Sur le bahut-bureau, les carnets, les cahiers les plus récents sont les gardiens des idées du quotidien des deux ou trois dernières années. D’autres plus anciens sont dans un grand sac rouge en bas d’une armoire. Et dans mon panier _au cas où on ne sait jamais_ il y a toujours un carnet très petit format. Les carnets de voyage sont rassemblés dans une jolie boîte, remplis d’un quotidien que des photos ne sauraient évoquer. L’histoire d’un carnet, commence toujours par une rencontre pas toujours préméditée plutôt fortuite. En faisant mes courses, je le vois là dans un rayon, souvent seul il m’attend. En voyage, je le cherche, je ne le trouve pas, son manque m’accompagne partout, j’écris sur des supports imprévus et enfin il est là, je l’apprivoise et nos rendez-vous se multiplient jusqu’à ce qu’on ne se quitte plus. Chaque carnet neuf est comme un premier jour d’école : ne pas oser écrire sur la première page et puis le déclic : je m’applique, espère garder cette écriture à chaque page tournée. Ma préférence pour les carnets du quotidien est plutôt pour les petits carreaux dans de grands cahiers, format pratique pour le collage d’articles, d’images découpées. Je les choisis aussi pour leurs jolies couvertures et toujours à l’occasion d’une opportunité de bas prix. Les vrais carnets, ceux de voyages sont ceux achetés en voyage. Sans carreaux, sans lignes, aux pages complètement blanches pour laisser place à l’imprévisible. J’ai une belle collection. Raisonnablement il me faudrait arrêter d’en acheter tant que les autres ne sont pas dessinés de mots, et d’images. Ce sont des carnets souvenirs à remplir pour me souvenir. Ils transportent déjà une histoire au-delà de leurs pages encore vierges. J’aime aussi beaucoup les rencontrer dans les boutiques des musées : comment résister. Un de mes fournisseurs favoris est la boutique du Centre National du Costume de Scène à Moulins. À chaque exposition renouvelée tous les six mois sont édités de nouveaux carnets. J’écris aussi sur l’application Evernote sur mon smartphone. Chaque jour sur mon agenda papier je note toutes mes activités dans un grand souci de chronologie. Et encore le journal fichier open office, que j’abandonne souvent, mais sur lequel je reviens toujours pour me rendre compte à moi-même d’événements détaillés. L’année passée, j’ai inséré plusieurs feuilles de vigne vierge aux belles couleurs d’automne entre chaque page de grands cahiers neufs où elles ont laissé leurs empreintes indélébiles. Actuellement mes écritures de minuit s’adaptent à cette image fossilisée et se révèlent forcément différentes.