#boost#02 Portes

Une grande porte cochère fermée à clef pour la sécurité des habitants de l’immeuble. Tu auras une clef quand tu seras plus grande. Des boutons de sonnette en laiton trop hauts pour les petits bras. La mère surveille l’arrivée de la fenêtre pour ouvrir en appuyant en réponse sur un autre bouton de sonnette là-haut. La porte s’ouvre pour toi comme par miracle, à chaque fois. Pousser la lourde porte avec les épaules. Entrer dans le couloir sombre vaste haute pavée de vieilles pierres. Plonger dans l’odeur familière humidité plâtre poussière lessive. Monter les premières douze marches en marbre puis deux fois un escalier en colimaçon accompagné d’une rampe en bois cirée.
Au bout du couloir carrelée de blanc et noir une porte cadre chêne avec des vitres rectangulaires protégées de volutes en fer forgé. Une serrure en hauteur. Plus tard trois serrures compliquées pour plus de sécurité. Sonnette. Lumière. La porte s’ouvre sur la douceur d’un parquet blond. Voix accueillante et odeur délicieux de café et de gâteau sortant du four. Tu es chez toi.
Vacances d’été à la ferme. Une très petite ferme dans une campagne verte. Quatre portes mémorables pour une petite citadine. La porte basse du porche menait dans une pièce sombre éclairée seulement de deux petites fenêtres chauffée hiver comme été par une grande cuisinière à bois où sifflait la bouilloire d’eau du matin au soir. Une petite pièce sombre remplie par une grande longue table et des bancs en bois où tout le monde se serrait à midi pour le repas. Dans le bâtiment attenant une porte étroite et massive ouvrait sur l’étable vaches et bœufs alignés accrochés le long du mur. Ambiance étouffante meuglement des bêtes odeur de bouse de lisier de paille humide de sueur renfermée. La grande porte du grenier d’à côté en lattes de bois à peine rabotées s’ouvrait à grands bruits de raclement sur un murs en bottes de paille alignées entassées jusqu’aux poutres du toit. Dans le coin en face des tas de grains de blé amassés accumulés ruisselaient sur une pente comme le sable sur une dune, comme l’eau coulant d’une source. Odeur de poussière blonde.
Et pour d’autres dimanches et fêtes, la porte d’église lourde fière. Pousse la porte d’entrée toujours à droite ou la grande porte à deux battants ouverte pour les cérémonies. Pousse la porte avec tes pieds avec tes bras avec tes épaules vers les lumières éclatantes les dorures scintillantes les piliers en marbre. La nef inondée de soleil de couleurs de lumières. Odeurs de bougies vacillantes dans le courant d’air sons puissants des orgues qui jubilent. Et parfois tu rechercheras l’ombre le calme la tranquillité dans une lueur de crépuscule. Solitude recueillement sérénité peut-être

A propos de Monika Espinasse

Originaire de Vienne en Autriche. Vit en Lozère. A réalisé des traductions. Aime la poésie, les nouvelles, les romans, même les romans policiers. Ecrit depuis longtemps dans le cadre des Ateliers du déluge. Est devenue accro aux ateliers de François Bon. A publié quelques nouvelles et poèmes, un manuscrit attend dans un tiroir. Aime jouer avec les mots, leur musique et l'esprit singulier de la langue française. Depuis peu, une envie de peindre, en particulier la technique des pastels. Récits de voyages pour retenir le temps. A découvert les potentiels du net depuis peu et essaie d’approfondir au fur et à mesure.

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