Ils sont tous là, trainant par petites touches dans le désordre apparent de mes rangements. Les premiers qu’on remarque sont les plus petits et les plus colorés. Ils sont disséminés un peu partout et ne servent à rien d’autres qu’à me rappeler qu’un jour, je les utiliserai. Un peu en hauteur, trônent les vieux cahiers, austères dans leurs épaisses couvertures grises. Eux, je les laisse à leur mémoire. Ils ont beaucoup voyagé, connaissent d’autres contrées mais ils m’énervent par leur snobisme.
Perdus entre les livres, il y a ensuite les trop remplis, ceux qui ruminent doucement leur contenus et se repaissent de tout ce qu’ils renferment. Ils se relisent et se comparent entre eux, fiers de ce qu’ils sont. Gros et très bavards, ils forment un joli contraire à côté des vaguement commencés, les jamais terminés. Ceux là sont minces, droits et tristes dans leur inutilité de laissés pour compte.
Et puis, il y a Lui qui s’invite dans mes mains chaque fois que j’y pose le regard, lui que je trouve beau dans son jaune généreux et dans la fine élégance de sa spirale. Lui qui m’écoute écrire et me laisse libre de mes mots. Il les accueille sans jugement et les laisse s’épanouir au gré de mes pulsations, sans imposer de coupures au bout de la ligne car cela fait trop mal aux mots que d’être ainsi déchiquetés. Tel un métronome, il en respecte le rythme.
Parfois, il a des sautes d’humeur et se cache pour ne plus être dérangé ou emmené. Et je le comprends. Parfois, je l’avoue, il m’arrive de lui arracher une feuille pour enlever tout superflu, mais sa plainte en cet instant me rappelle que la perte d’un membre est comme une perte d’identité, que c’est un pas de plus vers la disparition. Alors je lui laisse un peu de répit car j’ai besoin d’avoir à mes côtés ce compagnon de route bien précieux et silencieux.
Bienvenue!
Merci !