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William Joseph Cliffe est un soldat britannique mort au combat le 22 août 1944. Il est enterré sur le côté nord de la petite église de Vauville, en Normandie (Calvados, pays d’Auge). Il est connu grâce au témoignage de Charles Delamare.
Biographie
William Joseph Cliffe est né le 14 mars 1924 à Stoke-on-Trent dans le Staffordshire. Il est le fils d’Annie Dale épouse Cliffe et de William Cliffe, tous deux nés à Mapperley dans le Derbyshire. Il est le beau-fils d’Ernest Albert Moorhouse, de Grouville, sur l’île de Jersey. On le retrouve soldat de deuxième classe au sein du 2ᵉ bataillon du régiment d’infanterie légère Oxfordshire and Buckinghamshire, intégré à la 6° division aéroportée britannique. Son bataillon participe au débarquement de Normandie et une compagnie s’empare du Pégasus Bridge. WJ Cliffe a-t-il été engagé dès le DDay ? En tout cas il participe à l’opération Paddle puisqu’à l’âge de 20 ans, il trouve la mort peu après la libération du petit village de Vauville. Charles Delamare raconte qu’en ce 22 août 1944, il a fraternisé avec lui quelques minutes et, trois quarts d’heure plus tard, le jeune soldat a eu la gorge tranchée par un éclat d’obus. Il est depuis inhumé tout à côté de l’église. Une stèle commémorative aux armes de son régiment a été apposée et est soigneusement entretenue depuis. On peut y lire : « Il vivra toujours dans mon cœur. Le meilleur des fils que Dieu puisse offrir. Sa mère ». Au dos, une plaque reproduit en français et en anglais le poème que Charles Delamare a composé en l’honneur de son libérateur.
Postérité
- Le poème de Charles Delamare
- On retrouve la tombe de WJ Cliffe dans le texte « La mort du jeune aviateur anglais » de l’autrice française Marguerite Duras publié en 1993 dans le livre Écrire aux Éditions Gallimard.
- http://70voix-m.blogspot.fr/2014/07/charles-delamare-et-les-eleves-de-1re.html
- http://www.mapperleyhistory.com/WW1-2/WW2-AA1.html
- https://www.ouest-france.fr/d-day/78ᵉ-anniversaire-du-debarquement-un-hommage-au-parachutiste-william-joseph-cliffe-a-vauville-c9785080-e4c9-11ec-9cab-2add8a765aa2
Annexes
- https://www.youtube.com/watch?v=Fg3kwrnJORY
- https://books.google.fr/books/about/Badinages_dans_un_massacre.html?id=Xate5ZgDCh8C&redir_esc=y
- https://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4888
Références
- Pierre tombale :
5393348 PRIVATE
W.J. CLIFFE
THE OXFORDSHIRE AND
BUCKINGHAMSHIRE LIGHT INF.
AIRBORNE
22ND AUGUST 1944 AGE 20
IN MY HEART
HE WILL ALWAYS LIVE.
THE BEST OF SONS
THAT GOD COULD GIVE-MOTHER
2. Charles Delamare :
Tu es là, couché, mon ami de sept minutes,
Cliffe, toi si heureux de m’avoir libéré
Après tant d’épreuves, de combats supportés.
Tu apercevais le résultat de ta lutte !
Je te souriais, adossés tous deux à la butte
Du chemin si sûr que ton casque fut levé,
Tu montras visage d’homme bien élevé,
Riant et m’appelant “Charles”, les sept minutes
Où tu vécus glorieux, fier, trois quart d’heure avant
Que te coupe la gorge un schrapnell allemand.
Près de l’église, à Vauville, nous t’enterrâmes,
Confié au sol, aux hommes par toi relevés
De la peur, de la honte : ils se trouvent chargés
De ton souvenir et du salut de ton âme. »
Charles Delamare, stèle commémorative bilingue, église de Vauville
3. Marguerite Duras :
« Et au milieu de la pelouse, il y a un tombeau. Une dalle de granit gris clair, parfaitement polie. Je ne l’ai pas vue tout de suite, cette pierre. Je l’ai vue quand j’ai connu l’histoire.
C’était un enfant anglais.
Il avait vingt ans.
Son nom est inscrit sur la dalle.
On l’a d’abord appelé le Jeune aviateur anglais.
Il était orphelin. Il était dans un collège de la province du nord de Londres. Il s’était engagé comme beaucoup de jeunes Anglais.
C’étaient les derniers jours de la guerre mondiale. Le dernier peut-être, c’est possible. Il avait attaqué une batterie allemande. Pour rire. Comme il avait tiré sur leur batterie, les Allemands avaient répliqué. Ils ont tiré sur l’enfant. Il avait vingt ans.
L’enfant est resté prisonnier de l’avion. Un Meteor monoplace.
C’est ça, oui. Il est resté prisonnier de l’avion. Et l’avion est tombé sur la cime d’un arbre de la forêt. C’est là – les gens du village le croient – qu’il est mort, au cours de cette nuit-là, la dernière de sa vie. »
[…]
« L’année après sa mort, quelqu’un est venu pour le voir, ce jeune soldat anglais. Il avait apporté des fleurs. Un vieil homme, anglais lui aussi, Il est venu là pour pleurer sur la tombe de cet enfant et prier. Il a dit qu’il était le professeur de cet enfant dans un collège du nord de Londres. C’était lui qui avait dit le nom de l’enfant.
[…]
Le professeur avait dit le nom de l’enfant. Ce nom a été gravé sur la tombe :
W. J. Cliffe. »
Marguerite Duras, La mort du jeune aviateur anglais, Gallimard