Le bungalow est dans son dos. Il ne connaît plus grand monde sur terre. Son avant bras est devant lui, sur la table, depuis une heure. Il s’endort sans les yeux. C’est l’heure bleue au-dessus du camping. Les campings car et leur air de gros secret gentil. La piscine et, tout à fait au fond, la mer. Transats et parasols alternés. Pas encore la mer en fait mais une plage un peu en hauteur, un large fronton qui appartient au camping, qui ne s’aligne pas avec les vagues, et il faut prendre l’escalier pour cesser d’être un usager et devenir un nageur, un sauvage, devenir un noyé. Un hélicoptère survole les flots, tout à fait différent des hélicoptères de montagne, qui tournent en même temps que leurs pales, de cet étrange mouvement de piétinement céleste et rond, qui emprunte à la charge du sanglier sa détermination brusque et à tous les élytrés leur grâce aveugle, comme si légèreté était leur vue, ainsi qu’à certains animaux leur ouïe les munit instinctivement de l’équilibre. Pour l’hélicoptère de mer, désencaissé des flancs, libéré des contraintes des ubacs et adrets, la mer dessous n’est d’aucune gêne. Le ciel est plus bleu qu’il n’a été tout l’après-midi, la nuit commence sans le noir. Bientôt, la nuit prendra la place des choses. La mer illuminera encore un peu, d’écume et crépuscule. Les camping-car brilleront encore plus, avec au bord des vitres la capucine alourdie des corps. Les réverbères, ponctuation négligée, sont loin les uns des autres, le long de la route qui mène au camping depuis les dernières maisons dures de la bourgade et s’enfonce si bien qu’on croit s’en aller en campagne plutôt que s’approcher de la mer.
Bonsoir Milène
Zoom arrière très réussi !
Bravo et merci !