C’était un jour à décapoter la voiture, un jour à manger l’herbe fraiche qui poussait dru. Un soleil brillant, des rires d’enfants, des jeux en terrasse, de l’insouciance et des effluves de fleurs portées par les souffles de vent. Des promeneurs à pied ou en vélo et des tenues légères qui sortaient pour la première fois de l’année. C’était un jour parfait comme il en arrive souvent au moment de Paques qui faisait remonter le souvenir de ce séjour très lointain avec une amie perdue de vue où la nature s’éveillait, où les bruits n’étaient plus les mêmes, où le soleil caressait les fleurs encore timidement. J’ai voulu le fixer sur une photo. La photo était réussie, mais la magie avait disparu. La nostalgie avait pris sa place.
La Ford mustang bleu s’arrête devant chez moi. Je comprends qu’ils sont là pour décapoter la voiture. Ce qu’ils font souriants et avenants. Tous les gens sont sympathiques aujourd’hui et même heureux que je les prenne en photo. Ils ne sont pas jeunes,sans doute plus vieux que la Ford mustang bleu dans laquelle ils circulent, cheveux blancs et casquette au vent. Comment rendre la douceur particulière de ce week-end de fleurs, de chaleur légère et d’herbe drue ? Les pissenlits sont en fleurs dans les prés, les enfants cherchent ceux sur lesquels ils pourront souffler pour disperser les akènes. Contre un cerisier en fleurs une échelle déjà posée comme prête pour cueillir les cerises. Les chevaux broutent les pâquerettes. Le vent agite les feuilles des poiriers d’un vert si tendre et les chênes eux-mêmes déplient leurs premiers bourgeons au milieu des feuilles sèches de l’année passée. Les enfants grimpent et sautent. Les promeneurs sourient. Les cyclistes sont insouciants. J’en croise un qui consulte son téléphone en pédalant. Je lui barre la route, ça le fait rire. C’est un moment de grâce comme il en arrive au moment de Paques. On dit que la pluie arrive souvent lorsque les glycines fleurissent. Pourquoi est-ce la pensée qui me vient ? Souvenir aussi d’un autre séjour très lointain, un week-end de Pacques, une amie perdue de vue, Catherine que devient-elle ? Pourquoi ce moment parfait me fait-il surtout penser au temps qui passe ? Pourquoi la nostalgie remplace-t-elle la joie ?
J’aime ce moment de Pâques que tu nous fais partager, c’est aérien et léger, merci.
Merci Clarence
J’ai aimé me promener dans ton texte, insouciante, moi aussi, les images qui défilent, les fleurs / plantes, les enfants, le mouvement… et sourire aussi : ‘J’en croise un qui consulte son téléphone en pédalant. Je lui barre la route’ – je t’imagine vraiment le faire… et cette phrase ‘La photo était réussie, mais la magie avait disparu. La nostalgie avait pris sa place.’ très juste.
Merci pour ce beau texte.