A l’école de la rue Vendôme Brigitte A – quai Victor Augagneur – a toujours été la première de la liste de la 11ème à la 7ème, Valérie F – rue Servient – était toute petite, sa maman n’était déjà pas grande, Nathalie F – rue du Pensionnat, devenue la rue d’Arménie, il y avait une église arménienne pas loin – a recousu ses oreilles décollées et faisait du cheval, Nathalie B sa maman était blanchisseuse, Jérôme P en vrai on se marierait et on tiendrait le Bon Lait de la rue de Bonnel, Olivier C avait la même tête carrée que sa mère, Bruno V son papa était fourreur, William T – quai Victor Augagneur – avait un petit frère dont on avait plâtré les deux jambes, Philippe G – quai Victor Augagneur – avait mis sa langue dans la prise et bégayait, Bertrand S et Didier R habitaient dans le même immeuble – rue Servient – l’immeuble du dentiste en face de la préfecture, j’aurais aimé chanter dans la chorale A cœur joie avec Marie-Françoise D, Maria n’écrivait pas sur les lignes, Antonio R venait du Portugal, David était juif, Pascal – rue Paul Bert – a été le seul garçon noir de ma classe, Christine d’une timidité maladive avait deux ans de plus que nous et ses règles en CM2, Violaine M aimait les petits pois lardons en sucre, Juliette G – avenue de saxe – a été ma meilleure amie jusqu’en 3ème, Hervé B avait les yeux bleus et me draguait, je préférais Jean C d’origine italienne qui avait une crinière de lion et la peau mate, Jean-Pierre C – cours de la Liberté – avait tenu le rôle de Napoléon à la fête de l’école, Roland P avait un chien, Bertrand V – rue de Créqui – et Cyril G étaient cousins, ils appelaient leurs crottes de nez des mickeys, Gilles B fut celui par qui caca boudin entra dans mon vocabulaire, Bénédicte J – avenue de Saxe – son frère était dans la classe de ma sœur, Christian V – avenue de saxe – sa sœur était aussi dans la classe de ma sœur, Vincent G plus tard est entré dans les ordres, Marc D – rue de Bonnel – son père portait toujours un nœud papillon et sa mère très brune un rouge à lèvres très rouge, Sigolène – rue Mazenod – avaient deux sœurs, Flore et Marine, leur maman était d’origine russe, Agnès G – rue d’Arménie – sa maman était encore plus vieille que la mienne, Pierrick T portait toujours la marque des lunettes sur son visage au retour des vacances d’hiver ; au collège Chaponnay, Laurent B avait un long cou, il aurait pu être le type du bus dans les Exercices de style de Queneau, Frédéric F était sur ressort, Didier S n’était pas bien grand, Marc S était gymnaste, daltonien et d’origine arménienne, il me roula une pelle parce qu’on nous avait décrété copain/copine après quoi nous ne nous adressâmes plus la parole, Salim A était barbu et intégriste avant qu’on en parle dans les journaux, Soraya Z sa mère avait les mains dessinées au henné et un point bleu sur le front, Cécile et Marie-Pierre D étaient inséparables, Cyril C je n’ai jamais su si c’était vrai que son père travaillait à la télévision, Ingrid B – rue de la Barre – sa maman était veuve, Sandrine I son père vendait des jeans dans une minuscule boutique, Frédéric P avait 15 ans, il suçait son pouce en classe de 5ème et habitait à Laurent Bonnevay, Magali R était moche, chez Martine S la sonnette jouait la « Lettre à Elise », Sylviane habitait à Bron, Raphaël J – avenue de Saxe – Sophie DT – avenue de Saxe – on se faisait coucou par la fenêtre, Roman P avait une tête à s’appeler Nadège, Jean J est arrivé en milieu d’année scolaire de Yougoslavie, Laurence P avait des airs de garçon manqué, Florence B sa mère travaillait chez Voisin quand la chocolaterie était encore rue de Bonnel, Annick G chaussait du 46, Marie-Ange R était une vraie garce, Nicolas traînait des pieds en marchant, Guillaume avait une chaussure avec une semelle compensée mais pas l’autre, Laurent F se branlait sous son pupitre, Jean-Luc C n’avait plus de père ; au lycée Ampère Bourse, Claire B habitait à Vaulx-en-Velin-Village, Frédérique L à Beynost, Christiane B avait de beaux yeux verts et sortait avec Didier L, Isabelle allait à pied comme moi, avec Marianne C on courait au parc, Jean-Marc Z exhibait chevalière en or et grosse gourmette, David C avait le regard de Christophe Lambert, Nadine dansait, Marie-Pierre dite Ma-Pie était langue de vipère, Isabelle M venait de loin, Valérie V était déléguée de classe, Valérie G était baba cool, Didier T dessinait des bandes dessinées, Régis GV redoublait, Anne-Claire aussi ; à l’université Lumière Lyon 2 sur les quais ou à Bron, Anne F s’assit à côté de moi le jour de la rentrée, Laurette avait les yeux verts et le poil noir, j’empruntai plus tard son prénom à Flavie G pour ma fille, Jean-François R était jurassien de Lons-le-Saunier, Fanny V grecque de Thessalonique. Quand elle repartit en Grèce, je lui rachetai ses meubles. Je me sers encore de son plat à gratin.
Et le gratin doit être fameux! s’il est comme le texte, je me suis régalée de cette accumulation!
Merci pour le compliment culinaire ! L’accumulation est roborative.
Ces têtes-là en font surgir tellement d’autres; merci!
C’est exactement ce que l’écriture a provoqué. Merci pour votre expérience de lecture !
J’adore, j’avais eu cette idée mais j’aime beaucoup comment vous l’avez développée. Un régal, oui!
Merci à vous ! J’aimerais lire cette même thématique déclinée par quelqu’un d’autre. J’irais vous lire prochainement 😉
quel plaisir à voir surgir en écho des souvenirs lointains, j’ai ressenti beaucoup de joie dans ce texte et le temps qui passe aussi merci
Merci Marie ! Le temps qui passe et semble se raccourcir – moins de noms en tête…
très réussi !
Merci Danièle pour votre détour par ici