#anthologie # 19 | ce sera tout ce qu’il en reste

À droite de la route, une chèvre renversée git, toutes pattes écartées, le ventre comme une outre gonflée à bloc. L’œil de la mémoire, rien de numérique, encore moins d’imprimé, et le souvenir de l’horreur de l’image  cette photo carrée aux bords blancs de mon père tenant ma petite sœur dans ses bras, près du Rhône. Les couleurs sont passées, Continuer la lecture#anthologie # 19 | ce sera tout ce qu’il en reste

#anthologie #19 | fragmentaux

une nuit je meurs quatre fois quatre fois je ne vois ni ne sens mon corps, je sais que je meurs c’est tout –, je suis soulagé, je suis soulagé d’être soulagé, je ne suis pas seul je vois des mains je vois que les mains m’appellent me font signe ce sont des mains amicales connues rassurantes mais je ne Continuer la lecture#anthologie #19 | fragmentaux

#anthologie #19 | Rémanences

« Toutes les images disparaîtront. » Annie Ernaux il y avait, dans le XVème arrondissement de Paris, ce magasin de vêtements pour enfants dans lequel la vendeuse actionnait une poupée qui marchait toute seule pour faire tenir les enfants tranquilles pendant les essayages dans un atelier d’une tréfilerie câblerie, une douzaine de femmes en blouses bleues rectifient des filières. À l’aide d’une Continuer la lecture#anthologie #19 | Rémanences

#anthologie #19 | spectacles

Tous les corps recourbés vers la terre du fait du regard au sol pendant une partie de pétanque au milieu d’une place de la ville, au milieu de tous, des voitures. Les sourires clairs ou renfrognés des 4 joueurs. Dans une chaise longue, les jambes sous une couverture, moustache et cheveux blancs, légèrement dégarni, au milieu des montagnes partout autour, Continuer la lecture#anthologie #19 | spectacles

#anthologie #19 | cartographie des ombres

(J’ai repris quelques extraits du texte publié en 2021. Ils sont en italique. Et j’ai écrit en écho ou dans leur ombre.) Tout n’est rien. Cette phrase insidieusement glissée dans l’esprit pendant des années, écrite en lettres rouges, par le père, face à la porte d’entrée dans la maison de famille, si simple à mémoriser et à marquer l’esprit, image Continuer la lecture#anthologie #19 | cartographie des ombres

#anthologie #19 | Animaux, Humains

le gentil garagiste derrière son bureau d’accueil hurlant au téléphone « vas-te faire baiser, connasse » et son sourire habituel, après retenant un jeune chien noir et blanc par le collier, près d’une petite écluse du Berry, herbe rase bien verte, maison à crépi blanc, canal désert la photo en noir et blanc de Rose, debout devant un rosier grimpant, sur la Continuer la lecture#anthologie #19 | Animaux, Humains

#anthologie #19 | Le jean rouge

Le jean rouge tout juste à ma taille mais plus à ma taille après un bon repasTous les jeans prescripteurs / proscripteurs qui l’ont suiviLes filles sur papier glacé – je découpais les plus belles et les patafixais au murLa belle Angélique et ses jeans moulants dans la cour du collègePhoto de classe à aqualand : je cache mes cuisses derrière Continuer la lecture#anthologie #19 | Le jean rouge

#anthologie #19 | points zéro

{Codicille — j’ai déjà participé à la proposition du cycle #autobiographie en décembre 2021 et vous trouverez mon texte Soixante fragments sans conséquence en cliquant ici. Au lieu de reprendre ces fragments et de leur adjoindre une nouvelle couche, je préfère en choisir quelques autres pour avancer dans un projet qui prend forme avec cet atelier. Il s’agit d’un homme Continuer la lecture#anthologie #19 | points zéro

#anthologie #19 | « Il est toujours joli le temps passé… »

« Il est toujours joli le temps passé, une fois qu’ils ont cassé leur pipe… », Brassens à Bobino, j’ai dix ans, c’est tonton Lulu qui m’a emmenée, quand on l’applaudît je suis sûre qu’il rougit, je le voudrais comme père les mots bombés en rouge sur le panneau de chantier à Angoulême « Ils nous ont ordonné de perdre, Continuer la lecture#anthologie #19 | « Il est toujours joli le temps passé… »

#anthologie #19 | (se) souvenir

79 occurrences du journal 19. regard rétrospectif sur le journal tenu lors du confinement premier – publié d’abord sur le site du collectif L’AiR Nu sans trop d’images à mon souvenir – je ne m’aperçus de la conjonction des dates (la Commune, l’enlèvement et la mise à mort d’Aldo Moro) qu’assez tardivement, retrouvant dans la bibliothèque un livre (lequel m’était Continuer la lecture#anthologie #19 | (se) souvenir