- Ce qui se passe :
Un homme vient d’acheter sous une fausse identité un vieil hôtel dans un pays/continent où il est venu vivre. Premier texte : arrivée du personnage dans son nouveau domaine. Flashback qui révèle ses motivations et aussi une partie de son passé (pas encore sûre si ce retour en arrière est à insérer ici, si ce n’est pas trop tôt).
Personnages qui pour l’instant gravitent autour de lui :
L’ancien propriétaire de l’hôtel, ravi de s’être débarrassé d’un établissement qui ne lui rapportait plus rien et qui était fermé depuis longtemps ; la ville s’est transformée, son centré névralgique est maintenant ailleurs, la vielle mine qui a été à l’origine de sa construction est fermée. La ville vit de raconter son passé à ceux qui viennent la visiter. Cet ancien propriétaire, nostalgique d’un passé qui n’est plus, rêve de partir ailleurs, mais il n’a pas encore pris de décision définitive.
Le notaire chez qui la vente s’est effectuée : il a validé l’achat, pourtant, après la vente, il emporte toute la documentation chez lui, on se sait pas ce qu’il compte en faire. Il s’est peut-être aperçu de la fraude. Est-il lui-même peu scrupuleux ?
La logeuse à qui le personnage principal a loué une chambre lors de son arrivée dans la ville. Furieuse, car il va partir plus tôt que prévu. Elle sera privée d’un rendement supplémentaire. Elle a pour habitude de fouiller dans les affaires de ses locataires afin d’être mieux renseignée sur eux. Sur le dernier hôte elle n’a rien trouvé.
Personnages qui ont été intégrés après le premier texte :
Les voisins de la logeuse, décrits du point de vue de cette dernière. La femme du notaire, décrite du point de vue de son mari. Un vagabond qui squatte dans la cave de l’hôtel. Un chien qui a pris le train en marche et qui maintenant fera partie de l’histoire ; pour l’instant son maître est l’ancien propriétaire de l’hôtel.
Toutes les descriptions faites jusqu’à présent se passent en une même journée, alors qu’une tempête de sable (la ville en question se trouve proche du désert) commence à faire ses ravages.
2. Ce que je n’ai pas encore écrit, ce qui est possible :
Je pense que la ville va s’agrandir à mesure que les personnages la sillonneront, mais je n’en vois que le centre, avec des immeubles anciens, style colonial, et le lieu où se trouve le vieil hôtel, ao bord d’une route brillante et noire et puis après le sable du désert et quelques touffes de végétation grise. Mais la ville sera comme toutes les villes, vivant de sa propre importance, essayent de résoudre ses problèmes, avec de multiples attractions faites pour des intérêts divers. Les habitants sont-ils tous convaincus d’appartenir à un même lieu ?
Il est possible que la femme du notaire joue un rôle dans le récit, grâce à sa capacité de réunir différents mondes par le biais de son travail d’organisatrice et de productrice. Il en va de même pour la logeuse. Pour l’instant, elle est chez elle, rumine ses rancœurs et ses peines.
Je ne sais pas comment l’homme du premier texte va faire fonctionner son projet, quelle en sera la clientèle qu’il attirera dans son hôtel et s’il va faire bouger la vie de cette communauté. Les personnages attendent tous que la tempête cesse. C’est un délai que je me suis accordé. Mais s’il n’en sortaient jamais de leur claustrophobie ?
3. Qu’est-ce que je cherche ?
Au début de l’atelier, j’avais commencé par une histoire, un peu au hasard, mais, au bout de quelques pages, l’écriture n’avançait pas, les mots sortaient au compte-gouttes. J’ai appris qu’il ne faut pas insister. J’ai donc repris un texte que j’avais écrit l’année dernière et que j’avais développé dans d’autres petits extraits. Un personnage assez mystérieux, qui commet un acte irréparable. C’est un sujet qui m’intéresse. Comment survit-on à un événement traumatique qui fait chavirer du jour au lendemain toute une vie ? Je n’ai moi-même commis aucun acte irréparable, je dois donc essayer de voir ce qui ce passe dans la tête du personnage et cela m’intrigue. Que fait-il ? comment réagit-il, y pense-t-il tout le temps, quelle est l’image qu’il a de lui-même, est-il honnête ? L’oubli ou l’atténuation de la douleur sont-ils possibles ? J’ai lu beaucoup de choses sur ce sujet (des romans aussi) et les réponses à ces questions sont multiples et divergentes. Ce sera à moi de voir.
Je cherche des personnages qui ont quelque chose à dire et qui me disent quelque chose.
Sûrement en train d’écrire une version assez lointaine et beaucoup plus banale, mais version quand même, de Robinson Crusoé, roman que j’aime beaucoup, surtout par les registres de comptabilité que Robinson tient sur son île déserte et qu’il continue de tenir lorsqu’il en sort. Dans les deux cas, île déserte et pays lointain, il y a déambulation dans un certain espace et la reconstruction de cet espace moral qu’on pourrait appeler purgatoire intérieur. Mais on vit parfois toute une vie sur des désirs refoulés.
Les histoires d’hôtels avec Mort à Venise comme archétype me fascinent. Abandon des coordonnées, absence de repères, parenthèse, vie en suspens, gens de passage. Le rôle du hasard, le rien qui s’y passe. L’oisiveté du regard.
Je sais que beaucoup de choses que j’ai déjà écrites ou que je vais écrire vont tomber d’elles-mêmes, peut-être celles auxquelles j’attache en ce moment de l’importance. J’ai la quasi-certitude qu’arrivée à un certain point de l’écriture, il va falloir repartir d’une autre façon, à cause d’une toute petite saillie qui va faire tomber toutes les pièces. Un très bon signe si cela arrive.
J’aimerais savoir si je suis capable d’arriver au bout d’une histoire longue. S’il y a une intrigue ou pas, ce n’est pas important. Ne pas vouloir faire découvrir au lecteur par le biais d’un quelconque personnage tout ce que le narrateur voudrait dire, tout ce qu’il y a à dire.
4. Les conditions de l´écriture
Là, c’est le fouillis absolu ! J’ai tendance à aller dans toutes les directions au même temps. Mais les points de repère donnés lors de l’atelier sont des déclencheurs très importants qui font gagner beaucoup de temps. Ils fonctionnent aussi comme des balises qui permettent de ne pas se perdre.
L’écriture déclenche en moi un mécanisme de production de mots et d’images parfois effrayant mais produit aussi la panne de l’écriture. J’écris par petits bouts. J’ai besoin de savoir si le dernier va venir effectivement se coller au précédent. Pas de routines, pas de notes. C’est une masse informe qui va en s’accumulant, jusqu’à ce que quelques parcelles se détachent et se mettent en avant. La page écrite est la confrontation de ces images avec le mots, qui, dans ce cas, sont la réalité.
Merci Helena, la lecture de ce texte me donne envie d’aller découvrir votre livre, cet hôtel…
Merci, Lisa ! Contente que cela susucite de la curiosité ! Je le mettrai bientôt en ligne! Merci encore !
J’aime le choix de l’hôtel, lieu romanesque par excellence- Bonne continuation,
Merci beaucoup, Irène, de votre visite et de votre regard !
il y a un truc que j’aimerai savoir, c’est pourquoi (comme le héros de Profession Reporter, stuveux…) le nouveau propriétaire de l’hôtel a choisi cet hôtel-là précisément (bon, après il me rappelle furieusement le Jack de Shining, mais ça, c’est autre chose – il n’était que gardien, disons) (et après encore, où est la brune (ensorceleuse,ou fatale,ou qu’est-ce t’en penses ?) qui va faire chavirer le bonhomme ? :°)) très sympathique cette histoire en tout cas (mais quelle histoire…!)
Le nouveau propriétaire répond: c’était le seul hôtel qui était à vendre dans toute la région, s’il ressemble à Jack ?, peut-être, mais n’y a pas pensé, trop occupé de ce qui le tourmente, quant à la brune fatale, dans le pays, elles sont plutôt blondes et très terre à terre, mais un chien va bientôt lui faire compagnie. Ce qui va le faire chavirer ? Il ne le sait pas encore mais c’est évidemment le motif de l’écriture.
Merci pour ta lecture et tes questions qui obligent à penser vrai.
Je suis allée voir ton travail pour #L7. Ta grande franchise (et le courage qu’elle suppose) pour poser les questions et y répondre sans tergiverser.. Tu me fais rire quand tu parles de fouillis ! J’ai eu une pensée tout à coup pour un personnage joué par Jeremy Irons dans un film de Louis Malle. La toute fin du film Damage :https://www.youtube.com/watch?v=mP7ZljZQP24
Merci, Emmanuelle pour la référence au film que je vais voir. J’adore Jeremy Irons. Et merci pour ton encouragement. On navigue tous, je crois, dans beaucoup de doutes en ce qui concerne ce livre. Les partager et se savoir comprise fait du bien !
me semble être si exactement ce qu’il faudrait que je continue à reculer
Merci ! Cela le sera aussi exactement pour vous, j’en suis sûre !
moi, je me demande pourquoi ce personnage a acheté cet hôtel sous une fausse identité ? (j’ai voulu relire ta L1 en me disant que la réponse était peut-être dans le texte, mais il apparaît en grisé ; dommage)
j’ai aimé la référence à Robinson Crusoé et ses registres (dont je ne connaissais pas l’existence)
Merci en tout cas, pour le partage des méandres de l’écriture
Merci, Claire pour ta lecture et tes questions. Le texte dont je parle ici n’a plus rien à voir avec ce que j’ai fait au début, car il me semblait que je faisais fausse route (peut-être qu’ici aussi ! :)). Je n’ai pas encore publié de PDF avec le nouveau texte. Cet homme a une fausse identité, car il a commis un acte odieux, il veut essayer de reprendre pied dans un autre pays où on ne le connait pas. Merci encore de ton intérêt !
C’est une dissection au scalpel de ton texte. On peut en voir les viscères!
Et puis le légiste devient peu à peu boulanger: ce qui nous arrive tous: se retrouver devant une boulé informe de pâte qu’il faut travailler mais qui colle aux doigts!
Merci Helena
Image très juste ! Merci de la lecture, Géraldine !
Ta L7 m’a permis d’avoir un point d »appui pour écrire ma L7. Je partais dans tous les sens, tes interrogations et ton partage en chapitre me permettent de m’orienter dans mes propres méandres.
Je suis curieuse de savoir pour cet homme achète un hôtel pour se cacher, alors que c’est un lieu public, aux nombreux passages et passagers du monde entier, un lieu de tous les dangers. Veut il partager pour finalement se faire pardonner ? Que va apporter cette tempête de sable en plus d’un grand danger ?
Je cours à mon texte pour me poser également des milliers de questions 🙂
Merci infiniment de ta lectture et de tes réflextions. Oui, le personnage est parfaitement conscient du danger qu’il court, mais son hôtel se trouve dans un trou perdu, in the middle of nowhere. Il se croit à l’abri aussi bien de la tempête que des regards plus inquisiteurs. Peut-être se trompe-t-il. Mais toutes ces questions, il faut bien-sûr se les poser ! Merci encore !