#40jours #33 | à hauteur d’enfant

Le pas sonore sur le pavé quand la ville est mouillée et la rue déserte, le fond de la rue dessine une courbe, le pas vient de la courbe, l’ombre de la silhouette émerge à peine, silhouette immense tirée par un molosse aux oreilles pointues, mouvement fureteur, salive invisible, crocs enfouis encore. Inquiétude. Effroi. La jeune fille blonde promène un Continuer la lecture#40jours #33 | à hauteur d’enfant

#40jours #19 | mercredi après-midi

Danielle, qui avait tant reproché à sa mère ses visites chez le dentiste tous les jeudis après-midi de son adolescence, envoya pourtant sa fille, tous les mercredis après-midi (à compter de la rentrée de 1972, le jour d’interruption des classes au cours de la semaine scolaire, est passé du jeudi au mercredi) chez un ponte de l’orthodontie, le docteur Gondrin. Il la faisait poireauter Continuer la lecture#40jours #19 | mercredi après-midi

#40jours #32 | Où l’on parle de limaille de fer, de ruelles planes mais escarpées et d’une lumière aveuglante

L’éclat blessant du sable, le reflet des fenêtres, et aussi tu t’étourdissais de chaleur Les murs sont blancs. La lumière fait la couleur noire. La lumière fait les tracés droits en dépit de la brume. Les individus se détachent à peine. Les ombres se valent, ombre du bus, ombre d’un corps, ombre d’un arbre. C’est la ville de Camus. Il Continuer la lecture#40jours #32 | Où l’on parle de limaille de fer, de ruelles planes mais escarpées et d’une lumière aveuglante

#40jours #36 | Clovis et Basilisse

J’ai rendez-vous avec vous aujourd’hui à 14 heures. Vu la chaleur extrême cet été à Duilhac-sous-Peyrepertuse, je serai un peu en retard. Vous, vous êtes à l’ombre des cyprès, sous une terre sèche, rouge foncée. Peut-être pas au frais, mais tout de même, alors vous ne m’en tiendrez pas rigueur, vous serez compréhensifs, envers la vivante que je suis encore. Continuer la lecture#40jours #36 | Clovis et Basilisse

#40jours #17 | Les femmes travaillent, les hommes triomphent.

Elle avait voulu faire de la politique, changer la vie, ce genre de truc ; elle a milité, distribué des tracts le samedi matin au marché de Boulogne, rédigé des notes de synthèse sur l’aménagement du temps de travail ou la politique de défense qu’elle donnait à Mainard pour qu’il les signe, préparé des séminaires dont on célébrait la parfaite organisation Continuer la lecture#40jours #17 | Les femmes travaillent, les hommes triomphent.

#40jours #36 | fragments de morts

Marjory Claudine. Blanchisseuse. Maintenant. On blanchit. Encore. Lavoir. Née. Rue Jouye-Rouve. Classe. Des femmes. Qui chantent. Courage. Flaques. Linges. Vapeurs. Contremaîtresse. Repasser. Plier. Emballer. Secouer. Ici. Suaire. Bien tendu. Pierre blanche. Cimetière de Belleville. Allée quatre. Division quatre. Droucet Michel. Terrassier. Maintenant. On terrasse. Encore. Aurores. Lire. Labeur. Colline. Bas. Né. Rue Dénoyez. Camion. Rues. Pioches. Équipe. Dégager. Tuyaux. Câbles. Continuer la lecture#40jours #36 | fragments de morts

#40jours #36 | quelques apartés

Ici, dans cette rue de l’enfance, une sorte de glu retient tout ce qui fut. Il suffit de poser le pied sur le trottoir de gauche, le côté impair, et de remonter lentement la rue. Des souvenirs glacés coulent le long du dos. Dès le numéro 3, on pousse la porte du magasin Cornand et l’on s’attend à voir surgir Continuer la lecture#40jours #36 | quelques apartés

#40jours #36 | Reliques de cimetières

Au début ses rêves étaient chaotiques; ils furent bientôt de nature dialectiques. L’étranger se rêvait au centre d’un amphithéâtre circulaire qui était en quelque sorte le temple incendié : des nuées d »élèves taciturnes fatiguaient les gradins ; les visages des derniers pendaient à des siècles de distance et à une distance stellaire, mais ils étaient tout à fait précis. L’homme Continuer la lecture#40jours #36 | Reliques de cimetières

#40jours #36 | embarquement pour l’île des morts

Le vent tombe, sous les pieds nus l’herbe sèche, peut-être un rivage, bruit apaisant de l’eau, aucun cri d’oiseau, les paupières s’ouvrent, crépuscule, lointain, l’île une esquisse, émerge du lointain bleu marine , hypnotique ensemble.Tout près à gauche, silhouettes qu’une lumière fine découpe, de profil, fantômes, immobiles plis des suaires. Plusieurs, une perpective qui se crée au fur et à Continuer la lecture#40jours #36 | embarquement pour l’île des morts

#40 jours #35 | depuis les poubelles jusqu’à Homère

Depuis 1964, elle a beaucoup changé. Les poubelles noires au milieu de la rue, les façades ternes, mais on dirait chez Zola. Oui depuis elle a beaucoup bougé, mais certains  partent dans les communes proches,  —non mais on n’est plus chez nous — Cosmopolite elle est devenue et les rues s’embellissent, les places deviennent des parking des maisons de ville Continuer la lecture#40 jours #35 | depuis les poubelles jusqu’à Homère