#anthologie #06 | pousse, le monde

Seule dans la maison vide, seule avec la maison, le poids du plancher, bois et béton, béton et bois entremêlés, colmatés, le poids des murs en galets, la poussée des pierres, le charroi du fleuve qui les a lissées,  bousculées, entrechoquées, violentées, innervées, la présence fantomatique des pièces vides – demeurent-elles quand personne n’est là pour les voir, les habiter, témoigner de leur existence, garantir leur réalité? Continuer la lecture#anthologie #06 | pousse, le monde

#anthologie #06 | rue

Seule, sur le trottoir, les bruits du bar s’éloignant derrière moi, la fraîcheur de la rue attiédit mon corps, les claquements des talons résonnant contre les murs en pierre de taille et surtout l’odeur de leur cigarette partout même sans cigarette en vue. Seule, les voitures, légers grondements du moteur, roulis ténus des roues frottant contre le macadam, musiques bruyante Continuer la lecture#anthologie #06 | rue

#anthologie #06 | Solitudes

Seul, dans sa chambre, il assume sa solitude, il la revendique, seul la nuit, il marche dans la maison, le bois craque sous ses pas, seul à cet instant, personne ne le regarde, se sent-il libre ou seul ? Dans le jardin, un jardin sauvage, vieux buis, bambous qui se dressent et échappent, assis sur les marches en pierre, il Continuer la lecture#anthologie #06 | Solitudes

anthologie #06 | Wenn au pavé

Seule dans la ruelle, je suis Wenn. Les herbes sous le réverbère se multiplient. Je patiente et la forêt pousse, fluorescente. Accroupie, j’attends la sortie des carabes, la danse des gendarmes, je cherche la faille entre les pavés qui désignera celui que l’on peut soulever. Je suis Wenn, dans le silence de la nuit, je détecte, les ouvertures et les Continuer la lectureanthologie #06 | Wenn au pavé

#anthologie #06 | à deux

Pour faire toutes nos courses, nous n’avons qu’une rue à remonter, tous les commerçants sont là, nous les connaissons et depuis le temps tous nous connaissent. On achète toujours les mêmes produits depuis 20 ans, le boucher, la maison de la presse, Marguerite la crémière qui nous fait un peu la gueule depuis que le toubib nous a interdit le Continuer la lecture#anthologie #06 | à deux

#anthologie #06 | de ses yeux mouillés

Une bille – son bleu nuit – traverse une cour. Ça ne dure jamais. Une porte claque, courant d’air. Ça ne dure jamais. Une vague se retire – elle emporte les cris des gamins. Ça ne dure jamais. Un feuille d’érable tombe, promesse d’automne. Ça ne dure jamais. Une double croche sur une partition, Ravel – son Boléro. Ça ne Continuer la lecture#anthologie #06 | de ses yeux mouillés

#anthologie #06 | seul ici

Seul ici sur la grande terrasse dans le chant des oiseaux, seul avec le vent qui berce le marronnier, le drapeau, les voitures qui descendent la route, l’enfant qui traverse et celle de l’autre côté qui fume seule. Un nuage cache le soleil. Un milan royal plane au-dessus de la crête de forêt. Le vent forcit. Seul ici avec le Continuer la lecture#anthologie #06 | seul ici

#anthologie #06 | seul dans la ville étrangère

Seul dans la ville étrangère, par les rues inconnues, seul devant leurs noms imprononçables, sur des trajets menant nulle part, avec l’errance pour seule compagne, en qui je n’ai aucune confiance, seul à la merci des pas qui ne sont pas les miens, seul dans mon corps où l’âme est bien trop à l’étroit, seul derrière mon visage juvénile qui Continuer la lecture#anthologie #06 | seul dans la ville étrangère

#anthologie #06 | seule sur les remparts

Seule sur le chemin des remparts de Beaune, les toits en poivrière ne pourront pas percer le plafond de lumière que les nuages tendent sur le ciel. Le chemin de ronde.Seule à faire le tour d’une ville qui s’est tue, la maison et ses roses, le junipérus qui masquait la terrasse, le portail s’est clos sur un jamais plus.Les lions Continuer la lecture#anthologie #06 | seule sur les remparts

#anthologie #06 | seul et tes fesses de lune

Tu marches depuis des heures à travers champs. Essouffler la bête, apprendre à rendre l’âme, dégorger le pus – ce qui suinte en dur de la tristesse. Tu cavales à l’intérieur, plus vite que la marche, pourtant t’avances en mécanique dans la broussaille. Le souffle bâtard se fait liquide, humecte les mâchoires, sort et solide, jet d’arums sur le visage, Continuer la lecture#anthologie #06 | seul et tes fesses de lune