autobiographies #01 | ça vient de si loin

Et l’angoisse qui se faufile. Dans la tapisserie à ramages des murs de la chambre, dans la toile cirée poisseuse de la table de cuisine, dans le pain de la veille, dans le cube de margarine, dans le sourire figé de la sœur, dans le silence pitoyable du père, dans le regard mauvais de la mère. Pas loin de la Continuer la lectureautobiographies #01 | ça vient de si loin

autobiographies #01 I Bestiaire : girafe, mouche, coccinelle, araignée, sauterelle

Le lait bouillant monte dans la casserole en fer blanc. La main de la grand-mère agrippe le manche, retire prestement la casserole. Long écoulement du lait mousseux, du bec de la casserole dans le bol ébréché. Les dix doigts écartés de la fillette fermement plaqués dessus pour le porter à ses lèvres. Sur la table en formica bleu, deux longues Continuer la lectureautobiographies #01 I Bestiaire : girafe, mouche, coccinelle, araignée, sauterelle

autobiographies #01 | détours et retours

On y accède sur la droite de la maison après avoir monté trois marches. On arrive dans l’allée centrale qui forme une croix avec, au milieu de la parcelle, une perpendiculaire agrémentée de poiriers et de pommiers. De part et d’autre des carrés de plantation légumière, des choux frisés, des pommes de terre, des haricots verts, des tomates et au Continuer la lectureautobiographies #01 | détours et retours

autobiographies #01 | l’air du large

Fenêtre grande ouverte sur le gris de la ville. Effluves du port, odeurs de poissons, de mazout, de goudron, d’eau vive, d’égouts parfois. Marée haute. Ce matin, les chalutiers dansent à ras le quai. Toujours tu t’étonnes. Marée haute, marée basse, tanguent les chalutiers. Ils te saluent, arrogants d’être portés par cette masse d’eau liquide, dépités de s’enfoncer avec elle Continuer la lectureautobiographies #01 | l’air du large

autobiographies #01 | des bords

Piliers de tuffeau. Odeur d’urine, de chaleur crasseuse. Un homme avec son caddie. J’agrandis mes yeux, tu presses le pas. On ne dit rien. Pas tout de suite. Le courant du fleuve coule fort. Comme des petits toboggans. On ne peut pas y aller. De vagues morceaux de bois, des arêtes de pierre. Plus loin, arbres pieds dans l’eau. Soleil Continuer la lectureautobiographies #01 | des bords

autobiographie #01 | immeuble

L’entrée de l’immeuble est en verre, une symétrie parfaite, une porte vitrée et une baie côté parking, une porte vitrée et une baie côté voie ferrée. Contre le radiateur, on regarde les habitants passer. Ici on est chez nous, là où ont tue le temps. Je suis dans la cage d’escalier, les marches sont recouvertes d’un lino bleu, les rambardes Continuer la lectureautobiographie #01 | immeuble

autobiographies #01 | échappée

La cuisine plutôt dépouillée, absence de meubles d’appareils ménagers, vide de ses occupants. Si, reste elle qui finit la vaisselle et lui toque à la porte, vient s’asseoir près de la table en formica verte. Le soleil emplit la pièce par la fenêtre sans rideaux. Tu parles tranquillement et tu la regardes, elle se retourne vers la cuisinière l’éponge à Continuer la lectureautobiographies #01 | échappée

autobiographies #01 | images flottantes

Battant à l’air. Porte-fenêtre de la cuisine entrouverte. Laissée telle quelle. La terrasse. Longue et semi couverte de canisses. Muret-parapet séparant la partie balcon de l’escalier raide qui descend au jardin. Se pencher. Appui des coudes sur le muret. Regard envoyé loin en contrebas. Au-delà du potager. Grillage tendu. Cornières. À-pic. L’eau d’une mer verte. Onduler au début de l’été. Continuer la lectureautobiographies #01 | images flottantes

autobiographies #01 | un mur, des mots.

Une maison, un jardin et un mur, un mur blanc – pieds nus dans l’herbe trempée à la rosée du matin, le début d’un jour, le silence des oiseaux, debout, elle contemple, en pyjama, ballon dans la main, le mur, sans mots. Il est tôt. Puis lentement, élance ses mains et lance le ballon qui rebondit sur le mur et Continuer la lectureautobiographies #01 | un mur, des mots.

autobiographies #01 | la part de rêve qui s’attache aux échecs

Dans la famille on disait que si le grand -père avait acheté cette maison pour sa retraite, c’est que le paysage des Albères lui rappelait celui du Tonkin, les collines vert bleuté au loin et l’eau partout présente. Le souvenir qu’il en a lui est celui d’un naufrage. La plupart des maisons vides, parfois louées, souvent abandonnées. Quelques unes habitées Continuer la lectureautobiographies #01 | la part de rêve qui s’attache aux échecs