#Carnet individuel | J Hendrycks

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un couloir de métro et puis le froid et puis le vide à vue une forme sous couverture est-ce un corps mort un abri sous tissu une momie pour chauffer l’extrémité des membres qui craquellent les pas multiples ne voit plus le vivant mon ventre grogne face terre pendant que les hommes meubles poussièrent nos yeux nous avançons

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des cendres dans une urne déposée en HLM à mort condensé je me moque de l’endroit j’irais cracher dit Boris Vian aucune envie de vengeance je préfère comprendre la mort m’a privé de questions les réponses s’élaborent fictives j’aime les cimetières je n’ai jamais été dans le tien je préférerais m’adresser à la vivante capturée enfant que tu as fait tienne qui d’obédience pleurait les morts nous échappent et avec eux la compréhension fine d’actes torturés j’aimerais comprendre mais je n’ai rien à te dire je préfère ne pas te penser l’odeur des gitanes maïs suffit à envahir l’espace pour souvenirs

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Si j’enterre ma peau de guerre Silence à l’affut des odeurs musquées Silence Je parcours mon corps délesté il attend sagement engourdit de trop savoir Les vivants agonisent je ne veux pas de plainte un je épuisé n’a pas droit face Des vivants s’embarquent sur rives échoués les corps bleus Des coups lacèrent tendres la chair saigne Des bombes déchiquètent les bras en vol Le monde brûle des arbres suffoquent Des gémissements par poignées fabriquent des chemins Silence Je me disloque

30_ Leslie_ Kevin_25 novembre 2022
deux grands sourires selfies de 21 et 22 ans disparus après une fête chez des amis, les téléphones n’émettent plus signe, les voitures retrouvées vides, le chien ne grogne pas présence, les proches affirment une impossible disparition volontaire, un important dispositif à la recherche et des papiers d’identités retrouvés dans un conteneurs à vêtements dons, dernières paroles connues échangées à 3h du matin à Prahecq près de Niort, Deux-Sèvres, la capture d’écran Facebook circule sur tous les quotidiens régionaux

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repérer deux canapés face l’un occupé par un sac et un ordinateur se dire qu’on peut se mettre dans l’autre sans déranger ne pas relever le regard au retour du corps le haussement de sourcils le soupir les gestes agacés -qui dureront tout le long- s’asseoir dans le moelleux marron dire bon appétit quand son burger arrive voir le rictus savourer ma glace chocolat banane soupirer d’aise recevoir le merci grippé le merci craché s’en moquer ne pas prendre pour soi choisir de lui laisser et papoter douceur au chaud dans la pénombre des lunettes de soleil déguster sans s’attarder sur l’onde insatisfaite de celle qui va dans un café pour bosser mais voudrais surtout ne pas être dérangée je préfère ne pas recevoir les râleries la mauvaise humeur je préfère ne pas savoir ce que l’on pense de mon inconséquence nouvelle qui se moque des gens pénibles qui voudraient nous malaisé je préfère ne pas répondre attendre que ça passe je préfère ne pas recevoir ce qui ne m’appartiens pas

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Un enfant dit qu’un autre et sans distance un parent accuse sans se demander si son propre enfant Celui qui dénoncera le premier les enfants qui apprennent leurs corps Et de dire c’est grave sans se demander si ce n’est pas le message qui l’est plus Et de créer une bombe de mots à l’arraché entre parents d’une même classe qui ne pense plus objectivement dès lors que leur petit concerné Une micro société se prend les pieds dans les actes d’enfants sans la mesure ni la réflexion que les adultes appliquent à leurs progénitures Des parents imparfaits plussoient l’exemplarité

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un corps observe un autre corps faible ne plus savoir effectuer les gestes communs avoir envie de rebrousser d’avaler la fatigue de se noyer pénombre

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il faible épuisé_à peine debout_rendormir les yeux_les mots flottent_la lumière arrache_il coussin pour chat moelleux_il poids s’envole_rayé le sucre_dégommé l’alcool_le chocolat ne peux pas_il fait des choix qu’il croie survivre_il fait parce qu’on doit_il décide passer outre s éreinte_il a mal souvent voudrait tête contre mur parfois une boule en lit à l’instant il soupire_s’agace avance_il chope le beau en vol_triture doigts bouche cri à flanc de vigne_une langue râpeuse une patte s’étire et lèche l’impuissance_les bêtes savent les corps usés et réparent en silence

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est-ce que le silence de salle d’attente existe encore ? il suffit d’un bruit pour que se déchaîne les autres. les écouteurs n’existent plus, les commentateurs sportifs en fond comme si le monde était intéressé, les dessins animés pour occuper les plus petits qui des écrans ne retirent que le vide, les rencontres impromptues qui deviennent si joyeuses que tu partages la conversation. j’aime l’ennui d’attente, je n’arrive pas à lire à fixer l’espace, j’observe mais je suis agacée par ceux qui pense que nous sommes d’accord avec eux, que nous partageons les mêmes passions, une envie de salon intime commun. les salles d’attente ou le reflet incivils de nos inconséquences.

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Dénombrer la peur la possibilité l’attente. Il est 10h, 7h avant, ne pas oublier l’ordonnance ni le produit contraste. Quel doux nom pour l’injection en corps. 11 gouttes de jus de citron 6 la douleur 10 la fatigue levée épuisée une poignée seconde entre. La peur vaste ne se dénombre pas elle grignote lentement les heures passent. 5 minutes 17 secondes au téléphone avec la poste et le colis chez un voisin. 1h15 au téléphone avec une maman d’école associative pour refaire le monde intercalé d’infos. 2 cuillères soupe de carottes râpés trois poignées de graines diverses 1 de cranberries environ 30 feuilles de mache 1 filet d’huile d’olive 2 de vinaigre ou l’inverse : le repas du midi pendant 15 minutes. Il faut mâcher pour mieux digérer dit la santé. 2 filles aux pieds du lit plusieurs rires journées sûrement pas assez jamais trop de gaieté. Deux tentatives de siestes deux tentatives de lectures des yeux fermés pendant 45 min une porte ouverte un réveil oublié encore fatiguée. 25 minutes de voiture 5 minutes d’attente secrétariat 35 minutes d’attente salle 10 min avec le cathéter puis la machine un produit un casque pour le bruit un corps rentré et puis une voix robotisée qui demande de gonfler la poitrine du bruit 20 minutes. Et puis attendre encore le médecin 40 minutes. Refuser l’envoi du compte rendu, vouloir une voix qui dit si oui ou non. Pour l’instant tout va bien. Des années encore à dénombrer, au moins 12. Si tout va bien. Tout ira bien.
Croire faire partie des 2/3 à ne pas.

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La lecture comme nourriture et si le livre était déchiré abandonné sous la pluie avalé si les mots étaient niés est ce égoïste de penser la mort d’un livre lorsqu’une femme dehors est installée en campement fortune Mrs Dalloway peut-elle sauver malgré la frivolité fleurie est ce que la beauté de la langue suffit les hommes sol peuvent-ils encore accéder aux mots ne sont-ils trop en bas peut-on lire quand tout aspire fond gris. Je laisse ici paysage désolé le vent grince Virginia et la chambre que d’autres n’ont pas. Elle est emmitouflée la laine colorée du bonnet dépasse à peine du monceau tissu un peu à l’écart elle a construit un semi abri, elle ne demande rien elle est là et moi je me pointe avec mon livre pendant que d’autres meurent de froid je m’évanouis dans la langue. Est-ce indécent j’ai souvent honte de consommer du papier en l’examinant vital quand certains survivent peines. Je ne veux pas qu’elle soit jetée éparpillée je la veux pleine à distiller en force femme. Je n’ai pas eu le temps de déposer La condition humaine au cimetière, je l’ai laissé sur le canapé de la ligue cancer.

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Une main ne lâche pas son mégot la sècheresse ne s’enflamme pas les poubelles restent pleines. Combien de cigarettes encore rouge jetées par les fenêtres en plein courant route, combien d’inconsciences larvées depuis l’avant maturité pourquoi seule la neige et le sable contraignent les mains à ne pas flamber. Un étau négligemment se desserre d’une voiture, des hectares brûlent, des canadairs survolent un lac et des pompiers asphyxiés. Choisir de ne pas ouvrir les doigts choisir de ne pas acheter ce paquet nicotiné choisir de ne pas cultiver les champs pleins cancer enfants récoltants choisir ou perdre.

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Elle fait signe de passer devant voit le peu en bras sent le pas pressé décidé impatient peut-être. La ronde d’articles habituels est plus courte le tapis gris n’avance pas. Le visage las elle sourit timide j’en rajoute toujours de gaieté pour le moment pour la présence. La chaleur de la bouche sourire pour dire à sa journée pénible je te vois vraiment.

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« Dans l’espoir qu’un monde soit exhumé par le langage, quelqu’un chante le lieu où se forme le silence. Ensuite il découvrira que ce n’est pas parce qu’elle montre sa fureur que la mer existe. Le monde non plus. C’est pourquoi chaque mot dit ce qu’il dit et en outre, plus et autre chose.
Pour que les mots ne suffisent pas, une mort dans le cœur est nécessaire.
La lumière du langage me couvre comme une musique, image mordue par les chiens de la peine, et l’hiver grimpe sur moi »

Il est 21h trop tard pour la compil mais l’objectif je ne déroge pas les jours me fais signe. Je n’ai pas pu mais maintenant je peux. Je ne vais pas loin, des livres tout autour, suffit de tendre la main. Chevet le mieux, le maintenant, Alejandra veille, la page au hasard car tout chez elle mérite de dire peu importe donc je ne triche pas je prends et ouvre mais y a-t-il vraiment des hasards ? Je tombe sur « le mot qui guérit » le titre, va-t-il appuyer sur l’œil ou sur l’âme ? Je vais recopier et tourner la page jusqu’à pile 480 pour voir pour tenter je ne m’arrête pas en plein vol je finis le mot, les lettres ne peuvent rester dansantes sans partenaires ça fait 478 signes, j’avance, j’inverse. Je l’aime parce que malgré son suicide elle me chuchote la vie.

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Qui dit beau. L’embellissement m’intéresse en confort je demande que chacun puisse dormir en protection des cabines lits bancs qui se ferment pour un point sommeil véritable. Les cartons ne suffisent pas à murer le jour à claquer les mains baladeuses à réprimer le vol d’usage gras. De la nécessité de respirer pendant quelques heures sans aguets paupières sans taquets pieds. Il ne s’agit pas de parquer mais de disséminer dans les parcs dans les métros de véritables lieux de cultes repos qu’un ouvrier puisse poser 10 min un corps que le sans abri trouve arrêt sans pluie qu’une mère couve son bébé si besoin nourrir sans regards noirs. Le droit à la décence d’être né sans rien demander droit à partager l’espace en conscience avec les végétaux grilles ouvertes sur les instincts rêveurs. Chacun devrait pouvoir poser une tête relâcher un bras. Rendre beau accessible le primaire chasse capitalisme. Je rends la honte à ses propriétaires casseurs de bancs instigateurs de pointes sur métal pour empêcher la quiétude des corps. La base survie. J’embellis de soin rejet consommateur de celui qui jouit seulement de pouvoir payer. Le besoin rehaussé valorisé caressé. Je fustige le clinquant le beau n’est pas là ou dit la monnaie. Elle ment elle martyrise le bas peuple sans dents. Qui dit beau. Pas celui qui écrase les faces terre pas celui qui regarde le ciel et crache sur l’homme sol. Je dis non. Je dis le beau est douche repas eau accès sanitaire un coin soleil à l’abri corps l’appartenance rue béton oiseau.

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Je vole les mots à la journée, si l’on prête habitude à ce qui fait miroir vie, ils disent ce que l’on consomme ou l’on va qui l’on est et puis la rue qui s’étale franche et sans filtre, les bruits qui entravent la captation parfois. J’ai beaucoup guetté aujourd’hui et à travers je devine des existences souterraines. Des feuilles s’envolent, je suis perdue sans mes notes téléphone et je m’éparpille. Revenir à la base, sur des serviettes l’encre, sur ce qui passe nous avons perdu le papier de vue.

adieu c’est la première fois t’as fait un test ou pas on est au complet il est positif imaginez votre déco wesh reste tranquille aller hop au boulot oh putain heureusement que je suis restée chez moi ce week-end c’est beau le papillon la meuf elle va se dire je fais que ça de ma vie je réfléchis à tout ça pour te dire je suis très très mitigée ca a tiré un peu sur le dos la semaine dernière j’ai pas fait un truc de fou ici c’est des gaufres y a pas ce qu’on cherche c est pas normal 3.5 euros svp oui relâchez bien buvez un peu quand tu vois un truc qui te plaît on est calme y’ a pas les prix dans ce magasin c est pénible c’était assez étrange oui du coup faut toujours demander c’était pas un mauvais match ben je sais que c’est cette semaine on va le faire une dernière fois non mais je vais te redonner les sous si tu as mal tu arrêtes ah ben tu rigoles ou quoi? attends-moi baby je me crée un compte pour acheter le livre j’ai une baignoire c’ est pas toi? sur pass culture pardon toi c’est juste fringues et turbulette? tu avais pas déjà commencé un livre la semaine dernière je te fais pas de bisous j’ai mal à la gorge ah horrible il est con Paris c’est la meilleure école pour apprendre à conduire désolé c’est à emporter? hohoho la musica es una medecina attend ça a l’air génial ça a l’air trop bien je préfère marcher je vous laisse je vais chercher à manger et ceux qui donnent leurs avis sans cesse on va se liquéfier tu veux que je te redonne tout? reste pas au milieu tu vas te faire écraser pourquoi tu ne me laisse pas entendre? aller je te laisse a leu

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si je ferme les yeux, douceur que de provoquer la lumière, mon œil aime les pauses, j’entends les portes du placard ça cogne sur le plan de travail sûrement du verre des bruits de succions de l’enfant premier qui toujours le nez bouché mâche bouche ouverte, pénible dit habituellement la mère, le micro-onde appel aigu le réchauffage terminé, le souffle contre mon cou la petite main qui décortique mon bouton de tee-shirt les pas chaussons qui glissent sur le carrelage le vent dans la cheminée à travers les paupières l’ombre s’agite captation minute d’un mercredi famille d’automne malade et le carnet prend des allures d’intime journal déposé

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La bouche forme un O les mains portent en poésie le « somnambule du jour » l’histoire s’invente mais le son ne sort pas il est pétrifié en suspens autour du petit corps pourtant le vent souffle les ombres forment des taches sur le fauteuil des poupées couchées emmitouflées pour le froid pour l’exemple par reproduction du prendre soin deux petites tresses boucles d’or en équilibre sur la table assise elle instruit la lumière concentrée sur les lettres à demi extirpées de vouloir toute force savoir déjà lire alors que la fiction se dénoue si longue sous ses doigts les lettres peuvent rester couchées elle sait le goût du vent la lune qui brille autour des parents morts. Elle veille prête à délier les fils de vies qui n’existent qu’en songe. La bouche en O transcende les drames les larmes peuvent devenir rivière le noir cèdera place.

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Ici la pluie le gris l’enfant malade. La fièvre attaque la nuit grincement de dents se termine dans le gris du matin trop tôt. Et la journée court.

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8 ans deux bâtiments se font faces accessibles à pied. Bibliothèque et piscine mes deux occupations d’enfance libre d’aller seule. Je ne laisserais pas mes filles mais une autre époque dessinée.  Un chien bleu à la gouache saturée sauve une petite fille de l’esprit de la forêt passons la psychanalyse un grand attachement au chien perdu qui protège, et d’un concours de nouvelles une suite inventée. Les mots perdus la nouvelle sûrement peu élaborée premières mains cambouis premier mots arrachés pour imaginer une autre vie que d’ici. Je me souviens d’un chien rose quel cliché l’amour et le beau tout propre. Un cliché besoin quand de noir sont faites les nuits.
de l’importance de dénicher des fictions ajustables qui sauve de l’ambiant sourd d’un désir fou. 

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pendant un enfant sous coups pendant une femme vagin effracté pendant un enfant de faim pendant une femme sous décombres pendant un enfant membres arrachés pendant femme à l’arme blanche pendant un enfant vengeance père pendant
morsure brûlure humiliation meurtre
pendant que je reçois des injonctions calme bien être sommeil réparateur pendant
des hommes tuent

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ne pas
l’eau derrière le sourire pleine dents les arêtes jetées os poisson délesté la poule déplumée le glaviot éructé la puce pond dans la couette la rétine déformée déformante l’haleine fin de journée le bouton mal attaché les frisottis d’humidité le rictus nuisible le chien gémit
choisir plutôt de
le sourire malgré l’eau le poisson cru pour chirashi les œufs frais à la coque la bactérie expulsée sol le chat câlin doux sur couette le deuxième œil qui lit l’haleine chocolaté la tenue colorie les joues les cheveux encore sur tête le sourire vague l’oreille tendu au souffle sieste

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Trop d’hommes peuplent les rues foulent nos faces terre, j’ai donc choisi d’associer des autrices de ma bibliothèque aux rues que je parcours aujourd’hui, en compensation et puisque la ligue cancer est juste à côté du parc des poètes ce sera donc des poétesses pour contrebalancer plus encore l’invisibilité femmes.
Je refuse de fouler les rues qui nous écrasent sans haut et fort. Je revendique je poing levé je ça suffit.
Les rues racontent une moitié d’humanité évincée, des minorités silenciées. Des titres dansent, des hommes soumettent, des femmes bordent.

Alejandra Pizarnik Alexandre Cabanel Orane Thibaud Président Wilson Ananda Devi Pierre-Joseph Cambon Anne Sexton Maximilien Sully Hélène Bessette Edouard Leroy Anne-Marie Albiach Henri Pegoud Perrine Le Querrec Emmanuel Sera Camille Readman-Prud’Homme Louis Carayon Marie-Hélène Voyer Théodule Ribot Lisette Lombé Henri Bergson Kiyémis Sir Isaac Newton Julia Lepère Pierre Duchartre Sylvia Plath Paul Riquet Charlotte Delbo Edgar Quinet Laura Vasquez Jules Massenet Ethel Adnan Alfred de Musset Anise Koltz Pierre Abélard Mélanie Leblanc Archimède Souad Labbize François Feyne Aya Mansour Amiral Courbet Salpy Baghdassarian Théophile Gauthier Milène Tournier Maurice Ravel Edith Bruck Victor Hugo Grisélidis Réal Voltaire Audre Lorde

Il faudrait supprimer les rues et réinventer l’espace. Recommençons ajouré. Un monde d’où les petites filles peuvent écrire une adresse sans disparaître. Aujourd’hui les rues Mater bousculent le silence.

Alejandra Pizarnik Orane Thibaud Ananda Devi Anne Sexton Hélène Bessette Anne-Marie Albiach Perrine Le Querrec Camille Readman-Prud’Homme Marie-Hélène Voyer Lisette Lombé Kiyémis Julia Lepère Sylvia Plath Charlotte Delbo Laura Vasquez Ethel Adnan Anise Koltz Mélanie Leblanc Souad Labbize Aya Mansour Salpy Baghdassarian Milène Tournier Edith Bruck Grisélidis Réal Audre Lorde Hortense Raynal Andrée Chedid Albane Gellé Laetitia Gaudefroy Colombot Ada Mondès Florentine Rey Sara Bourre Lénaïg Cariou Laura Lutard Louise Labé Marceline Desbordes-Valmore Valérie Rouzeau Cécile Coulon Sappho Akiko Yosano Rupi Kaur Amanda Gorman Kae Tempest…………..

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Aujourd’hui je ne sors pas de chez moi entourée mien les visages voisins se souviennent des croisements rapides coin de rue.

le corps fléchit d’attente vive elle patiente sa promenade guette les mêmes corps fatigués pour accompagner les pas lourd les mots vivants trouer la solitude le visage lumière devant une porte a disparu depuis que le déplacement a eu lieu les enfants ne savent pas le corps sourire de la rencontre qui tient debout vie est-ce qu’elle s’illumine encore la nouvelle propriétaire a décapité l’arbre
le voisin ne dit pas bonjour le regard bas rentré malaisant est ce lui moi qui ne sens pas une alarme résonne le visage captif la bouche retournée un mélange qui m’inconfiance je ne resterais pas seul avec lui ni mes enfants tout près est-ce mal de craindre ce qui n’existe_peut-être_pas
rapide son pas avant depuis la mort au foyer les traits fatigués le sourire fragile les yeux toujours ténus elle enjambe le goudron les chiens servent de prétexte la mort donne coup et le corps se courbe

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La lèvre basse à peine un rictus l’impatience voix rattraper par un sourire l’œil tendu à peine un visage dévoilé le frémissement presque innocent presque pas.
personne personne
sommes-nous le gouffre entre ce que l’on pense être les seuls à, et ceux qui partage l’écueil du vide

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10h
Ritualisé avec lunettes, sans, autrement j’apprivoise depuis long mois le volet repeint le bruit des oiseaux derrière le grincement de la charnière le mûrier platane s’avachit. Un palmier un cèdre un pin l’immense sapin du voisin pointe les oiseaux ont fini leurs danse départ il pleut il gris quelques pointes de soleil loin des taches noirs atrophie la vue mais c’est la mienne le ciel pour rien le ciel s’efforce de me montrer les nuages clairs les pointes lumières qui vrille le drapeau occitan flotte sur la tour du château à côté de l’antenne relais. Rassurant je sais les bâtiments devant pleins de mes voisins si bons que j’en ferais bien famille.
Même sans lunettes je sais le familier un cercle des fées sous les feuilles, les moustiques là novembre encore. Des pies tourterelles provoquent le vent.

11h
Et d’un coup il pleut et moi avec mes lunettes de soleil parce que la lumière forte pourtant le ciel gris. Le camion envoie des trombes dans les roues. Il y a moi mes lunettes de soleil, le claquement de l’eau des essuie-glaces et ce ciel que je ne discerne plus. Regarde la route dis. Des fils sortent du ciel, tellement de fils relient terre, modernité, maladie peut être, haute tension, au loin ça pointe clair, au-dessus le nuage est gris foncé. J’ai toujours aimé les endroits lumineux et maintenant je me trimballe avec des lunettes de soleil toute la journée même chez moi, pour assombrir ma vue, je déteste les endroits sombres, des endroits glauques me mettent à mal pourtant maintenant je suis mieux là, enterrée dans une pièce les volets fermés, les arbres rentrés, le ciel fatigué. C’est cotonneux, j’aime foncer vers la lumière.

13h30
Un paon égyptien droit yoga tire l’œil le soleil pointe. Une exigence technique mains courbées.

17h30 une nuance uniforme de gris tire vers la nuit. Le vent léger pousse les feuilles, mes yeux supporte le bruit.

22h30
La nuit crache du rose les lampadaires polluent les étoiles elles restent cachées. Un soir brumeux. Tranquille. J’aimerais être à plusieurs endroits au même moment et dire ce qui se joue dans les ciels. Une toux déchire le silence et moi je respire le noir.

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D’abord apprivoiser les taches puis cueillir les incertitudes les formes et les couleurs le corps endolori l’œil clôt les mots flottent cerveau depuis des heures demi songe post réveil je n’arrive pas à les attraper si je ne décide pas de jeter la torpeur les nuits sont des heures de douleur sans bruit visible la langue se forme reste coincée un oubli depuis que j’écris elle veut cracher partout même dans l’absence d’espace même sans cohérence je ne suis pas du matin pourtant c’est là que viennent s’installer les mots au creux du brouillard dans le flou vision allongée noir un geste las que de réceptionner l’idée qui tente percée demi sommeil demi rêve demi jour le corps encore chaud les yeux se referment une lutte entre deux besoins viscères la fatigue emporte je vis demi je dors demi je somnole jour elle emporte ravage sur passage d’un coup plus rien de disponible il pourrait s’effondrer sans appel préalable mon visage est le signe pour l’attentif qui veut qui aime qui prend soin du vague le langage s’échine à convaincre le sourire ment celui qui veut attraper vol et soulage la nuit j’œuvre vie et les mots se forment pour moi seule

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Le village vide des pierres du gris un fond de soleil un chat borgne m observe une promesse d’apprentissage peint les murs à 200 mètres une boutique et 12 mains à l’huile s’attardent sur des toiles demi crayonnés. Les perspectives brouillées j’envie les grands yeux papiers. Un accent me propose d’entrer sur le seuil je sais les contours flous je manque les marches le temps n’est pas venu de sauter.

2_la foi tachée
Les morts devraient être libre mouvement en terre les camisoles de bois pourrissent l’âme a des ailes un drap rouge en velours appelle ma main d’enfant je refuse je n’accueille pas la mort les églises sont sinistres malgré le grandiose seuls les vitraux noirs Conques trouve grâce pour le retournement de la lumière d’un requiem pleines voix. Je voudrais composter mes os qu’un arbre palpite par décomposition.
3 novembre _ X_15 ans
8ème arrondissement de Paris, un prêtre séropositif de 52 ans rencontre un adolescent, le jeune aurait menti sur son âge via l’application. Et.
Il le drogue viole sans protection le laisse dans une chambre d’hôtel, abîmé
Ses amis au secours grâce à la localisation
Il était consentant dit l’homme d’église. A quoi, je demande ?
La maladie le sexe ou la minorité ?

1_
Le temps migration venu d’abord l’élégance aller-retour posés branche un coup de vent et spectacle bruyant ils se préparent répètent le voyage long piaillent ronde élaborée le son cueille tripes devenir oiseau capturer la chaleur l’automne là pas assez frais selon l’expérience siècle le monde fond je voudrais être hirondelle poussée par le vent et m’assoupir de soleil

29 commentaires à propos de “#Carnet individuel | J Hendrycks”

  1. rohhhh, trop bien la liste, et quand elle se démêle, oui !!! rebaptisons nos noms de rues, google street deviendrait folle, la poste nous paierai pour envoyer du courrier, le gaz dirait merde à l’electricité, on irait chez des voisines qu’on ne connait pas encore en se trompant de rue et ça serait marrant, une demi-douzaine de nouveaux métiers en résulterait, vive les nouvelles géographies,

  2. #21
    Hello Jen, tout ton texte pulse fort, mais cependant au regard de la consigne du jour, il me semble qu’il vit à partir de « choisir », mais peut-être est ce que tu as envoyé ce soir ? Je verrai ça tout à l’heure, ces deux lignes de révolte sociale et celle à discipliner le corps dépendant sont très fortes – le geste est puissant, on ressent le poing fermé et rageur,

    • Oui en effet c’était la consigne du soir! 🙂 Pas tout a fait dans les clous mais les clous et moi…:)

  3. (22) Douleur partagée tout le temps. Colère comprise. Comme chacun d’entre nous, je ne dis pas tout. Ou plutôt le dis autrement. Poser un livre dans un cimetière n’est pas étranger à ce qu’on soutient au quotidien quand le cancer- autre ennemi que seuls connaissent ceux qui l’ont combattu ou le combattent – détruit ou tente de détruire ce qui nous relie. Alors, l’un n’empêche pas l’autre: on peut déposer un livre sur une tombe ET soutenir les formidables personnels de l’IGR, entre autres. Des noms ? J’en connais.

    • Pour moi c’est Curie 🙂 l’oeil se soigne à Paris ou Nice uniquement! Ca ne facilite pas mais je vais profiter de mon séjour capital de décembre pour faire quelques expos!

  4. dans mon quartier, deux SDF lisent sans cesse et par tous les temps, donc j’imagine qu’ils sont bien contents d’en trouver…

    • Je serais ravie d’en donner le cas échéant mais je n’ose pas tjs les livres, j’aimerais faire plus toujours.

  5. Chère Jen, je passe souvent par ta page, furtivement mais je passe souvent, et je vois que je n’ai pas encore fait signe alors que nous en sommes à la #23
    je rattrape mon retard avec délices et te rejoins dans l’interrogation de la 22

    • Merci Francoise de passer furtivement jeter un oeil à mon carnet. J’essaie de lire le pdf chaque soir mais j’ai du mal à faire le lien vers les carnets individuels mais je nous lis et c’est assez beau cette émulation collective.

      • de mon côté j’ai plutôt tendance à aller lire chacun dans son carnet, j’aime sentir la continuité d’une langue, un développement… et je balaie les compiles en fonction du temps dont je dispose… et c’est étonnant oui
        te retrouver encore ce matin avec ce corps ému

      • Tu fais bien de venir ici car j’ai un peu de mal avec les horaires donc celui ci je ne l’ai pas envoyé a Francois pour ne pas ajouter surcharge car il était tard! 🙂