Traînent les carnets. Partout. Traînent dans un tiroir les 14 x 21 fins bleus, jaunes, rouges, gris, bardés de notes de répétitions, mots destinés aux acteurs. Errent dans un autre tiroir les 9 x 13 noirs avec élastique de fermeture, les Je Me Prends Pour Un Auteur, souvent annotés dans les cafés, compagnons de posture de sa propre légende et les 13 x 20 noirs avec élastique toujours mi notes de travail théâtral mi notes de projets littéraires tous abandonnés. S’épuisent sur le bureau des 9 ou 10 x 12 ou 13 sans allure, souples, massacrés dans les poches, glanés par-ci reçus par-là, tachés de vinaigrette ou de café, compagnons du repas sur le pouce-bureau, assignés à tel ou tel projet, abandonnés en cours comme les projets, réutilisés à l’envers pour autre projet, resté lui aussi à l’état d’envers. S’ennuient partout ces carnets témoins de ce qui a été fait et surtout pas fait, ce qui s’est écrit et a cessé de s’écrire, ébauches dilatées diffractées sous une écriture de cochon, un cochon qui aurait peur de son reflet dans le carnet-miroir. Carnet et projet sont dans un bateau. La mer est d’encre. Personne ne parvient à la jetée. Nulle trace. Nulle part.
ohhhh !! et pourtant, là, c’est écrit, et comment !!!
!!! merci !!!
Tout est dit ! Clair, net, direct. Pas besoin d’en faire plus. Comme je m’y reconnais ! Merci !
Merci. Je m’y reconnais aussi. Ça qui est terrible.
« Ébauches dilatées diffractées sous une écriture de cochon . » jeter l’encre ? Merci Claude je m’y retrouve aussi
Merci Nathalie. Ai envie de changer la fin : « Carnet et projet sont dans un bateau. La mer est d’encre. Personne ne parvient à la jetée. Nulle trace. Nulle part. »
Sais pas…
Me plaît aussi. plus ouvert?
Me semble. Plus souple.