#anthologie #02 | deuxième étage

Il y aurait une porte ouverte contre un miroir. Elle se refléterait en lui et montrerait sa poignée dédoublée, face avant, face arrière en vue simultanée, un peu comme si la face cachée de la lune s’était vue dépliée et qu’un deuxième cercle accolé au premier s’ouvrait la nuit. C’est ce genre de détail qui indique que je ne suis Continuer la lecture#anthologie #02 | deuxième étage

#anthologie #02 | à l’intérieur

Je n’en finis pas de revoir le corps de ma tante dans la chambre d’hôpital La scène rentre dans l’oeil et se superpose à une autre. L’attente du néant devant le corps. L’attente de rien, juste l’accompagnement à respirer sur l’oreiller. Dans le dernier regard circulaire qui goutte à goutte s’écoule dans l’intraveineuse. Lent calmant du regard qui tourne sur Continuer la lecture#anthologie #02 | à l’intérieur

#anthologie #02 | avec le courant d’air

Debout sur la table en bois elle arroserait des plantes en écoutant les murmures de la terre humide. Cris des mouettes et de voitures. Ombres d’un store de plus en plus larges sur sa robe ondulante, sur le mur blanc. Gang de mouches évolue en spirale. Un tissus bleu volette accroché à la lampe devant une pile de livres puis Continuer la lecture#anthologie #02 | avec le courant d’air

#anthologie #02 | La visite du fantôme

Un jour, un fantôme… Ce jour particulier, l’enfant a cru que le fantôme était arrivé de manière impromptue, car c’était certainement la surprise qui avait fait pleurer le vieil homme, il avait regardé l’enfant et il était sorti en courant de la pièce. Le fantôme devait être trop curieux. La porte vitrée, le fantôme serait certainement entré là, comme tous, Continuer la lecture#anthologie #02 | La visite du fantôme

#anthologie #02 | dans la cuisine d’en-bas

Dans la cuisine d’en bas, assise sur le banc, la grand-mère lirait La Liberté à la page des avis mortuaires : des lunettes glissant sur le nez, avec derrière elle les lames de la paroi de bois, un tableau, une jeune filles, des grains de blé tombés de sa main blanche, les huit poules qui picorent, l’enfant un pied par Continuer la lecture#anthologie #02 | dans la cuisine d’en-bas

#anthologie #02 | on dirait que…

On dirait… on dirait que ça serait la nuit. Un rayon de lune tout laiteux entrerait par la vitre brisée d’une fenêtre bancale et s’étalerait directement, sans éviter les toiles d’araignées, au pied d’un escalier en bois vermoulu. De la poussière sur la rampe, de la poussière sur chacune des dix marches dans le champ de vision. A droite, un Continuer la lecture#anthologie #02 | on dirait que…

#anthologie #02 | La cimaise

Salle treize. Accoudé à la cimaise de gauche, devant son caddie, l’homme regarde les objets déjà étiquetés qui seraient à lui s’il avait eu assez d’argent ou simplement osé. Quand il se décide, c’est souvent que le marteau est déjà tombé. Seraient à lui les cadres alignés les uns devant les autres, dorures sur dorures, cadres ronds et ovales, cadres Continuer la lecture#anthologie #02 | La cimaise

#anthologie #02 | et les pouces tourneraient

elle serait là assise sur une chaise, le regard légèrement baissé, dans le vide, aspiré par le vertige des ruminations intérieures, et les pouces tourneraient tourneraient  tourneraient, l’un sur l’autre aussi vite que les vieilles mains le permettent, ils tourneraient jusqu’au vertige eux aussi, tout contre l’immobilité du voilage de la porte-fenêtre qui donne sur le perron et sur la Continuer la lecture#anthologie #02 | et les pouces tourneraient

#anthologie #02 | Caméra interne

La pièce à l’étage aurait encore sa fonction. Il n’y aurait pas eu le panneau À vendre sur la façade où frappe le soleil, pas eu l’abrutissement du vide. La parole tournoierait encore dans la pénombre, dans le feutré, plutôt que cette rumination boucle et reboucle dans la gélatine de la boîte crânienne. Il y aurait une pensée caméra portée, Continuer la lecture#anthologie #02 | Caméra interne

#anthologie #02 | dans la boîte

Il avancerait déclenchant à intervalles réguliers l’allumage automatique des plafonniers. Lumière crue, inhospitalière. À l’extrémité du long couloir segmenté de double-portes coupe-feu rabattues contre le mur, un pot imposant, en plastique mauve. (Personne ne le voit jamais, noyé dans l’uniformité de l’habitude le silence l’écho des pas les paroles distraites les rires étouffés les cris les grumeaux de pensées la Continuer la lecture#anthologie #02 | dans la boîte