#anthologie #37 | prendre la route

JE VIS se froisser l’étendue bleue de la mer. Je la vis se tiédir et se peupler de méduses à longs filaments et d’algues empoisonnantes. Un jour je vis s’effondrer un pan de montagne sous l’effet des pluies diluviennes et courir la vague assassine, détruisant la vallée où je vivais. Je vis la panique dans les yeux ce jour-là. Je Continuer la lecture#anthologie #37 | prendre la route

#anthologie #36 #37 | Epaissir l’histoire de Léonie

1 – Au début de mes recherches sur la guerre de 14-18, et mes diverses tentatives pour écrire l’histoire de Léonie, je vis cette affiche. J’imagine alors en la voyant les émotions qui ont dû te traverser. Je savais que tu l’avais vue, elle était affichée dans toutes les mairies de France. Tu avais quatorze ans, stupeur, inquiétude, terreur t’ont Continuer la lecture#anthologie #36 #37 | Epaissir l’histoire de Léonie

#anthologie #37 | La première lettre

L’oncle Gelsino, il était chauffeur de bus. Des premiers bus. Il avait un pistolet, un petit pistolet. J’étais gamin. Il est parti en Amérique. Il est revenu. Il est parti en Argentine. Pendant quarante ans, il n’a plus écrit. On n’avait pas de téléphone à cette époque. Après la guerre, c’était en hiver, il y avait de la neige. On Continuer la lecture#anthologie #37 | La première lettre

#anthologie #37 | Une inquiétante étrangeté

JE VIS des détritus flottant dans le reste d’ une eau croupie au fond d’une fontaine abandonnée mais je vis en même temps un très gros escargot sculpté au sommet du rocher que j’imagine jadis immergé au trois quart de sa hauteur dans les eaux claires du bassin. Ce jour-là, arpentant les salles du Musée archéologique de Naples, fort remuement Continuer la lecture#anthologie #37 | Une inquiétante étrangeté

#anthologie #37bis | Dans ma lorgnette bis

Je vis une pile de livres, la plus haute sur le plateau porté par deux tréteaux. Couverture blanche avec un à-plat rouge. Love story ! Ça ne pouvait pas mieux tomber, au bout d’une semaine, ils m’avaient demandé un papier, je ne sais plus lequel ; ce ne pouvait être un « extrait de naissance », comme on dit en raccourci, ils en avaient Continuer la lecture#anthologie #37bis | Dans ma lorgnette bis

#anthologie #37 l Légendes

Karanlik Je vis cachée dans les montagnes d’Anatolie entre les monts escarpés et les forêts denses, la vallée perdue de Karanlik. On raconte qu’elle était autrefois habitée par un peuple mystérieux connu sous le nom de Göklerin Halki ou le peuple du ciel. Il avait résisté à un roi ambitieux venu des plaines avide de pouvoir et de richesse. Ses Continuer la lecture#anthologie #37 l Légendes

#anthologie #37 | on vivait entre.

On vit apparaître les premiers barrages. Milices et fusils au contrôle, sans autres choix que de s’arrêter, tendre nos cartes d’identité, répondre aux questions. Attendre derrière les vitres baissées des voitures, demander aux regards, on ne voyait que des yeux derrière les cagoules certains jours. On vit des routes se fermer, horizons raccourcis. Les habitants se replier chez eux comme Continuer la lecture#anthologie #37 | on vivait entre.

# anthologie # 37 | trois espèces de portes

Je vis ce que j’avais décidé de ne pas voir. J’étais partie à pied, dans l’espoir de me perdre un peu, pour mieux me retrouver et je pensais être arrivée à mes fins. La ville étrangère faisait de moi ce qu’elle voulait et c’est ce que je cherchais. J’avais échappé aux trajets fléchés, sans faire malgré tout l’économie de la Continuer la lecture# anthologie # 37 | trois espèces de portes

#anthologie #37 | Le petit chien blanc

JE VIS le petit chien blanc, un caniche entièrement frisé, trottiner en devançant  sa maîtresse de quelques mètres. Sur le chemin de halage j’avançais rapidement en marche nordique à l’aide de mes bâtons. Nous parlions peu avec ma compagne de promenade, concentrées sur le rythme de nos pas. Au retour nous avons vu le petit chien nageant au milieu du Continuer la lecture#anthologie #37 | Le petit chien blanc

#anthologie #37 | Secteurs thérapeutiques

Je vis un jour à l’hôpital Camille Claudel, une vieille femme très maigre, autour de 80 ans, qui marchait seule dans le couloir en chancelant, vêtue de sa robe de chambre tâchée. Elle s’avançait comme moi vers la salle à manger. Sur les tables, des barquettes en plastique, des couverts en plastique, des gobelets en plastique. Comme elle n’arrivait pas Continuer la lecture#anthologie #37 | Secteurs thérapeutiques