#anthologie#5 | danse transe

je marche par tous les temps, parfois je cours, je ne m’arrête jamais jusqu’à trouver un nid pour y passer la nuit, je ne sais plus qui je suis ni d’où je viens, j’ai traversé des villes et des campagnes et franchi des frontières jusqu’à me mettre dans cet état, je suis né loin au Nord dans un pays dont Continuer la lecture#anthologie#5 | danse transe

#anthologie #05 I derrière la façade

J’ai une façade. Je suis une façade. J’ai troqué mon corps contre une façade. Le soir, quand les chauves-souris sortent à l’ombre et batifolent au milieu des moustiques retardataires, moi, je sors ma façade, dans un chariot de supermarché que je pousse devant moi. C’est un produit frais, avec date de péremption – le lapsus étant de rédemption – consommable Continuer la lecture#anthologie #05 I derrière la façade

#anthologie #05  – trente-six ans de vivant

Je peux bien le dire aujourd’hui : ce corps qui se balance n’a jamais été mien. A cause de ce qu’on m’a fait et il me semble que tu as fini par devenir de quoi il s’agissait, je n’ai fait qu’occuper ce corps et jouer la comédie du vivant. Ce n’est pas si difficile de jouer au vivant. Cela vient très Continuer la lecture#anthologie #05  – trente-six ans de vivant

#anthologie #5 | la Gardienne

Moi la sinistra traîne galoche et grand cabas j’ai forcé ma voix des hurleries contre tous les vents qui voulaient m’emporter. Je me suis laissée dessécher à force d’eau venue des yeux comme deux sources brûlantes. Pourtant je continue. J’avance noire d’insecte sous le soleil blanc. J’ai dit : je ne lâche pas. Jamais tu m’entends jamais ! Je vous gicle éternels Continuer la lecture#anthologie #5 | la Gardienne

#anthologie #05 I Quand ça résiste

Je balance mon corps vers l’avant, je le porte, il pèse, il résiste. « Espèce de bourrique, tu vas avancer ! ». Il refuse, se cabre, rue dans les brancards. C’est mon corps mais il se déconnecte parfois de mon cerveau sans que je n’y puisse rien. Depuis quelques années il a pris du poil de la bête. Quand je Continuer la lecture#anthologie #05 I Quand ça résiste

#anthologie #05 | d’après un homme porte son corps devant lui de Novarina

Souvent j’ai l’impression d’être là sans être là. Je suis assis sur une chaise de la salle de réunion de la mairie d’un village de Dordogne. Je participe aux échanges. Lors des débats, j’interviens à mon tour. Je répond aux questions, apporte des précisions sur tel ou tel dossier. Je suis là, mais mon corps ne l’est plus. Il a Continuer la lecture#anthologie #05 | d’après un homme porte son corps devant lui de Novarina

#anthologie #05 | terre

Et du corps devant soi je parle. Mais je dois écarter d’abord l’écartement, car c’est une fausse idée. On ne peut rien écarter qui ne serve pas un jour ou l’autre, et il arrive toujours, ce jour ou l’autre. Je porte devant moi mon corps crampon, corps résiduel. Rempli de jouets invraisemblables. De renards pris au piège. De bracelets de Continuer la lecture#anthologie #05 | terre

#anthologie #05| Une vie devant

Je suis devant la fenêtre de ma chambre pour bien profiter de la lumière du jour. Ils pensent tous que je ne pense pas. Ce n’est pas parce que je ne suis pas allée à l’école au-delà du certificat d’études que je n’ai pas la capacité à penser. En apprentissage, j’ai appris à broder. Je suis brodeuse. Je ne lis Continuer la lecture#anthologie #05| Une vie devant

#anthologie #05 | Marie-Madeleine née Dupire

Je suis Marie-Madeleine Collin née Dupire à la Souterraine dans la Creuse le vingt-sept février mille neuf cent cinquante-deux à zéro heures vingt minutes trois rue Raymond Joyeux ; je suis Marie-Madeleine Dupire épouse Collin née à huit mois et une semaine à la force des fers, déclarée fille de Jacqueline Armande Dupire et de personne ; Jean me suis dit Continuer la lecture#anthologie #05 | Marie-Madeleine née Dupire

#anthologie #05 | La femme oubliée

Oubliée la mort m’a oubliée dès mes premiers jours emmaillotée sous la veste de suif fumée et sueur de mon quatre fois père livrée dans la montagne aux tétons de la pauvresse à nourissons grande pourvoyeuse au cimetière de bébés trépassés ma mère renvoyée seins gonflés à la filature une fille comptait moins qu’une journée de sa paye de dèche. Oubliée Continuer la lecture#anthologie #05 | La femme oubliée