Jamais de journal intime, ce genre de chose, du moins pas de souvenir. Plutôt des bribes inscrites au hasard des jours sur des supports disposés à portée, petits carnets offerts par l’un ou l’autre du genre adorables cadeaux. Parfois tentatives de commencer à cause du beau papier qui attire, à cause de la belle couverture en cuir ou incrustée de feuilles, pour vite s’alanguir, se retrouver écarté rangé oublié. J’en retrouve quelques-uns à droite à gauche, quelques mots à l’encre noire. Celui-ci, page 3. Paragraphe rayé d’un trait oblique, sans doute pour le supprimer. Je savais que les échanges pouvaient être violents et se solder par une rupture définitive. Aurions-nous le temps de nous accorder… ? Sur la page de gauche, un seul mot en petit et sans majuscule : père, suivi de trois points de suspension. Ce sera tout. Je le retourne, carnet à deux entrées. Un titre : Pays du sud. Et ça embarque… Il ne pleut jamais sur ce rivage. La terre blanche n’est rien qu’un étroit ruban. Des mots oubliés dans des carnets oubliés. Je me demande si je vais les jeter ou les faire brûler.
Merci pour ce texte Françoise. Tu sais, ça me rappelle ce que nous avons fait en atelier : une histoire racontée seulement par des notes de bas de page. Il y a quelque chose de cet ordre poétique ici. 🙂
merci pour ton écho inattendu, cher Laurent (qu’il me plaît de retrouver là…)…
car il me touche beaucoup d’autant que j’ai écrit très vite ce matin, regrettant de ne pas participer, juste m’inspirant de l’idée de carnet…
eh oui, je me souviens de ce travail de notes de bas de page… quelque chose de l’ordre irréel des choses réelles…
Toujours un bonheur que de te lire.
Te retrouver toi aussi, Cécile… dans cette merveilleuse famille Tiers Livre…
grand salut à toi et te lire aussi à mon tour
Je partage tout à fait cette distance par rapport aux carnets. Mais leur caractère énigmatique quand on les reprend des années après constitue tout leur attrait. Merci de le dire si bien !
oui c’est vrai, parfois quelque chose d’anodin sur le moment devient trésor des années plus tard..
mutations de la matière écrite ?
ce qu’on retrouve par hasard sur de vieux carnets et qui nous parle toujours.
jeter, brûler ? les laisser s’envoler
Mots oubliés, carnets oubliés, c’est là que se trouve notre commun, et l’intérêt et l’âpreté qu’il y a à fouiller là-bas…