#anthologie #17 | fiction

– Monsieur… » commença-t-il, se levant brusquement, mais seulement à demi, du bureau qui barrait en son milieu une haute pièce donnant sur la mer Tyrrhénienne. Puis il se rassit, avec plus de délicatesse que sa forte corpulence l’aurait laissé prévoir. Un sourire s’esquissa sous des yeux clairs restés vifs, traçant une fine horizontale dans une tête dont la rondeur était Continuer la lecture#anthologie #17 | fiction

#anthologie #17 | visite à Croisset

Venez fin avril. Pour l’instant, ma guibole me cloue à Croisset. La maison aux murs blancs donne sur la Seine, où de temps à autre passe une péniche. Gustave Flaubert est assis. Il me montre sa jambe. Ça, je m’en fiche. Ce sont mes bonshommes qui me fatiguent. Sur la table, les piles de bouquins s’amoncèlent. De temps en temps, Continuer la lecture#anthologie #17 | visite à Croisset

#anthologie #17 | The welcome table

Je ne sais plus comment j’ai appris que Baldwin avait passé une dizaine d’années à Istanbul où il avait trouvé après la France un refuge. Le court métrage de Sedat Pakay « from another place » est introuvable. J’ai pu visionner un extrait de 2 minutes 38 où l’on voit le corps petit, maigre et noir de Baldwin dans un grand lit. Continuer la lecture#anthologie #17 | The welcome table

#anthologie #17 | la voix de Marguerite dans le bar du théâtre

C’est au bar d’un théâtre ; ce doit être celui du Théâtre du Rond-Point à Paris, c’est au début des années 80 puisque Madeleine vit encore. Marguerite doit attendre Madeleine ou bien… parce que Marguerite n’attend personne ( sauf Robert. Robert Anthelme elle l’aura attendu, longtemps.) Marguerite est assise sur la banquette de velours rouge et je l’observe. J’aurais pu m’asseoir à Continuer la lecture#anthologie #17 | la voix de Marguerite dans le bar du théâtre

#anthologie #17 | Éviter le langage.

Fin janvier 2024, je sais que Pascal Quignard est à la cité musicale avec Aline Piboule. je ne pourrai voir son spectacle, pas de billet, trop juste à organiser et prévoir, mais je suis dans la rue musicale, pleine à cette heure-là et je l’imagine, arriver avec sa démarche tranquille, simple dans son costume sombre et son sous-pull bleu marine, Continuer la lecture#anthologie #17 | Éviter le langage.

#anthologie#17b | Mon inconnu

Sur l’escalator du métro, je grimpe derrière un crâne chauve, parfaitement lisse ; me dit quelque chose. Un homme politique – on les voit beaucoup en ce moment -, un acteur de cinéma, de théâtre, un écrivain, mais de ceux là, on connaît rarement la bobine ; ils passent rarement à la télé, certains acceptent une photo d’identité en quatrième de couv, Continuer la lecture#anthologie#17b | Mon inconnu

#anthologie #17 | Quartier réservé, fragments

Fragments d’un carnet retrouvés dans les sous-sols de l’ancien quartier réservé à la prostitution de Marseille, détruit en 1943 par les nazis. 28 juillet 1927, les Brics, rue Bouterie, Mignon BarAujourd’hui c’est mon anniversaire. On me dit vieille. Jeanne m’a offert ce cahier parce que je sais lire et écrire. Elle a dit « profite ». Elle a dit « t’en as vu Continuer la lecture#anthologie #17 | Quartier réservé, fragments

#anthologie #17 | L’écrivain à succès et son interlocutrice muette

… Un écrivain ne peut faire que des suppositions, rien d’autre. Et préserver le mystère quand il n’y a plus rien d’utile à dévoiler. Avec des bribes de réalité, il fabrique des histoires qui auraient pu se passer, qui auraient pu être réelles. Aristote a déjà tout dit sur ce sujet. Mais, il y a toujours une part de nous-mêmes Continuer la lecture#anthologie #17 | L’écrivain à succès et son interlocutrice muette

#anthologie #17 | Sur une aire d’autoroute

Dans la boutique d’une aire d’autoroute, quelque part en France. Il est tard dans l’après-midi, l’endroit est relativement calme. J’entre, fatiguée après plusieurs heures de route, j’ai besoin d’un café, de quelque chose à grignoter. Devant moi à la machine à café, une dame brune, les cheveux mi-longs, vêtue de manière décontractée, attend que sa boisson finisse de couler. Comme si elle sentait ma présence et qu’elle voulait s’excuser Continuer la lecture#anthologie #17 | Sur une aire d’autoroute

#anthologie #17 | Inside Sylvia

Sur un petit plateau devant elle il y a deux tasses, remplies de chocolat chaud. Ça fume et ça sent bon, à l’intérieur de la cuisine où elle fait cuire des œufs. La petite cuillère, deux petits mouchoirs repliés l’un sur l’autre, et les deux assiettes sur lesquelles elle a placé les toasts et leur garniture. Elle est pied nue, Continuer la lecture#anthologie #17 | Inside Sylvia