Et l’angoisse qui se faufile. Dans la tapisserie à ramages des murs de la chambre, dans la toile cirée poisseuse de la table de cuisine, dans le pain de la veille, dans le cube de margarine, dans le sourire figé de la sœur, dans le silence pitoyable du père, dans le regard mauvais de la mère.
Pas loin de la maison grise rue des trois frères, il y a une autre maison, pas grise du tout, une table en Formica verte avec les chaises assorties, un buffet jaune pâle, une baignoire rose qui brille, un mange disques orange et deux quarante-cinq tours, dans une ville grise du centre de la France, il y a des maisons alignées et dans celle-ci précisément, quelque chose d’indéfinissable qui se loge partout, insidieusement, le plafonnier dont le néon clignote avant d’éclairer un espace sans ombre, il y a quelque chose d’agressif et de brusque dans cette maison grise. Peut-être est-elle plus grise que les autres?
Je me souviens du lac, de l’eau vert céladon et des canards qui tournaient en rond et de l’enfant qui avançait confiant, à 13 heures trente et une, il a disparu, frissons de l’eau. Dans cette ville grise du centre de la France, on a détruit les derniers quartiers ouvriers de mon enfance, Devant moi, la mer brasille, s’irrite et s’enflamme, la terre autour est vert cassé, ça sent la lande, l’herbe verte et l’ajonc.
Bravo pour ce texte coloré.
oui on sera amené à revenir sur lieux et maisons