#40jours #11 | Perdu en mer

Tant que la côte n’est pas là, être perdu en bateau est une question abstraite, une question de savoir, de confiance, d’expérience. La vue ne joue aucun rôle. Les algues et les déchets flottent toujours de même, qu’on soit ici ou là. Les vagues ressemblent aux vagues, les nuages ne donnent aucune indication, sauf parfois à dire, comme la présence Continuer la lecture#40jours #11 | Perdu en mer

#40 jours #13 | scars

Il avait commencé à photographier les cicatrices de la ville, celles que l’on trouve sur les trottoirs, les chaussées et les pavés. Les pavés par exemple, qu’ils soient parisiens ou barcelonais, sont souvent balafrés. Si. Il suffit de se baisser, de prendre le temps de les regarder. Leur gris est une palette. Et quand ils portent une balafre, elle est Continuer la lecture#40 jours #13 | scars

# 40jours #12. «Tire la bobinette , la chevillette cherra.»

Je la touche, chaque fois que je passe devant sans la taper bien sûr, en bas de la rue du Cadet, qui descend sur le marché, autant dire souvent. La maison est fatiguée, les volets aussi, mais ce que je caresse, c’est une main sur la porte, une main qui se détache à peine sur le marron pâli du bois, Continuer la lecture# 40jours #12. «Tire la bobinette , la chevillette cherra.»

#40jours #13 | lumière

Ma ville est une lumière. Une couleur aussi, bien sûr, mais une couleur avec une lumière. Pas la couleur de la lumière, non. La couleur de ma ville brille d’une lumière très particulière, une lumière que seule ma ville possède. Une lumière qui donne à la couleur de ma ville son ton si particulier. La couleur de ma ville est Continuer la lecture#40jours #13 | lumière

#40jours #06 | vers Sakhaline

Oui on aimait les cartes, on suivait le tracé sinueux des fleuves jusqu’aux deltas, les continents étaient des îles sur les océans, on rêvait à l’ombre des reliefs montagneux, on s’imaginait explorer les espaces où le jaune s’étendait où le vert se fonçait. Et on se gorgeait de noms. Continuer la lecture#40jours #06 | vers Sakhaline

#40jours #12 | traversée

C’est une longue course de fin de journée, avec un point intermédiaire, celle qu’on aime parce qu’elle n’oblige pas à s’arrêter fréquemment comme dans une tournée, celle qu’on craint avec la fatigue et la difficulté à évaluer le temps. Je traverse la ville, littéralement, partant d’un côté du Rhône au sud-est et devant joindre l’autre côté de la Saône au Continuer la lecture#40jours #12 | traversée

#40 jours #12 | le caniveau

Une nuit bleue. Une lune blafarde. Une chaussée encore détrempée par un orage récent. Des pavés luisants. Une rue sans lampadaire. Le chant furieux de l’eau. Un caniveau. Des talons hauts qui claquent ca-ni-vo-ca-ni-vo-ca… L’eau déboule et s’engouffre sous les trottoirs. T’en souviens-tu ? On n’en menait pas large ! Bateaux en papiers, bobards en goguette. Le caniveau. Lieu de croisière des Continuer la lecture#40 jours #12 | le caniveau

#40jours #12 | avancer

Prendre à gauche à la sortie de la résidence, descendre vers la calandrette avec des murs en fer bleu marine, le haut de ses panneaux pliés à 45° pour dissuader d’escalader cette clôture, pas de poignée sur le portail, le nom de l’école percé dans le fer du montant. Avancer car il y a de la route jusqu’au centre-ville. Longer Continuer la lecture#40jours #12 | avancer

#40jours #12 | Non loin des puces de Clignancourt.

Non loin des puces de Clignancourt, à leur extrémité ouest, après que les étales s’arrêtent, bifurque vers l’intérieur de la ville la rue du lieutenant colonel Dax. C’est une rue très discrète, pauvre, sans aucun commerce. On y accède en passant sous un pont routier puis elle longe d’un côté une série d’immeubles hlm, de l’autre un terrain de sport. Continuer la lecture#40jours #12 | Non loin des puces de Clignancourt.

#40jours #12 | toute petite plume blanche sur le trottoir

Toute petite plume blanche sur le trottoir, Entourée, surmontée, envahie par les dalles du trottoir, elles-mêmes mangées par l’herbe qui en redessine les contours carrés d’une nouvelle réalité, Et la plume qui jadis appartenait à quelque volatile – un moineau, tout discret dans les villes, amoureux des buissons ; un pigeon, son contraire absolu, omniprésent et nuisible ; une pie, envahissante, intimidante Continuer la lecture#40jours #12 | toute petite plume blanche sur le trottoir