autobiographies #03 | Chercher l’arbre

« Arbre ». Je me souviens que je détestais ce mot. Pas les arbres, le mot. Les arbres, je ne pouvais pas les détester, je ne savais pas ce que c’était. De chez mes parents à l’école, il n’y en avait pas. J’en voyais dans mes livres de classe. Ils n’avaient pas d’odeur, pas de forme, pas de nom. Ils étaient tous Continuer la lectureautobiographies #03 | Chercher l’arbre

autobiographies #03 | à l’image du pin

D’immenses troncs rectilignes qui barrent la vue. On renverse sa tête en arrière pour entevoir un peu de vert. Le sol sablonneux couleur terre, les aiguilles formant un tapis, moelleux et piquant à la fois. Le craquement quand on marche sur la branche morte qui a osé faire le saut dans le vide. C’est aussi le parfum des marches d’été Continuer la lectureautobiographies #03 | à l’image du pin

autobiographies #03 | à deux

L’arbre – son nom – sa famille – son espèce et alors tous mêmes feuilles rondes avec ce double renflement du pourtour en face à face et chacune partant de la tige avec sa sœur en parfaite symétrie – eucalyptus – son essence – son huile essentielle et les guérisons possibles – repas préféré des chèvres – sa place –  Continuer la lectureautobiographies #03 | à deux

autobiographies #03 | je ne suis pas un arbre

Le Popol Vuh raconte qu’Huracan fit exister la lumière puis la terre alors que les Fondateurs venaient de créer entre ciel et mer l’humain, l’arbre, la liane. Pulsants, grimpants, sans relâche en mouvement ascendant ils relièrent le bas et le haut, n’étaient ni l’un ni l’autre tout en étant l’un et l’autre: et, ni, et, ni, et, ni… dans ce Continuer la lectureautobiographies #03 | je ne suis pas un arbre

autobiographies #03 | tilleul

Le boulevard bute sur la dernière maison, n° 38. Un cul de sac. Derrière elle, la colline, des prés, deux fermes. Le portail grince. Une haie de lauriers roses et la masse du tilleul, luxuriant. Celui qui m’a accueillie toute mon enfance. Un arbre-ami qui m’offrait sa fraîcheur. Je me réfugiais dans le nid des ses branches-maitresses quand des visiteurs Continuer la lectureautobiographies #03 | tilleul

autobiographies #03 |  medecine tree

Je l’ai découvert par hasard, un soir d’été, de retour de Normandie, dans une pâture en bordure de route. Moult oripeaux de pièces multicolores habillaient sa silhouette chenue ornées de branches griffues et décharnées. M’approchant de cet ensemble disparate, je vis au pied de cet arbre, un dépôt hétéroclite de loques, bottes, bonnets et gants. Il me vint à l’idée Continuer la lectureautobiographies #03 |  medecine tree

A#3 | marronnier penché

Il est un grand marronnier séparant deux propriétés, à la jonction de deux terrains, et principalement du côté des voisins arrivés en second. Il est penché et borde une longue allée. Ce marronnier est immense, il faut l’élaguer, jamais d’accord sur qui doit payer, les premiers qui profitent de sa large ramure où les seconds qui accueillent son tronc, sans Continuer la lectureA#3 | marronnier penché

autobiographies #03 | la sève, le sang, l’encre et l’abricotier

De sève, de sang ou d’encre – le fait est que c’est la vie qui pulse sous l’écorce et la peau et la main ; le sang des corps et l’encre des mots les connaissent ces humeurs cycliques, ces prometteuses sorties d’hibernation, ces éveils enthousiastes, leur vigueur printanière sapée par des couloirs de froid, des courants gentiment somnifères annonçant la condamnation… Continuer la lectureautobiographies #03 | la sève, le sang, l’encre et l’abricotier

autobiographies #03 | l’être

As-tu aperçu arbre de ma fenêtre l’enfant que j’étais ? Tout en haut de la maison, là où ta cime pouvait être contemplé. M’as-tu parlé un jour ? As-tu seulement été attentif à mon existence ? Toi, sans affects, ni pensées.  Rappelle- toi, dans les jours de grands vents, j’ai frémi que tu tombes, mais solide, tu restais. Adolescente, sur tes racines, de mes pas incertains, je trébuchais. Continuer la lectureautobiographies #03 | l’être

autobiographies #03 | toi le pêcher

Tu es né en Bourgogne au début des années 2000. Saint-Sauveur, le village où la mère Sidonie s’est tant émerveillée, est voisin de celui où tu as germé. Pour autant, celle qui t’a vu sortir de son lopin ne s’est pas exclamée — ô merveille du jour, un pêcher  ! Non. Elle a aussitôt pensé à te mettre en pot, pour Continuer la lectureautobiographies #03 | toi le pêcher