#40 jours #34 | La fantôme sur la gauche

Les voitures filent. Nous traversons la lande du Dartmoor, le pays des Baskerville. C’est beaucoup plus tard que je lirai le roman. Je ne me souviens pas de ma place dans le convoi de trois véhicules que nous formons, mais je suis dans la voiture de mes parents. Mon père est au volant, je suis assis derrière lui. Comme nous Continuer la lecture#40 jours #34 | La fantôme sur la gauche

#40jours #34 | colère en noir et blanc

A travers les carreaux des fenêtres, la lumière jaune des lampadaires éclaire la rue froide et humide. Huit heures du soir, un peu plus peut-être. Dimanche, les vies s’épluchent à l’intérieur des appartements, au cœur des foyers, autour de la table de la salle à manger. Les dernières heures du weekend s’égrainent. La boule au ventre d’une semaine qui va recommencer, la Continuer la lecture#40jours #34 | colère en noir et blanc

#40jours #32 | Colirocation

Dans l’immeuble ont été relogées des familles de plus mal-lotis. Difficile d’y reconnaître le lieu des temps heureux. Mais il faut faire place. Impossible de les voir comme des réfugiés. Il faut accepter l’idée que de tout temps, sans que cela nous ait été visible, composer avec le précaire. L’accepter au risque de devenir soi-même un refuznik. A devoir se Continuer la lecture#40jours #32 | Colirocation

#40jours #33 | le froid ville

Il hurle encore tout en haut, dernier étage et pourtant. Il hurle le père l’homme, excédé de tout, l’emploi, ce qu’on attend de lui, ce qui germe, la toux des gosses, la mère dont il faut, la femme dont il faut, ce qu’on attend de lui, les brigades de règles, du respect des règles, des limites, des barrières, il hurle Continuer la lecture#40jours #33 | le froid ville

#40jours #32 | hanter les lieux

Hanter la villa Hadriana à Tibur pour rencontrer un homme qui meurt d’une hydropisie du cœur. Pas l’empereur, pas le Jupiter olympien, mais l’homme blessé, inconsolable, vulnérable, qui agonise lentement dans ce lieu qui devient son refuge intérieur. Compter sur la mémoire des pierres, tâter de l’éternité dans la matière même. Hanter l’hôtel Labenche à Brive, espace compressé de tous Continuer la lecture#40jours #32 | hanter les lieux

#40jours #34 | lueurs

« J’ai passé des nuits à photographier la barre des Gentianes avant sa démolition. Les images transférées sur l’ordinateur ont le flou et le ridicule des photos d’ovnis qu’on voyait dans les journaux quand on était gosses. Une tache plus claire. Un zigouigoui. Une larmichette. Ce dont j’ai été témoin huit semaines durant était insaisissable. Pourtant quelque chose s’est passé. Chaque Continuer la lecture#40jours #34 | lueurs

#40jours #34 | Ex Voto livre d’or

Amalia n’aimait pas monter au grenier. L’accès par un escalier de bois trop raide et poussiéreux indiquait déjà la différence d’ambiance par rapport aux pièces d’en bas. L’odeur elle-même devenait immédiatement étrange, étrangère, comme venue de temps anciens qu’elle n’avait pas connus ou trop connus justement. C’est là qu’on étendait les draps en hiver pas trop souvent. Une grumeleuse pluie Continuer la lecture#40jours #34 | Ex Voto livre d’or

#40jours #34 | fond de jardin

L’année de ses douze ans peut-être, loin en arrière, sorte de niche au sortir de l’enfance. En fait il y a plusieurs instants de même nature dont elle pourrait s’emparer et fouiller. L’un avec la grand-tante, l’autre avec le frère, l’autre avec les chiens, tous -assemblés en cette même heure, durée d’une visite en ce village où son père a Continuer la lecture#40jours #34 | fond de jardin

#40 jours #34 | Le pneu

Il y en avait toujours deux ou trois qui trainaient dans le jardin, il avait d’abord fallu en choisir un, le plus léger, le vider, pas de sa chambre à air cela avait déjà été fait — ce pneumatique ne pouvait plus respirer — mais de l’eau qu’il contenait encore, même s’il n’avait pas plu depuis trois jours, avec une Continuer la lecture#40 jours #34 | Le pneu

#40jours #33 | entre autres

Le quatrième étage ne porte plus les traînées de suie au-dessus des deux fenêtres de gauche. Nous étions au restaurant dans la rue d’à côté. Nous avons entendu les sirènes des pompiers et puis de l’ambulance. Inquiétude. Nous avons lu les journaux. Effroi. Les versions divergeaient. La maman s’est-elle vraiment jetée dans le vide avec son nouveau-né pour échapper à Continuer la lecture#40jours #33 | entre autres