche de la loge de la gardienne — concierge; disait-on ces Continuer la lectureautobiographies #09 | De la rue du faubourg Poissonnière à la rue d’Alésia