La Cham des Bondons
Rien autour de toi. Rien que du paysage. Du ciel. De l’air, du vent, parfois de la tempête, ou du brouillard, brouillard épais qui étouffe, qui éteint. Un plateau calcaire à 1100 mètres. Parsemé de menhirs. Un champ de menhirs.
Tu es au milieu du paysage. Tu es au bout du monde. Tu es le centre du monde. Planté au centre du monde comme un pilier. Bouge ! Regarde autour de toi ! Tourne ! Lentement !
Des landes rases, des champs, des clôtures, et partout des menhirs. Mégalithes. Imposants monuments de pierre. Stèles érigées sur cette terre aride il y a longtemps par les ancêtres. Des menhirs qui tiennent droit sous le ciel tourmenté. Veilleurs du temps.
Derrière toi, l’étendue d’une forêt de pins. Au loin, à la lisière des arbres, un hameau, des maisons trapues en granit, un clocher de tourmente. Des prairies humides, fleuries plus tard de narcisses et de gentianes. Des vaches couleur ocre clair, race Aubrac, qui y paissent tranquillement. Le bruit d’un tracteur sur un chemin forestier. Deux routes solitaires qui se croisent. A droite, les bords escarpés du Causse de Sauveterre se précipitent dans la faille de la vallée. Falaises blanches et forêt noire. Le soleil couchant les dorera ce soir.
Devant toi une pente, un sentier caillouteux en descente qui te mènera dans une combe verte, fertile. Un peu plus à gauche, deux mamelons s’élèvent côté à côte, sœurs jumelles, collines arides, résidus géologiques, les Puechs. Tu devras les escalader pour découvrir une vue admirable sur les vagues du paysage, le moutonnement du Causse de Sauveterre, les falaises en dolomie du Causse Méjean, la crête acérée de la Cévenne, tourne ! tourne encore ! tu découvriras la longue chaîne du Mont Lozère poudrée de la neige d’hier. Regarde encore ! De l’espace, de la solitude, de l’âpreté, de la beauté…Respire !
Ici, les bouts du monde sont nombreux, les coins à solitude aussi. Les grands espaces sont magnifiques, la nature est en liberté, rude et âpre, les habitants, peu nombreux, se resserrent…Pour moi qui ai grandi en ville, ces espaces sont des terres merveilleuses et contraignantes en même temps, loin de toutes propositions de la ville, loin des trains et des avions….et pourtant mon cœur balance ….respire !