fuir la zone de décalage avec le corps qui consent encore un peu encore un peu plus une once de force plus de verticale plus de flux dedans ça choit
Sans qu’on s’y attende, quelque chose de soi se désengage, se décale. La sueur vient au front. Suées. On tente un déplacement du corps. Il suit encore amplifiant dans son mouvement l’ampleur du vertige. Le corps cherche une issue, comme un poison à évacuer, un serpent constrictor dans les replis intestinaux, vacillant d’appui en appui jusqu’aux toilettes. S’assoir, se lever, se rhabiller, cataracte d’eau, blancheur immaculée céramique, psschiiiiit fragrance lavande, se laver les mains. Un pacte dignité avec ce qui tient encore à un fil dans la débandade en cours. Debout à la fenêtre, s’appuyer au rebord, au bord de l’abîme. Faire comme si on pouvait encore juste respirer à la fenêtre. Soi n’adhère plus, l’évidence se décompose. Rien ne correspond plus. Brusque rupture avec la verticalité. Carrelage froid tout du long, dur. Plus une once de force, niveau de flux vital au-dessous de zéro. Tempes en étau. Le froid s’installe dans la chair désertée. Pourtant, quelque chose tente d’endiguer le glissement vertigineux : respirer bruyamment, comme un phoque échoué. Phoque échoué. Respirer bruyamment selon un rythme reptilien d’au-delà maintenant que le corps impose encore pendant qu’un lointain de soi continue à se dérober.
Ce que je n’ai pas su faire et que vous avez si bien fait. Admiration !