#anthologie #32 | fin du marché

À treize heures, le marché de la Libération touche à sa fin, et les marchands commencent à remballer leurs étals. Sur l’avenue Malausséna et la place Charles de Gaulle, les premiers comptoirs ferment. Au pied de l’esplanade de l’ancienne gare, enclavée entre les escaliers et les terrasses des cafés-restaurants, les commis poissonniers, le dos courbé, transportent les bacs de glace Continuer la lecture#anthologie #32 | fin du marché

#anthologie #32 | 11 mai 1981

La nuit a été courte, comme beaucoup d’autres je suis descendue dans la rue fêter la victoire de Mitterand, mais je me lève de bonne heure pour arriver tôt à l’atelier. C’est mon premier poste de technicienne, je travaille depuis trois mois dans une petite entreprise qui fait du câblage d’armoires électriques. On peut pointer entre 7h et 8h. A 7h15, je Continuer la lecture#anthologie #32 | 11 mai 1981

#anthologie #32 | un rouge

Dix-huit ans qu’elle a quitté son appartement dans la vieille ville, les ruelles pavées, la proximité de la cathédrale gothique, le petit plan et l’ombre des platanes, les arènes romaines, les porches obscurs, pour ce quartier plus récent, ce quartier familier pourtant, à deux rues de celle de son enfance. Ville où elle est née, ville où elle mourra probablement. Une sous-préfecture. Quatre-vingt mille habitants maintenant. Une ville rouge, comme le midi, comme son mari, comme le neveu, comme tous ici. Un rouge, elle dit à propos du mari. Pas communiste, pas de gauche, non, un rouge. Continuer la lecture#anthologie #32 | un rouge

#anthologie #32 | constat à B

B est une commune française de douze mille sept cent soixante-quinze habitants, ce qui ne tient pas le compte de ceux qui viennent de partout la voir en bus, en train, ou bien ils prennent l’avion et ensuite un taxi et vont doubler sur l’autoroute des campings cars, avec leurs vélos accrochés à l’arrière sous des autocollants de mustangs au Continuer la lecture#anthologie #32 | constat à B

#anthologie #32 | Leur reste-t-il de l’innocence ?

Des alarmes, des sirènes, des images en boucle. Un génocide en direct, la main sur les yeux pour ne pas voir, les doigts écartés scrutant l’horreur. De ma table de cuisine, j’aperçois la terrasse d’une voisine. Je la connais de vue depuis 20 ans. Nos enfants sont allés à la même école. Nous ne nous parlons pas, je ne fais Continuer la lecture#anthologie #32 | Leur reste-t-il de l’innocence ?

#anthologie #15 #32 #33 #34 #35 | Inconnu à cette adresse

#15 Où habitez-vous ?… Ce sont les noms propres qu’on perd en premier… L’autre jour , je me suis perdu dans le quartier… impossible de demander mon chemin. J’avais perdu mes mots …mais où habitez-vous ?…je ne savais plus le nom de ma rue… en fait… mon adresse … je ne connaissais plus mon adresse…je l’ai pourtant noter des milliards de fois…mais d’un coup… Continuer la lecture#anthologie #15 #32 #33 #34 #35 | Inconnu à cette adresse

#anthologie #32 | superposition d’images

Au sortir du métro encore deux cent mètres  il pleut c’est bien ma veine en veste légère et sans parapluie je courbe les épaules les pavés luisent sous le feu des vitrines éclairées Petit bonhomme vert je passe et laisse le Monoprix derrière moi les voitures font un bruit de salive caniveau rempli d’eau pieds trempés vitrine du magasin Clarks bardé Continuer la lecture#anthologie #32 | superposition d’images

#anthologie #32 | Le fait que pour avancer

Le fait que toi, Léonie D. te manifestes souvent depuis un moisLe fait que tu m’as parlé hierLe fait que ton personnage me hanteLe fait qu’il y a une dizaine d’années j’ai mené un travail plastique sur la guerre de 14-18Le fait que je suis née sur une terre, les Ardennes, fortement touchée par les deux guerres mondialesLe fait que Continuer la lecture#anthologie #32 | Le fait que pour avancer

#anthologies #32 l Oublier Istanbul

Le mouvement des corps quand l’agent donne le signal de se diriger vers la passerelle du vapur à Eminonu. Le mouvement des corps dans les rames de métro, dans les bus, dans les taxi où il faut être au moins 8. Le mouvement de mon corps quand je prends le taxi seule. Mon corps dans la ville, dans la chaleur, Continuer la lecture#anthologies #32 l Oublier Istanbul

#anthologie #32 | elle sur le banc

Texte à couturer avec les propositions #05 / #13 / #27 / #29 / #31 Elle est assise sur son banc. Toujours le même. A l’ombre des arbres. Elle y est bien quand il fait chaud. Et puis elle aime sentir les racines sous le béton renflé et fissuré. Elle est arrivée très tôt pour profiter de la fraicheur matinale, Continuer la lecture#anthologie #32 | elle sur le banc