A Vaison la porte d’entrée de sa maison est restée béante laissant passer fleuve et rivières. Lit, placard et maison de Barbie restent immobiles dans la boue stagnante. La décrue arrive le désastre émerge alors qu’un soleil éclatant inonde de lumière les restes du cataclysme. Plus de colère pour claquer la porte de la chambre aux huisseries engluées. C’était pitié et tristesse à cœur ouvert. Maison fermée sous scellées un pas devant l’autre elle est accompagnée dignement jusqu’aux portières du train qui se referment dans un claquement d’une violence inouïe. Puis c’est un long voyage qui enfile les pays et les paysages jusqu’à la grisaille parisienne. Une autre main aux ongles presque crochus la tire jusqu’à la gigantesque porte de la gare surmontée d’une horloge aux aiguilles disciplinées. Puis c’est encore les portes du métro au bruit métallique qui l’enferment dans le silence. Pas un mot, pour dire l’avant et puis un peu d’après, histoires d’espoir. Rien. Tourniquet, courant d’ air, pollution, escalier, goudron, tête baissée, elle se laisse tirer jusqu’au seuil d’un immeuble ancien aux lourds vantaux de bois sculptés. Eux aussi se referment sur un petit claquement sec et définitif. Elle sait après ça plus de retour possible dans le monde d’avant. D’un tour de clé on l ’a fait entrer dans un appartement en noir et blanc puis dans ce qu’ on lui présente comme son coin. Une sorte de cellule étroite lit tablette étagère fenêtre sur cour sombre. Demain c’est la porte du collège, dormir, réveil à 7h00. Épuisée, paupières refermées, pensées cadenassées.
8 commentaires à propos de “#boost#02/ (suite 00 et 01) Attention à la fermeture des portes”
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Chamboule vraiment ce texte, très fort.
Merci Perl, les portes s’ouvrent et nos émotions aussi…
et du coup lu ce qui précédait. Cela va faire sens et un corpus à continuer explorer.
très fort, oui, bravo, aussi bravo de tenir le cap du récit, ce porte à porte le sert. « Plus de colère pour claquer la porte de la chambre aux huisseries engluées. C’était pitié et tristesse à cœur ouvert. «
Merci Véronique, c ‘est agréable d’ écrire, construire pas à pas et surtout partager.
suite de portes ouvertes et refermées qui conduisent le personnage dans un lieu qui ressemble à une « cellule », je crois que tu écris le mot, et on sent bien cette progression
la sensation de certains bruits perdure à la lecture
oui, préserver le fil du récit qui te préoccupe
Que j’aime ce titre à tiroirs! Des tiroirs comme des portes qui ouvrent sur tout ce qui se joue dans cette détresse post cataclystique… merci !
Merci pour ce texte. De porte en porte c’est un récit qui s’écrit. C’est fort.