#anthologie #04 | Habiter

Habiter enfant à la campagne, s’ennuyer ; habiter adulte en ville, se sentir à sa place. Habiter un pays et aimer l’habiter. Craindre après le 7 juillet de ne plus aimer l’habiter. Voir depuis ces dernières années des sans domicile fixe, de plus en plus nombreu.ses habiter sous le auvent de la Bourse du travail de Bordeaux. Vivre sur des matelas, Continuer la lecture#anthologie #04 | Habiter

#anthologie #04 | familiarité des lieux

2. Habiter le studio minuscule de Jian Shan. Son lit énorme, recouvert de deux édredons épais pour affronter l’hiver humide de Shanghai sans chauffage. Un lit professionnel, dira Kosmo, en riant la première et la dernière fois qu’on a couché ensemble. 3. Habiter chez Mr et Mme Tout le monde. Pour quelques jours à Rennes, à Marseille, à Flins, à Continuer la lecture#anthologie #04 | familiarité des lieux

#anthologie #04 | J’habite loin de moi

j’habite loin de moi comme l’oiseau loin du nid. J’y retourne parfois passant de longues minutes à m’entretenir avec la lune. D’autres fois, je préfère habiter le vent pour accompagner la mer dans son éternel ressac. Petite fille, j’ai dû quitter ma maison, en y retournant adulte, je n’ai rien reconnu si ce n’est le sol, mes pieds sont allés Continuer la lecture#anthologie #04 | J’habite loin de moi

#anthologie #04 | Les demeures rêvent de demeures

1.Je connais une maison qui ne veut pas se laisser vendre. On bouche les failles du crépi, on tond les 2000m2 de terrain qui l’entourent, on taille les arbres, on ramasse les branches tombées lors des tempêtes de l’hiver. La maison enchâssée dans la verdure déborde de primevères, violettes, ancolies, roses odorantes. On la fait visiter. Rien n’y fait. 2.J’apprends Continuer la lecture#anthologie #04 | Les demeures rêvent de demeures

#anthologie #04 | en vrac

habiter la fenêtre sur cour, rue, jardin, même aveugle habiter s’enfouir se hisser trouver la branche maitresse entre ciel et terre habiter l’arbre habiter laisser trace; la paire de chaussures, la robe, le livre… c’est ici qu’ elle aurait habité ; on la cherche habiter la chambre du tableau; accrocher le tableau de la chambre, se dire : c’est ici Continuer la lecture#anthologie #04 | en vrac

#anthologie #04 | Habitudes contingentes

  1. De l’abri aléatoire, faire du commun une habitude, une normalité, un déjà-vu, un chez soi.
  2. Habiter les cartons qu’on rempli, qu’on va rouvrir ailleurs, qu’on va rouvrir et disposer autrement ou juste pareil pour trouver des repères en changeant d’espace.
  3. Habiter le voyage, son corps qu’on transporte d’hôtel en hôtel, toujours soi mais jamais tout à fait la même.
  4. Habiter des rives incertaines et mouvantes. Nomadisme urbain, étudiante qui déménage quatre fois la même année, au gré des colocations, des appartements qui vont être vendus, des écoles qui s’achèvent, des invitations et des refus. Habiter résumé dans quelques sacs qui tiennent largement dans une voiture
  5. Détricoter la vie de la mère et du père, choisir la mémoire à venir, délimiter les souvenirs, faire des coupes franches en vidant la maison familiale. Se brouiller pour des assiettes, des horloges, couper les branches familiales qui ne s’accrochaient qu’à l’héritage. Vendre, jeter, ne pas nourrir de regrets, se tenir loin des émotions.
  6. Le domaine du grand Meaulnes, le chercher sur une carte, le chercher dans des musées, interroger des guides. Croire avoir trouvé cette maison, grande bâtisse bourgeoise à la lisière de la forêt, fenêtres condamnées, un peu plus loin les restes d’une chapelle. Chiens méchants des gardes qui grognent en vous apercevant. Vous prenez une photo et vous déguerpissez.
  7. Habiter un tableau, inscription de sa couleur intérieure, sans mots, c’est soi dedans. Chez soi sur la toile. Apparition, mise en lumière, habitation en Figure F.
  8. Habiter une page blanche qu’on noircit, se ressembler ou pas, écrire soi, interpréter le monde, composer, ordonner, faire sa maison de mots.
  9. Par des odeurs qui surgissent au hasard, se tenir devant la bibliothèque du grand-père, s’asseoir sur le petit tabouret dans l’atelier de peinture de la grand-mère, y demeurer au présent.
  10. Habiter son corps, habiter la mer en nageant, habiter le paysage en marchant ou en le contemplant, faire un, unité dans l’univers, poussière terrestre et mentale dans le grand ensemble.

#anthologie #04 | en poète

1 L’homme habite le monde en poète. Souvenir micmac de Hölderlin, Heidegger, UP6. Bernard Patarin, professeur de sociologie, nous avait donné cette citation en pâture, débrouillez vous avec ça, étudiants en architecture. 2 Paul Andreu venait de construire Roissy 1. Patarin était de son équipe. Arriver, partir, circuler en poète dans un aéroport. 3 Il parait que des refoulés de Continuer la lecture#anthologie #04 | en poète

#anthologie #04 | Il paraît que cela arrive à d’autres

J’habite un pays qui sans doute habite en moi. Je ne sais ni où ni comment. Je le sens. Tu habites à côté de moi. La maison à côté de moi. La rue à côté de moi. Le quartier à côté de moi. Pourtant, nous habitons l’un et l’autre sans savoir que nous habitons l’un et l’autre la même ville. Continuer la lecture#anthologie #04 | Il paraît que cela arrive à d’autres

#anthologie #04 | habiter son corps

La danseuse récite la poésie du corps dans des mouvements inexplicables. Les doigts du virtuose parcourent le manche du violon, les uns courant après les autres comme des enfants dans un jeu de sauts, d’arrêts, de tremblements. Jusqu’au plus petit d’entre eux allant chercher dans une extension extrême la note la plus aigüe, et mourir sous l’impulsion des vagues de Continuer la lecture#anthologie #04 | habiter son corps