Je l’attends souvent longtemps, je passe toujours très vite devant elle et pourtant tout mon regard est pour elle au moment où je passe. Je ne peux que la longer, mais parfois elle est sortie un peu du parallélisme de la route car des racines peuvent pousser par-dessous, elle a un genre de destin de pierre des montagnes. Pour que je la voie vraiment de loin, il faut qu’une grosse racine d’arbuste des fossés soulève par derrière sa demi-lune jaune qui, en basculant vers l’avant, se montre alors à moi de loin. Je peux me demander quand même si elle n’est pas touffe de millepertuis, il faut que je me rapproche encore un peu, voir son pavé blanc qui brille, malgré l’herbe qui le cache un peu. Je me rapproche encore plus, je suis encouragé à pédaler un peu plus vite en sachant qu’elle arrive, je vois même le plus grand pavé, celui du socle. J’arrive, j’aurais envie de lui parler, je suis presque devant elle et là, je ralentis, malgré l’encouragement qu’elle m’a donné. Je veux pouvoir lire le numéro qui risque d’être caché d’herbe, je me hausse, elle me donne le nombre, me fait calculer. Je sais enfin combien il me reste à pédaler.
Ah oui, il y en a de jolies, aussi avec de la mousse ou autres coiffes végétales sur la tête !