A l’aube, à l’heure où le soleil a peine à se lever, tante Sybille doit venir me chercher à la gare de Lyon. Tante Sybille est la sœur de ma mère. Elle habite Paris, a dû venir nous voir quelques fois quand j’étais petite. Maman me dit qu’elle me connaît bien, mais moi, je ne me souviens pas de cette femme, elle vit seule, elle n’a pas d’enfant. Maman me dit d’être gentille et de faire attention à mes affaires, de surtout tout ranger. Elle a peur que je sois impolie et ou désagréable avec tante Sybille. Elle nous rend service de bien vouloir m’accueillir le temps, pour eux, de nettoyer et de réparer la maison. Maman me dit que ça peut durer des mois. Tante Sybille m’ a inscrite au collège jusqu’à la fin de l’année scolaire. Elle est vraiment très gentille de me prendre chez elle, je rentrerai pendant les vacances scolaires si c’est possible, m’a dit maman.
Moi, je m’assois sur ma valise . J’attends Tante Sybille sur le quai, tous les passagers descendent du train, bagage à la main et se dirigent vers la sortie d’un pas pressé. Tante Sybille devrait arriver. Le temps est long, il fait froid sur le quai.
Et pourtant je n’ai pas peur du vent mais j’ai peur de la pluie. Je n’ ai pas peur des autres mais j’ai peur de rester sans amis. Je n’ai pas peur de tante Sybille, mais j’ai peur d’être seule, de me sentir perdue, dans cette ville, des parisiens, des gens, des grands, des petits, des sans-abris, des voleurs, de kidnappeurs, d’étrangleurs de jeune fille de province, j’ai froid, j’ai des frissons, j’attends. Je n’ai pas peur de tante Sybille, je ne la connais pas. Je n’ai pas peur de l’inconnu, ou si j’ai peur, qu’elle soit froide, sèche, stricte et sévère, comme les méchantes des contes. J’ai peur qu’elle ne me parle pas, qu’elle ne me connaisse pas, ne me reconnaisse pas. J’ai peur d’attendre sur le quai et qu’elle n’arrive jamais. Que tout s’arrête, là, maintenant. Je crois que le soleil s’est enfin levé, je le cherche des yeux , je ne le vois pas. j’ai peur qu’il disparaisse de ma vie. Je me retourne ne le vois nulle part, personne ne peut voir le soleil dans cette gare.
J’aperçois une silhouette au bout du quai. Elégante, perchée sur des escarpins, en imperméable, très grande, avec des jambes toutes fines et de longs bras. Elle porte un chapeau cloche. qui cache son visage. Je ne sais pas si c’est tante Sybille. J’attends un signe. Rien. Cette femme marche tout droit en ma direction. D’un pas sûr et rapide. Pas un geste, pas même un signe de reconnaissance. J’attends et ne bouge pas. Tout me fait peur. Elle, le temps, la pluie, le gris. Paris.
peur, pas peur ?
on oscille avec le personnage dans son attente et je me suis prise à avoir peur que personne ne vienne la chercher…
Exactement cette même sensation et on reste suspendu au chapeau cloche de cette femme qui approche…
Merci Rebbeca, j ‘aime aussi bc ton style et suis toujours curieuse de te suivre…
Merci Françoise, toujours beaucoup de plaisir à lire les textes de tous et puis ces retours qui font avancer, je poursuis mon histoire…
Merci de ton retour, si on a peur pour mon personnage, c ‘est que ça marche… (j ‘avais laisser des fautes, toutes mes excuses…).
Texte très poignant. Des peurs de petite fille que je reconnais, qui se réveillent à la lecture de ce récit captivant et inquiétant. Écrire l’attente à travers des peurs. C’est fort bien réussi. Merci beaucoup Carole pour ce moment de lecture.
Merci , pour ces retours , ça m ‘encourage à poursuivre mon histoire…
Merci Carole. Efficace. Oui, on a peur.
On sent tout . On y est . Merci Carole
Merci , pour tes lectures et ces partages !
Terrible cette attente, on a peur avec l’enfant et la silhouette qui s’approche n’est pas rassurante du tout. J’aime beaucouo aussi
cette alternance de peur/pas peur qui participe au tremblement du personnage.
Merci Françoise pour tes lectures et tes retours .
Mais que c’est beau Carole, merci.
Merci Clarence, toujours bc de plaisir à t ‘écouter lire le mardi …à bientôt.
Merci Carole ! oui, on y est ! La peur logée dans l’attente et qui déteint sur le paysage, l’atmosphère, réveille l’imaginaire de la peur à hauteur d’enfant…et puis l’effet de la parole talisman conjuration du « je n’ai pas peur de l’inconnu »…mais bon quand même… Et à la fin…suspense…alors ? C’est elle ?
Emilie, je poursuis à petits pas et coups de pinceaux mon histoire, te tiendrais au courant… grand merci pour ces échanges