Aller, aller, passer d’une chose à l’autre, d’une émotion à une réflexion, d’une lecture à une autre, d’un combat à l’indifférence, de quelque chose à rien
Aller, aller trop vite, ballottée par le présent, le temps qui file et ne laisse rien
Aller, aller, sans creuser, sans approfondir, sans prendre l’envie de persévérer
Aller, aller et se laisser porter comme une algue dans le flot, il se passe toujours quelque chose quelque part, l’ennui n’est jamais là et c’est si doux souvent ce mouvement constant qui jamais ne s’appesantit ni ne s’arrête
Plus loin que le fil du temps qui passe
Plus loin que l’inattention qui veille
Plus loin que le mensonge, plus loin que l’hypnocratie qui monte même si elle n’existe pas
Plus loin que Juhanwei Xun qui nous parle de son néant agissant
Plus loin que rien, comment est-ce possible
Au-delà, au-delà de soi même quand on n’a plus l’âge des combats, que les révoltes sont derrière, qu’il faudrait une énergie que l’on a pas , que l’on a plus
Au-delà, au-delà de forces tellement énormes, tellement massives et acharnées
Au-delà de la peur aussi, cette autocensure qui monte et nous fait taire
Au-delà et se hausser pour apercevoir une lumière, une passion, quelque chose qui remplirait et aurait du sens. C’est ainsi que m’est venue la passion de l’archive, calme stratification du temps, des vies et des combats passés, calme des salles de consultation aux horaires réglés et partenaires muets.
Au-delà pour se sentir exister dans une continuité et une stabilité incontestables