#carnets individuels

#01 Dans mon dos. Ce qui se passait. Ce qu’elle avait en tête. Comment elle s’y prenait. Tout en gestes lents. Ce qu’il fallait qu’elle voûte de son corps. D’abord baisser la tête. Faire le dos rond. Ramasser le corps. Réduire l’écart entre l’avant et l’arrière. Sortir de l’emprisonnement par l’effacement. C’était l’étape première, celle qui permettrait de mettre son plan à exécution. Le temps qu’il lui avait fallu pour en arriver là. Déjà elle avait une patte sortie du harnais et tout cela sans même tendre le mou de la longe.

Quand  tombe la contrainte, écrire à propos de la pulsion de noter  ce qui lui donne naissance dans le quotidien du jour et bien sûr ce qui vient en tête c’est cette image d’elle dans mon dos et pour se libérer du joug en catimini comment elle s’y était prise, quand inconsciemment j’aurais voulu trouver une échappatoire à cette incipit qui me clouait au pilori d’écrire et ne pas savoir quoi mais devoir le faire avec en plus le nombre de caractères comptés et si peu autorisés qu’à peine parti, en imaginant que cela arrive, que ça se déclenche, c’est appuyer sur le frein qu’il faudrait. Alors oui, écrire la contrainte du corps il avait fallu et c’était son image qui s’était imposée.

A propos de Anne Dejardin

Projet en cours "Le nom qu'on leur a donné..." Résidences secondaires d'une station balnéaire de la Manche. Sur le blog L'impermanence des traces : https://annedejardin.com. Né ici à partir du cycle«Photographies». Et les prolongations avec un texte pour chaque nom qui dévoile un bout de leur histoire. Avec audios et vidéos, parce que des auteurs ou comédiens ont accepté de lire ces textes, l'énergie que donnent leurs voix. Merci. Voir aussi sur Youtube.

4 commentaires à propos de “#carnets individuels”

  1. je suis tout à fait d’accord avec Anh Mat, c’est une image puissante… et partir du corps plié, ce vertige, le lever progressif du corps et de la pensée (bel écho avec le premier texte de Brigitte !)
    me fait songer à une danse contemporaine
    vous êtes Isadora D…. entendre votre voix

    et oui tellement juste : à peine commencé, il faut déjà songer à freiner !!