Elle se jette dans la vie, elle plonge, elle sait nager. Elle n’a pas peur, non, pas peur du tout, elle a tellement envie de vivre, de faire, de dire, de ressentir, de réaliser, la peur n’y a pas sa place. Si elle s’écoutait, elle la sentirait peut-être, peut-être que la peur serait là, au fond, tout au fond, la peur d’y rester, de ne pas remonter, de ne pas être à la hauteur de tout ce qui lui reste à faire. La vie est si grande si vaste si pleine d’espoir de savoir de pouvoir que la peur n’y a pas sa place. Peut-être plus tard quand elle prendra le temps de se poser, de réfléchir, peut-être plus tard quand elle aura créé des liens des amours des amis des enfants des joies des regrets des devoirs des engagements, quand elle aura perdu sa liberté d’avant, peut-être qu’à ce moment-là, elle aura peur. Peut-être qu’elle aura peur de perdre, peur de rater, peur de fatiguer, d’user, de vieillir, de glisser trop vite sur le toboggan de la vie, de plonger trop bas, trop profond, de ne plus remonter, de manquer d’énergie de temps d’envie, peur de lâcher, de se renier. Elle se demandera ce qu’elle aura réussi, ce qu’elle laissera en héritage, en bagage, en image, ce que deviendront ses trésors, ses livres, ses tableaux, ses fleurs, ses arbres, ses recettes de gâteaux, ses enthousiasmes et ses entreprises, elle s’interrogera sur la place des traditions qu’elle a laissées de côté dans sa soif de liberté, sur la trame des ancêtres d’ici et d’ailleurs dont elle fera partie quand elle ne sera plus là, peur ultime, peur fondamentale, ne plus vivre, ne plus voir, ne plus participer, ne plus être, là elle aura le temps d’avoir peur…
Tant de raisons d’avoir peur, dans le petit monde et dans le grand univers, reste le courage, la sagesse et l’espoir pour lutter et vaincre autant qu’on peut…. et chacun espère trouver sa manière pour survivre à ses peurs