03/40 :
Je ne sais pas si tu sais, mais… Il se tourne, la phrase s’arrête, les points se suspendent et le mystère s’emmêle.
J’imagine alors toutes ces choses qu’il sait que je ne sais pas.
J’envisage ce qu’il ne sait pas que je sais et je sais qu’il y a des choses qu’il ne sait pas.
Mais jamais je ne saurai ce qu’en cet instant, il aurait fallu savoir.
02/40 : Une rondelle de citron. Carolina Herrera pour homme. Le tabac froid. Un feu de bois. Le brouillard. La résine de pin. L’essence. L’herbe coupée. Un morceau de gingembre. L’humus. La menthe. Le pain grillé. Un cabinet dentaire. La rouille. Ma maison. L’iode. Ma fille. Le bois de santal. Les pages d’un vieux livre. La cire des meubles. Et le monde. Odorat absent. Lointains souvenirs de ces milliers d’odeurs perdues. Les garder en mémoire à défaut de les avoir. Définitivement.
01/40 : Il fait beau et je marche vers la Place. Devant moi, une maman tire un minuscule tricycle sur lequel vrombit un enfant : il est dans une course, il est dans sa tête et il va gagner ! Ils traversent calmement la rue lorsque tout se transforme en cris : une voiture ne les a pas vus, cale et klaxonne en faisant rugir son moteur. La peur s’est invitée. Même si donner la vie rend la mort inévitable, tout ne tient jamais qu’à un fil. Noter pour exorciser