#anthologie #05 | Quand ça résiste

Je balance mon corps vers l’avant, je le porte, il pèse, il résiste. « Espèce de bourrique, tu vas avancer ! ». Il refuse, se cabre, rue dans les brancards. C’est mon corps mais il se déconnecte parfois de mon cerveau sans que je n’y puisse rien. Depuis quelques années il a pris du poil de la bête. Quand je Continuer la lecture#anthologie #05 | Quand ça résiste

#anthologie #05 | d’après un homme porte son corps devant lui de Novarina

Souvent j’ai l’impression d’être là sans être là. Je suis assis sur une chaise de la salle de réunion de la mairie d’un village de Dordogne. Je participe aux échanges. Lors des débats, j’interviens à mon tour. Je répond aux questions, apporte des précisions sur tel ou tel dossier. Je suis là, mais mon corps ne l’est plus. Il a Continuer la lecture#anthologie #05 | d’après un homme porte son corps devant lui de Novarina

#anthologie #05 | terre

Et du corps devant soi je parle. Mais je dois écarter d’abord l’écartement, car c’est une fausse idée. On ne peut rien écarter qui ne serve pas un jour ou l’autre, et il arrive toujours, ce jour ou l’autre. Je porte devant moi mon corps crampon, corps résiduel. Rempli de jouets invraisemblables. De renards pris au piège. De bracelets de Continuer la lecture#anthologie #05 | terre

#anthologie #05| Une vie devant

Je suis devant la fenêtre de ma chambre pour bien profiter de la lumière du jour. Ils pensent tous que je ne pense pas. Ce n’est pas parce que je ne suis pas allée à l’école au-delà du certificat d’études que je n’ai pas la capacité à penser. En apprentissage, j’ai appris à broder. Je suis brodeuse. Je ne lis Continuer la lecture#anthologie #05| Une vie devant

#anthologie #05 | Marie-Madeleine née Dupire

Je suis Marie-Madeleine Collin née Dupire à la Souterraine dans la Creuse le vingt-sept février mille neuf cent cinquante-deux à zéro heures vingt minutes trois rue Raymond Joyeux ; je suis Marie-Madeleine Dupire épouse Collin née à huit mois et une semaine à la force des fers, déclarée fille de Jacqueline Armande Dupire et de personne ; Jean me suis dit Continuer la lecture#anthologie #05 | Marie-Madeleine née Dupire

#anthologie #05 | La femme oubliée

Oubliée la mort m’a oubliée dès mes premiers jours emmaillotée sous la veste de suif fumée et sueur de mon quatre fois père livrée dans la montagne aux tétons de la pauvresse à nourissons grande pourvoyeuse au cimetière de bébés trépassés ma mère renvoyée seins gonflés à la filature une fille comptait moins qu’une journée de sa paye de dèche. Oubliée Continuer la lecture#anthologie #05 | La femme oubliée

#anthologie #05 | le corps d’Esther

Une femme porte son corps devant elle. Une vieille femme porte son corps plus jeune devant elle. Une vieille femme porte le corps d’Esther devant elle. Je veux l’aider mais je dois aussi porter mon corps devant moi. Mon corps plus jeune. Nous sommes deux à porter nos corps devant nous mais la vieille femme ne me voit pas. Elle Continuer la lecture#anthologie #05 | le corps d’Esther

#anthologie #05 | Je lui dirai que j’ai essayé

Je mange avec bon appétit mais en silence et en prenant mon temps. Je sais qu’elle me regarde, qu’il me suffira de lever les yeux pour qu’elle commence à parler. Ce que je ne sais pas, c’est comment elle a compris. Avec lui j’ai fait tout comme il faut. Je l’ai observé longtemps, comme les autres ; aussi longtemps qu’il me Continuer la lecture#anthologie #05 | Je lui dirai que j’ai essayé

#Anthologie #05 | une noire une blanche

Je regarde le corbillard où est mon corps je voudrais passer passer de vie à trépas c’est déjà fait c’est surfait défait bien fait terminé la mine des jours s’en est allée et moi avec elle me voilà au cimetière je porte mon corps lourd devant moi arrêt pour les prières les mots des uns des autres mon faux fils Continuer la lecture#Anthologie #05 | une noire une blanche

#anthologie #05 | Grumeaux

Grumeaux, je me disperse, je m’étale, c’est une trainée de moi derrière moi. Je dis, je me livre, délivre-moi. On me lie, je m’encorde, ça se tient. En un sens, ça fait du bien. Tout serré, se rencogner, tête de pioche. Je dis, je me tais, déterre-moi. On me dénude, je prends froid, j’exténue. Je frotte et ça brille pas. Continuer la lecture#anthologie #05 | Grumeaux