J’avais besoin de sortir, l’ambiance à la maison devenait oppressante. Il est dix-heures du soir, il n’y a personne dans la quartier. Je marche, je marche, sans me préoccuper des alentours. Tout à coup, ma vision des choses et mes sensations ralentissent sans aucune explication. Alors je m’arrête et tourne sur moi-même. Je peux tout voir, tout sentir. Comme si le monde commençaient à s’arrêter de tourner.
Je vois les oiseaux prendre leur envol depuis un gros buisson. J’entends les branches tomber des arbres. Je vois les feuilles des arbres s’envoler dans une valse magnifique, d’un rythme lent et marqué. Elles viennent s’écraser dans le jardin de roses en face de moi, de belles roses rouges. Puis je regarde une chauve-souris tourbillonner autour d’un lampadaire jusqu’à disparaitre dans la pénombre. La lumière guide mes yeux au ciel et je découvre les milliers d’étoiles baignant dans cette immensité noire. Je ferme les yeux, je respire profondément, même ma respiration semble être plus lente. Je sens le petit air doux glisser sur mes joues, en revanche, je ne ressens plus depuis un moment la fraicheur de la nuit. Et j’entends la musique du centre-ville qui ne dort jamais, alors qu’elle devrait être forte, elle est calme comme si c’était exactement fait pour ce moment.
Tout commence à chaque fois ici, dans cette étendue d’ombres que l’on pense sereine. Non, elle recouvre simplement les horreurs que l’on ne peut pas voir.