Des carnets il y en a eu dans l’enfance. Des carnets à spirale de toutes dimensions, du format cahier d’écolier aux formats A5 ou A6 voire même plus petits, la couverture était cartonnée, les couleurs mates, un peu passées, kaki, beige, rouge très pâle, c’étaient des carnets pour recopier des choses ou pour dessiner, les pages étaient blanc cassé, quadrillées ou lignées d’un bleu un peu passé lui aussi. Mon père en avait un stock dans son armoire, je n’ai jamais su où il se les était procurés, sans doute un stock d’invendus qu’il avait dû récupérer quelque part, jamais cherché à savoir. Seul comptait le plaisir de lui demander un nouveau carnet, que c’était lui qui le donnait, ils avaient bien plus de valeur et de charme que ceux qu’on trouvait dans le commerce, je n’aimais pas leur papier blanc clinique ni leur couvertures légèrement brillantes rouge ou vert pétant. Il n’y a pas eu de journal intime. Pas ressenti ce besoin-là. Quelques tentatives mais jamais tenu plus de quelques jours, aucun souvenir même du support ou peut-être celui-là, une sorte de petit carnet avec des illustrations botaniques. Beaucoup de carnets ont suivi mais peu ont servi, pas de marque fétiche, plutôt lignes que carreaux, papier blanc cassé, toujours, parfois fin, parfois plus épais. Venue à l’écriture par la poésie, des phrases qui surgissent ici ou là et inscrites dans l’urgence sur des bouts de papier et la suite c’était sur l’ordi. Plus récemment un carnet Moleskine et un autre du même style à l’effigie de Corto Maltese, couverture orange, plastique, pour la prise de notes lors de conférences, notes qu’on ne relit la plupart du temps jamais ou d’extraits vidéos, ou encore un autre carnet style Paperblanks à l’effigie de Cthulhu reçue en cadeau à Providence pour y noter le processus de réalisation du Guide lovecraftien de Providence mais difficile de s’y tenir. Des carnets plus pour l’objet que pour la fonction, l’attrait de la couverture qui invite à un univers. Comme cet autre aux pages 100% coton enveloppé de cuir et maintenu fermé par un lacet, de cuir lui aussi. Pas non plus de lieu où les conserver, les anciens carnets à spirales aux gribouillis d’enfance n’ont pas été gardés, pas de carton, encore moins de valise, ils sont éparpillés dans des tiroirs qu’ils soient utilisés ou non. Dernièrement cependant le petit calepin Tiers Livre à spirale à la couverture cartonnée de couleur noire et bleue, rabattable avec un élastique pour maintenir le stylo à bille a pris sa place dans le sac pour des notations prises directement au volant (à l’arrêt il va sans dire) ou dans le tram ou le métro, ou dans des cafés mais toujours devoir en faire un protocole. Mais le carnet principal reste le document Word.