#anthologie #38 | ma première fois

C’était une première fois. Du moins en considérant les choses du point de vue de cette existence-ci. À table, un soir, quel jour de la semaine, cela aurait pu être n’importe quel jour de la semaine. Certain que nous étions un samedi soir. C’était chez les grands parents. Nous dînions et le grand-père a dû raconter une de ses blagues Continuer la lecture#anthologie #38 | ma première fois

#anthologie #39 | liste des listes pour quand on pourra

« Il s’est donné une règle de vie : n’avoir que ce qu’il trouve, donc ne rien faire pour avoir, n’avoir cure d’obtenir (to get), de souci d’acquérir, mais seulement ramasser et rapporter chez lui les objets perdus, abandonnés, délaissés, jetés, qu’il découvre au hasard des rues de New York »Jean Bazin, « N’importe quoi », Des clous dans la Joconde, Anacharsis, 2008. On arrive en Continuer la lecture#anthologie #39 | liste des listes pour quand on pourra

#anthologie #38 | 29 juin 2015

je suis née un lundi le vingt-neuf juin deux mille quinze à vingt-trois heures ça s’est passé un 29 juin Le 29 juin 1900 la fondation Nobel est créée Le 29 juin 1949 le premier journal télévisé de la RTF inventé et imaginé par Pierre Sabbagh est diffusé en France Le 29 juin 1972 Boby Lapointe est mort ça lui Continuer la lecture#anthologie #38 | 29 juin 2015

#anthologie #39 | Noir, Nuits

Le noir dans Belfast, ignorant qu’il s’y déroulait une guerre et déroutés par la vision d’un char, récupérés par des militants nerveux, nous emmenant dans un appartement de tracts d’affiches roulées de taiseux de sacs de couchage et d’armes à feu. Le noir de Dublin, largués par une voiture sur une colline surplombant la ville, laquelle étale sa brume et Continuer la lecture#anthologie #39 | Noir, Nuits

#anthologie #39 | tentative de mou

Je m’habille de plus en plus mou. C’est la mode du mou. Du volatile, de l’aéré, du confortable. Du à l’aise. Bizarrement le sarouel, pourtant très mou, non, ça ne passe pas. N’a jamais et ne sera sûrement jamais (sinon l’aurait déjà été), à la mode. Par contre, le pantalon coupé large d’Uniqlo, oui. Le denim coupe baggy en jean Continuer la lecture#anthologie #39 | tentative de mou

#anthologie #39 | Toilettes publiques.

Les toilettes publiques pourraient former une très jolie collection. Je crois bien connaître toutes les toilettes de tous les endroits où je suis allée et je pense même me souvenir de mon premier pot bleu et de toutes les vasques sur lesquelles je me suis posée car en tant que grande buveuse d’eau, je me dois de toujours savoir où Continuer la lecture#anthologie #39 | Toilettes publiques.

#anthologie #39 | lieux et moment à l’odeur du temps

Je vis l’odeur du temps envahir mon esprit. Vous l’aurez compris, ni le nez ni aucun autre organe en particulier ne permet de saisir l’odeur du temps. Je pourrais dire que c’est une sensation, en sachant très bien qu’il n’est pas possible de déterminer d’où vient une sensation. Un souvenir ? Vaguement. Une certitude ? Imprécise, une certitude imprécise si cela veut Continuer la lecture#anthologie #39 | lieux et moment à l’odeur du temps

#anthologie #37 | Une inquiétante étrangeté

JE VIS des détritus flottant dans le reste d’ une eau croupie au fond d’une fontaine abandonnée mais je vis en même temps un très gros escargot sculpté au sommet du rocher que j’imagine jadis immergé au trois quart de sa hauteur dans les eaux claires du bassin. Ce jour-là, arpentant les salles du Musée archéologique de Naples, fort remuement Continuer la lecture#anthologie #37 | Une inquiétante étrangeté

#anthologie #37bis | Dans ma lorgnette bis

Je vis une pile de livres, la plus haute sur le plateau porté par deux tréteaux. Couverture blanche avec un à-plat rouge. Love story ! Ça ne pouvait pas mieux tomber, au bout d’une semaine, ils m’avaient demandé un papier, je ne sais plus lequel ; ce ne pouvait être un « extrait de naissance », comme on dit en raccourci, ils en avaient Continuer la lecture#anthologie #37bis | Dans ma lorgnette bis

#anthologie #38 | Plaider coupable

Un jour de juin, un homme est contraint de plaider coupable pour retrouver sa liberté et sort de mille neuf cent jours d’emprisonnement pour avoir, un matin, ou une nuit, quatorze ans plus tôt, décidé de mettre à l’air libre, respirable par tous, des milliards de mots qui avaient été volontairement enfermés, cadenassés, claquemurés, encellulés. Au même moment ou presque Continuer la lecture#anthologie #38 | Plaider coupable