#anthologie #39 et #40 | Carnet 40×50

« Quarante fois parler, quarante fois crier, quarante fois la page affichée collée punaisée mais qui dans ma cour fait le crochet qui dans la cour vient traverser sinon rapidement sinon dans l’ombre et se cachant : on prend des raccourcis par ma cour où sont mes pages, on passe vite dans la cour où je parle et je crie. » — « Formes d’une guerre » Continuer la lecture#anthologie #39 et #40 | Carnet 40×50

#anthologie #20 | Ah pourquoi Pepita

#20 | Ah pourquoi Pepita Je n’ai qu’une photo de toi. Tu as 27 ans, dans la fleur de l’âge comme on dit, mais la fleur est une digitale violette et vénéneuse ou un colchique de Guillaume Apollinaire. Tu es morte mais tu l’ignores, en ce moment précis de la photographie car, en effet cette photo qui te capture en Continuer la lecture#anthologie #20 | Ah pourquoi Pepita

#anthologie #20 | Sans titre de toi

en noir et blanc, rectangulaire, d’assez grand format, avec une bordure jaunie, la photo est sans doute restée pliée très longtemps, le pli est profond, je ne sais plus dans quelles circonstances elle est arrivée entre mes mains. Elle montre une jeune femme, assise sur une chaise, peut-être dans un café, ou bien dans une cuisine – il me semble Continuer la lecture#anthologie #20 | Sans titre de toi

#anthologie #20 | entre toi et moi 

21X29,7 il te fallait bien ce format, un carton solide de ta présence rempli comme la certitude d’une beauté mystérieuse en blanc et noir, ton châle de prières pour « être bar-mitsvah » comme on dit 13 ans et en âge d’appliquer pleinement les commandements tu as le regard du conquérant sur un fond de mélancolie ou simplement le sérieux trop sérieux Continuer la lecture#anthologie #20 | entre toi et moi 

#anthologie #20 | j’aurais dû te reconnaître

Je n’ai que six photos de toi… je ne sais pas pourquoi six et pas plus… tu es pourtant venue plus souvent que six étés. Tu as dû venir… tu n’es peut-être pas venue plus de six étés… tu ne te souviens pas… je ne me souviens pas très bien non plus… le visage de ta mère et le tien Continuer la lecture#anthologie #20 | j’aurais dû te reconnaître

#anthologie #20 | voiture à pédales

Il ne me reste plus que cette photo de toi, plus quelques autres, mais surtout celle-là. Elle était dans l’album, chez toi, à côté des K7. Tu es sur ta voiture à pédales, le bras dans le plâtre. Plus tard, tu me reprocherais de te l’avoir cassé. C’est certainement Jean-Louis qui a pris cette photo. Ou peut-être plutôt Christine. Qui Continuer la lecture#anthologie #20 | voiture à pédales

#anthologie #40 | Magasins généraux

Une femme opte pour un changement radical de carrière à l’approche de la cinquantaine. Elle rentre en apprentissage dans une station touristique où elle n’a pas remis les pieds depuis une trentaine d’années. Les éléments les plus prosaïques de son quotidien se combinent alors avec ceux du passé dans un jeu de compas. Les fantômes pèsent à peine plus qu’un souffle d’air et c’est une autre permanence dont elle fait l’expérience simple, face aux montagnes, le temps d’une saison.
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#anthologie #20 | Les neiges éternelles

Aucune trace des parents des parents des parents. Aucun souvenir. Ils ont habité dans cette maison du côté de Giovanni, et dans la maison en bas du côté de Teresa. Pas de photo d’eux, pas d’écrit, pas de date de naissance, pas de son de voix, pas de regard, pas d’histoire. Une vie de paysans des montagnes. Une pièce principale, Continuer la lecture#anthologie #20 | Les neiges éternelles

#anthologie #20 | Toi, ton sourire

Je ne manque pas de photos. De la famille au grand complet, de chacun de nous en portrait, toutes exposées sur le mur ou rangées dans un tiroir proche. De nos dimanches, de nos sorties, de nos vacances. Comme un symbole, celle que je vois immédiatement aujourd’hui, c’est la photo de toi affichée près du téléphone. Tellement vivante, tellement vraie. Continuer la lecture#anthologie #20 | Toi, ton sourire

#anthologie #20 | je crois m’en souvenir par l’odeur du tabac

C’est une photographie en couleur, cadrée sur ton visage et celui souriant d’un bébé aux joues remplies. Le haut de la tête est coupé mais on voit (ou je devine) les cheveux fins, rares et blancs, peignés sur le côté, le front large. Derrière, les traces des arbres que tu as planté. Sur les deux autres photographies, d’après la disposition Continuer la lecture#anthologie #20 | je crois m’en souvenir par l’odeur du tabac