#anthologie #37 | ponts et chaussées

Je vis un enfant de deux ans marcher seul sur un rond-point à Dehli. Dehli est une ville tentaculaire. Dès qu’on s’éloigne du centre, de larges autoroutes urbaines traversent tour à tour des quartiers d’habitation modernes, des bidonvilles, des friches sèches et sales que des promoteurs corrompus réservent à de futures opérations immobilières et puis quantité d’espaces interstitiels, remblais, arches Continuer la lecture#anthologie #37 | ponts et chaussées

#anthologie #02 | La maison cathédrale

#02 / La maison cathédrale Le paravent de papier de soie blanc encastré dans une ruche de petits rectangles de bois clair sur six panneaux est déplié en partie sur le parquet de même teinte. Cette cloison amovible qui sépare la chambre du salon est cependant comme raide et stoïque, de guingois adossée à la grande bibliothèque qui s’élève jusqu’au Continuer la lecture#anthologie #02 | La maison cathédrale

#anthologie #38 | manifs

Je suis allée ce matin à la manif, juste après avoir fait mes courses, le rendez-vous est toujours fixé à 11h30, ce qui permet à ceux qui ne sont pas en grève de participer au défilé sur leur temps de déjeuner.Je me souviens de toi, posté devant l’Intermarché, tu descendais dès que tu entendais les slogans et la musique ébranler Continuer la lecture#anthologie #38 | manifs

#anthologie #20 | entre toi et moi 

21X29,7 il te fallait bien ce format, un carton solide de ta présence rempli comme la certitude d’une beauté mystérieuse en blanc et noir, ton châle de prières pour « être bar-mitsvah » comme on dit 13 ans et en âge d’appliquer pleinement les commandements tu as le regard du conquérant sur un fond de mélancolie ou simplement le sérieux trop sérieux Continuer la lecture#anthologie #20 | entre toi et moi 

#anthologie #11 | ce glissement qui nous rapproche du reste.

Je ne sais pas si j’ai vraiment dormi si j’ai rêvé flotté Quelle sorte de sommeil en si peu de temps nous repose L’annonce de l’arrivée réveille ma voisine de droite Elle se redresse comme tirée d’une attente suspendue L’atterrissage est imminent après nos heures de temporalité incertaine Les lumières des cabines se rallument Fébrilité des passagers enfin autorisés à Continuer la lecture#anthologie #11 | ce glissement qui nous rapproche du reste.

#anthologie #16 | Dans le bureau de Madame la Directrice

Il dépose sa canne dans le porte-parapluie, accroche sa veste et sa casquette au porte-manteau, attrape le rebord de la chaise. Ses doigts s’y accrochent. Il n’a plus que la peau sur les os. Tout de lui annonce la mort jusqu’à l’extrême pâleur du bleu de ses yeux. Il tremble. Mais c’est elle face à lui qui se sent tout Continuer la lecture#anthologie #16 | Dans le bureau de Madame la Directrice

#anthologie #24 | s’assoupir

« Bizarre que ce soit à la fois si agréable et si facile de passer un après-midi étendu sur ces plages infinies (avec les traits bien marqués de l’horizon, du rivage et de la dune sur le ciel, c’est le paysage rêvé pour s’exercer au point de fuite). Je veux dire, le bord de mer pourrait grouiller de vermine ou Continuer la lecture#anthologie #24 | s’assoupir

#anthologie #23 | descente

Juste sous la surface, il y aurait une décharge de pellicules photographiques. On se sentirait tomber à travers la masse de boucles brunes, notre chute ralentie, mais jamais arrêtée. Des cris, des rires, des voix, des pleurs, des crissements de pneus, des coups de feu, des bruits d’amour se fondraient peu à peu dans un bruit blanc.Plus bas, on s’écraserait Continuer la lecture#anthologie #23 | descente

#anthologie #31 Kasischke

Je voulais vivre cent ans… Ne vous inquiétez pas ! Ma mort a été douce, même si elle n’était pas programmée comme ça. Je voulais vivre jusqu’à cent ans, connaître encore un peu plus ce monde qui ne m’a pourtant pas gâtée. Je ne suis pas née à la bonne époque. J’étais l’aînée de cinq enfants, peut-être même six, il y Continuer la lecture#anthologie #31 Kasischke

#anthologie #37 | escarpins rouges

JE VIS le bus ralentir, freiner et s’arrêter dans la nuit. Le paysage alentour paraissait sorti d’un cauchemar, rien ou si peu, quelques arbres déplumés dont les branches se tordaient à tel point qu’on pouvait entendre l’âme des torturés, abandonnés dans ce lieu sans limites. JE VIS monter dans le bus une jeune femme vêtue de rouge, sa robe ajustée Continuer la lecture#anthologie #37 | escarpins rouges