Tu es la flamme, la flamme qui menace, qui menace de détruire ces carnets et ces cahiers. Tu es aussi l’oubli qui avance dans mon crâne. Tant pis.
Tu es toujours sur le bureau. Pas un carnet, mais un bloc note. Format A5 réalisé avec le recto des photocopies usagées des services municipaux. Pratique et économique pour la prise de notes ou, à la volée, pour fixer les bouts qui passe au crâne. Quand une de tes pages est remplie et ses notes utilisées : l’arracher pour archive ou corbeille.
Tu es toujours dans une poche. Pas un carnet, mais une application. Une bande orange et une page blanche avec deux lignes noires sur la miniature de la page d’accueil de l’iphone. Pratique et discret pour fixer les bouts de ce qui passe au crâne en sortie. Quand les notes d’une de tes pages ont été utilisées : corbeille.
Tu es toujours sur la planche sous le bureau. Cahier grand format gros carreaux de 96 pages acheté par lot de cinq en période de rentrée scolaire. Pas très pratique, couverture plastique trop rigide et trop d’envergure pour t’ouvrir en totalité sur la surface étriquée du bureau. Déversoir pour une sorte de journal de lecture et d’écriture à partir des carnets évoqués. Quand tu es fini, tu rejoins la pile avec les autres.
Vous êtes un stock de petits carnets et blocs-notes. Surtout des Clairefontaine 192 pages format 9 × 14 cm avec reliure toilée et couverture à carreaux. Vous avez servi pour les prises de notes à l’écoute des consignes. Vous êtes rangés dans une boîte à archive en bois.
Vous êtes deux. Achetés chez un vendeur de « vieux papiers » pour quatre euros il y a bientôt dix ans. Jaunies et usagés, vous datez du premier XXᵉ siècle. Vous avez servi à un cheminot en retraite : ses activités et ses dépenses au quotidien. Vous détonnez dans la boîte à archive en bois.
Tu es le carnet perdu. Le petit carnet noir moleskine de l’aïeul aventurier. Une fois entre mes mains. Pas le temps de déchiffrer toutes ses pattes de mouche au crayon gris.
j’aime cette adresse aux carnets
Tutoyer nos carnets. Bravo!