#anthologie #28 | Quand tout le reste s’enfuit

– Elle lève les yeux au-dessus de son écran, sur la cloison, le Van Gogh. Carte postale délavée, bleu-vert huilé épais de la mer aux Sainte-Marie, un bateau dans le fond, un peu gîté, il avance bien, il doit y avoir du vent. Lumière claire, pas beaucoup d’ombres, ce doit être dans l’après-midi, il fait beau, brise thermique, sûrement. Une Continuer la lecture#anthologie #28 | Quand tout le reste s’enfuit

#anthologie #27 | Au commencement était…

#22Un homme descend du train. Sur le quai de la gare il cherche les pancartes, hésite. Il est jeune, solide, grosses bottes à semelles épaisses, col de la veste remonté sur la nuque, sac de marin sur l’épaule. Au tabac devant la gare, il achète un bloc de papier blanc, un timbre et une seule carte postale qu’il range soigneusement Continuer la lecture#anthologie #27 | Au commencement était…

#anthologie #26 | Sous la tente

Première nuit sous la tente depuis un bon moment. La dernière fois, tu vivais encore à la montagne, balade d’été avec des copains du club de ski de fond, tu ne devais même pas avoir quinze ans. Aujourd’hui, nouvelle nuit sous la tente. Chaussettes, bonnet, la tête dans la capuche bien douillette du duvet, tu n’as pas vraiment froid, pas Continuer la lecture#anthologie #26 | Sous la tente

#anthologie #25 | Odeurs

– L’odeur du poisson, poisson, frais, pas frais, cuit, mariné, avec des épices, avec des légumes, en papillotes, juste dire ça sent le poisson ne suffit pas, même pas pour dire si ça sent bon, si l’odeur est agréable ou pas. Et agréable ou pas, tant que le poisson n’est pas pourri, et où commence le pourri, la limite entre Continuer la lecture#anthologie #25 | Odeurs

#anthologie #39 | collection de grottes

Dans les grottes de Payerne, des assassins nazis avaient brûlé les vêtements du juif qu’ils avaient dépecé pour faire plaisir au Führer quand il arriverait. Nous allions nous y promener le dimanche quand nous n’allions pas aux kanes à Dzoliè ou aux grottes de la Madeleine, au-dessus du lac de Schiffenen, à même la falaise, après avoir franchi le pont Continuer la lecture#anthologie #39 | collection de grottes

#anthologie #10 | MAU

À dix ans, en sortie scolaire au théâtre de sa ville, il est émerveillé par Don César de Bazan. À vingt-cinq ans, son Bartholo donne la réplique au Figaro d’un célèbre acteur belge de l’époque. À dix-sept ans, il passe le balai dans les loges du Théâtre National de Bruxelles. Dès l’âge de 25 ans, Mau dessine un premier projet Continuer la lecture#anthologie #10 | MAU

#anthologie #36 | topos de l’accident

À 10 heures, la circulation sur l’autoroute est dense. Il fait chaud dans l’habitacle de la Twingo de R. Elle transpire à grosses gouttes. Elle écoute une série sur le mathématicien Grothendieck, espérant que l’abstraction passionnée de ce génie l’élève à des hauteurs moins fréquentées et des températures plus fraîches. Un panneau lumineux apparaît. Il indique qu’il faudra bientôt sortir Continuer la lecture#anthologie #36 | topos de l’accident

#anthologie #38 | ce jour-là

Dans les autres journaux, on n’avait pas parlé de Florida ce jour-là. On avait affirmé que Mme Thatcher était au pied du mur, on avait relaté un discours devant le Bundestag du chancelier Helmut Kohl , on avait écrit que le ministre de l’agriculture Michel Rocard s’était fait copieusement huer lors de l’Assemblée générale des producteurs de lait, que huit Continuer la lecture#anthologie #38 | ce jour-là

#anthologie #33 | chambre noire

Chambre noire. Murs plafond murs, porte fermée, rideaux tirés. Sol mat et silencieux. Le lit drap blanc, froissé blanc entre les marques repassées des pliures, froissé lissé défroissé. Long corps maigre d’adolescent à plat dos, jambes pliées, un oeil sous coque, l’autre ouvert dans l’obscurité. Chambre noire. Rideaux opaques pesant jusqu’au gris rapé de la moquette. Long corps tête immobile Continuer la lecture#anthologie #33 | chambre noire

#anthologie #39 | coup de téléphone à Séville

Tu aimais parler, tu as aimé téléphoner. 
Dès que possible, tu as fait installer le téléphone, dans le salon, sur une tablette en bois, face au trumeau, et ainsi tu pouvais te regarder en parlant. Ce reflet de toi auquel tu t’adressais, qui te renvoyait tes mimiques, t’est-il arrivé de la prendre pour l’autre? Ne plus savoir qui est soi qui est l’autre. T Continuer la lecture#anthologie #39 | coup de téléphone à Séville