Boost #10 | versets renversés déversés

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Boos#10 | versets renversés déversés

Chant 1

Aller ! où tremble la structure même du connu,
là où les parois hésitent, là où le sol ne consent plus.
Où le monde, sans bruit, se recompose sous le pas.
Où ce qui tient, ne tient qu’à peu.Je ne suis pas tombé.
Je n’ai pas bougé.
Mais j’ai senti sous moi le manque,
et ça m’a traversé comme une absence lente.

Plus loin ! vers les tiges dressées,
vers les champs réguliers du presque rien,
vers l’infime vacillement que le vent effleure à peine,
et pourtant : tout y est en attente.J’avance sans marcher.
Le paysage ne bouge pas.
Mais mes yeux savent
que je ne suis plus là où j’étais.

Et au-delà, les murs qu’on reconstruit,
les formes qu’on réinvente autour d’un verre, d’une lumière, d’un silence.
Ce n’est pas chez soi, non. Mais c’est là.
Et parfois, cela suffit.J’ai posé la cuillère
comme on tend un piège à la mémoire.
J’ai laissé la lumière jouer sur les murs
et j’ai fait semblant d’y croire.

Se hâter, se hâter !
De nommer le moment avant qu’il se replie,
de tenir la langue avant qu’elle oublie sa place,
de saisir l’interstice entre le cri et son ombre.

J’ai vu le cri se décoller de moi.
Je ne parlais plus.
J’étais ce qui reste
quand la voix a fui.

Aller ! dans la terre, creuser, résister, tomber, recommencer.
Dans la boue, dans le pli, dans le poids,
la terre parle par le corps, et le corps s’en souvient.

Je me suis allongé.
Elle m’a accueilli sans poser de question.
J’ai entendu le lapin, les herbes, la pluie.
J’ai compris qu’elle ne mentait pas.

Plus loin, plus loin ! là où le mot peur a mille visages,
là où l’on craint d’oublier ce que c’était,
là où l’ennui sauve, et le silence dévore.

J’ai eu peur de tout.
De moi, des autres, de ne plus sentir.
J’ai eu peur d’avoir peur pour rien.
J’ai eu peur que ce soit tout ce qu’il reste.

Et au-delà, les portes.
Portes vraies, fausses, entrouvertes, murées, répétées.
Une infinité de seuils pour un seul passage.
On entre. Toujours.

Je suis passé.
Je ne sais plus où.
J’ai refermé, peut-être.
Ou laissé tout ouvert.

Se hâter ! de tenir tête à tout ce qui nous plie,
au plafond faux, aux voix molles, aux cravates serrées,
se hâter de devenir mer, de se dissoudre au bon endroit.

J’ai tenu tête à la chaise.
Au couloir devenu océan.
J’ai tenu tête à moi-même.
Et j’ai perdu. Doucement.

Et au-delà, la rue du bout du monde,
les étoiles qui veillent sans se souvenir,
les ports qui ne savent plus accueillir,
l’instant qui hésite à se nommer.

Je suis resté là,
entre deux silences.
Un pas dans le vide.
Et rien de plus.

Chant 2

Aller ! où tremble la structure même du connu,
là où les parois hésitent, là où le sol ne consent plus.
Où le monde, sans bruit, se recompose sous le pas.
Où ce qui tient, ne tient qu’à peu.

Je ne suis pas tombé.
Je n’ai pas bougé.
Mais j’ai senti sous moi le manque,
et ça m’a traversé comme une absence lente.

Plus loin ! vers les tiges dressées,
vers les champs réguliers du presque rien,
vers l’infime vacillement que le vent effleure à peine,
et pourtant : tout y est en attente.

J’avance sans marcher.
Le paysage ne bouge pas.
Mais mes yeux savent
que je ne suis plus là où j’étais.

Et au-delà, les murs qu’on reconstruit,
les formes qu’on réinvente autour d’un verre, d’une lumière, d’un silence.
Ce n’est pas chez soi, non. Mais c’est là.
Et parfois, cela suffit.

J’ai posé la cuillère
comme on tend un piège à la mémoire.
J’ai laissé la lumière jouer sur les murs
et j’ai fait semblant d’y croire.

Se hâter, se hâter !
De nommer le moment avant qu’il se replie,
de tenir la langue avant qu’elle oublie sa place,
de saisir l’interstice entre le cri et son ombre.

J’ai vu le cri se décoller de moi.
Je ne parlais plus.
J’étais ce qui reste
quand la voix a fui.

Aller ! dans la terre, creuser, résister, tomber, recommencer.
Dans la boue, dans le pli, dans le poids,
la terre parle par le corps, et le corps s’en souvient.

Je me suis allongé.
Elle m’a accueilli sans poser de question.
J’ai entendu le lapin, les herbes, la pluie.
J’ai compris qu’elle ne mentait pas.

Plus loin, plus loin ! là où le mot peur a mille visages,
là où l’on craint d’oublier ce que c’était,
là où l’ennui sauve, et le silence dévore.

J’ai eu peur de tout.
De moi, des autres, de ne plus sentir.
J’ai eu peur d’avoir peur pour rien.
J’ai eu peur que ce soit tout ce qu’il reste.

Et au-delà, les portes.
Portes vraies, fausses, entrouvertes, murées, répétées.
Une infinité de seuils pour un seul passage.
On entre. Toujours.

Je suis passé.
Je ne sais plus où.
J’ai refermé, peut-être.
Ou laissé tout ouvert.

Se hâter ! de tenir tête à tout ce qui nous plie,
au plafond faux, aux voix molles, aux cravates serrées,
se hâter de devenir mer, de se dissoudre au bon endroit.

J’ai tenu tête à la chaise.
Au couloir devenu océan.
J’ai tenu tête à moi-même.
Et j’ai perdu. Doucement.

Et au-delà, la rue du bout du monde,
les étoiles qui veillent sans se souvenir,
les ports qui ne savent plus accueillir,
l’instant qui hésite à se nommer.

Je suis resté là,
entre deux silences.
Un pas dans le vide.
Et rien de plus.

Codicille

Il existe, en marge du chant 1 , une autre version.
Une voix seconde, discrète, fragmentaire, plus exposée.
Dans cette variation à deux voix, le texte se dédouble :
une voix pousse, l’autre vacille ;
l’une scande l’élan, l’autre murmure le doute.

C’est une manière d’ouvrir la consigne, non pour la contourner, mais pour en creuser la respiration.
Une parole à deux temps, qui dit la traversée et la résistance —
non plus comme un seul souffle, mais comme un dialogue intérieur,
entre le pas décidé et le pied qui tremble.

Ce n’est pas une rupture, c’est un bonus.
Un écart légitime. Une modulation.
Un contre-chant qui s’est imposé seul,
et qui prolonge l’expérience,
non par effet, mais par nécessité.

Boost #09 | ritournelle


Durant un instant les parois tremblèrent, tout ce qui était solide le fut beaucoup moins. Non pas qu’on eut besoin de toucher quoique ce soit dans ce périmètre, ça se sentait. Quelque chose qui remontait du sol, ou plutôt un souvenir de sol. Quelque chose qu’on avait volontairement, ou pas, oublié. Une friabilité discrète, jusque-là tenue à distance, s’insinuait à nouveau. Et lorsqu’elle devient évidence, on commence à recomposer la carte du monde, la sienne en tout cas. L’air se dilate, les formes hésitent. Il ne s’agit pas de peur. Plutôt un trouble inframince, diffus. On se redresse, on veut traverser. Et là, quelqu’un éteint la lumière, la rallume. Le temps d’un geste, le monde revient à sa place. Les objets ne bougent pas, mais désormais on sait : tout cela tient à peu. Ce qui était connu ne l’est plus


C’est une ligne, un seuil, une limite. On ne sait pas si on l’a déjà franchie. Il y a ce champ, un champ de tiges, infiniment régulier, infiniment fragile. Elles oscillent au moindre souffle. Rien de spectaculaire : juste cette sensation que le sol lui-même vacille, tout en tenant. Il suffirait de très peu pour que ça bascule. Mais rien ne bascule. On attend. Peut-être qu’on a toujours attendu. Le vent est léger, presque fictif. Les tiges se déplacent sans bruit. Un silence d’avant ou d’après. On ne sait pas où mettre les pieds. Alors on ne bouge pas. Et pourtant on avance. C’est imperceptible, comme une dérive. Le paysage ne change pas, mais l’œil, lui, enregistre un déplacement. Lent. Obstiné. Presque invisible. On tient debout. On tient le fil. Mais on sait aussi que tenir n’est pas tout.


Pas un chez-soi. Mais on fait comme si. On réorganise les gestes. On pose les objets familiers aux bons endroits. Une cuillère, un verre, un livre. L’ensemble flotte un peu, bancal mais suffisant. La lumière joue sur les murs comme si elle les reconnaissait. On ne cherche plus à comprendre. On occupe. On s’installe sans y croire. Ce n’est pas chez soi, non. Mais c’est là. Et pour un temps, ça suffit.


Boost #08 | moments, traversées du temps

1. D’abord reconnaître ce qui fut connu sans y penser.
L’enfouissement.
La répétition des cycles.
L’oubli.
L’attente.
L’oubli de l’attente.
Mille espérances.
Mille diversions.
Se tenir devant un immense champ de tiges.
Jeunes pousses tremblantes, vacillantes.
Une infinité d’arrachements possibles.

2. Le croire et le savoir se dressent.
Montagnes.
Gouffres.
La fatigue s’en ressent déjà d’avance,
mais quand même y aller.

3. C’est dans l’horizontal, dans le méandre horizontal
en serpentant selon sa nature
sans la forcer
que l’apprentissage de l’inertie s’acquiert.
Immense victoire.
Mais silence.

4. L’étalement permet de sentir mieux la vibration,
d’en apprendre le souffle,
bientôt un autre seuil
entre celui qui sent et ce qui remue en tout
sera franchi.
Pulsation générale
dont on ne sortira pas indemne.

5. Enfin, ce moment plus ou moins long
recréer le mur
la paroi
mais autre.
Ce ne sera jamais plus
ce sera toujours pareil.
Mais on s’y fait.

Moment où l’on doute du moment, moment d’effroi, moment où jaillit la brûlure du premier ridicule, moment de colère moment de peine, sale moment à traverser

Moment où l’ennui nous sauve du moment moment d’un point de vue, moment désespéré mais tenace moment du naufrage, des récifs, du phare et de la plage

Moment où cohabite blanc et noir chaud et froid pour et contre, moment dilatation-repli

Moment au centre de la terre, encore plus profond d’un moment à l’autre, le moment où l’on voit l’étendue de l’ennui dans ce même moment, avec des stalactites et stalagmites

Concrétion monumentale du moment vers le haut vers le bas où s’épuise la verticale où le désir n’a plus que l’horizon pour reculer

Stop. Sang chair os nerfs et tendons stop !
le mot ment mais mieux beaucoup mieux que le moment de vérité.
le mot ment mais en mentant il dit vrai plus que le vrai.
Moment de retour au moment pour ce qu’il est : un moment entre deux gouffres.

Moment du souffle court.
Moment du cri réprimé.
Moment du silence qu’on roule entre ses dents.
Moment de la rage de dent qu’on traverse.
Moment étudiant la douleur vive de la rage dedans.

(puis moment plateau)

Moment d’apaisement.
Moment de victoire.
Moment de toute puissance.
Moment du hourra.
Moment où le dehors et le dedans enfin sont tenus à distance.

Moment suspendu.
Moment suspendu dans le suspendu.
Moment au bord du dernier élan.
Moment sans exigence.
Moment où la langue ne sait plus s’agencer mais continue d’être bouche.

Un moment n’a plus besoin d’être compris.
Un moment s’éprouve à rebours.
Un moment redescend les escaliers de la parole.
Un moment glisse sous la peau des mots.
Un moment cherche une place dans l’espace qu’il défait.

Moment d’absence non vide.
Moment pas encore souvenir.
Moment qui insiste, mais bas.
Moment de rien, mais à part.
Moment en-deçà du moment.

Moment qui s’endort en soi.
Moment bercé par son propre balancement.
Moment sans nom qui a eu tant de noms.
Moment qui n’est plus un moment.
Mais qui reste.

Moment du mot trop net.
Moment sans souffle.
Moment sans vacillement.
Moment machine.

Moment relu, non pour comprendre,
mais pour y trouver ce qui manque.
Rien.

Moment qu’aucune voix ne rattrape.
Moment réduit à sa surface.

Moment qu’on ouvre et qui expose.
Moment trop nu pour être partagé.

Moment qui se referme.
Non par sagesse,
par instinct

Moment muré.
Moment sans suite.
Moment où le silence est seul possible.
Moment, enfin, de la seule lutte qui vaille :
une haine propre
une maladresse.

Boost #07 | deux formes inédites de conjuration.

1. Je sera on, il y aura un top de départ, une date, une heure, on sera tous réunis ici dans ce même point, toutes les lignes de temps seront remises à zéro, une bonne fois pour toutes. A partir de là on verra si on a envie de dire je à nouveau.

2. Tout sera court il le faudra ce sera dur peu y arriverons et le reste ne gagnera rien par chance.

3. Je me tairai. La lumière viendra à l’heure prévue. Je me tairai.

4. On saura bientôt ce que nous saurons bien plus tard ce que nous regretterons de ne pas savoir avant.

5. L’oiseau chiera. La merde choira. La gravité sera élucidée. Une fois. Pour toutes.

6. Tu carabistouilleras avec allégresse la lèche-frite qu’on te tendra en t’implorant de goûter aux délices de papouilles, non, ce sera peau de balle et balayette, à la pire aînée tu souhaiteras de trouver la fève de coiffer la coiffe tandis que tu agiteras ta trompe et tes larges oreilles esclave de toi-même t’aérant avec un masque aquatique et une paire de palmes.

7. On retournera le matelas. Le monde sera neuf. La fraîcheur pénétrera l’insomnie.

8. On saura bientôt ce qu’on saura plus tard. Ce qu’on regrettera de ne pas savoir avant.

9. Nous reviendrons nous asseoir sur ce banc, il y aura un jeune homme, nous ferons semblant de ne pas le reconnaître et lui de nous ignorer, le seul moyen de dépasser la gêne sera de ne rien dire, surtout pas.

10. Tu bigueuleras, ténu, soulogrèphe. Tu sautilleras jusqu’à la nef. Le bouffon tendra sa coiffe. Tu seras élu capitaine. Dispensé de ramer. Tu diras : Cap au Nord ! Qui m’a piqué mes mitaines ?

11. Tu carabistouilleras la lèche-frite. On t’implorera : Capoue. Tu répondras : peau de balle, balayette. À la pire aînée, la fève, la coiffe. Et toi : trompe agitée, palmes aux pieds, esclave de toi-même sous masque aquatique.

12. Tu re-sucreras les fraises. Une fois sera déjà trop.

13. Tu t’entêteras jusqu’à perdre la tête. Enfin : doigt vengeur pointé vers l’infini. Qui bâillera avec ta bouche close, là-bas, sur la mousse d’une vieille souche.


Déboucher le champagne à l’arrivée des fourmis dans la cuisine,
fêter ça dignement sans aller jusqu’à être pompette,
prendre des nouvelles de la reine,
les petits vont-ils bien, et votre époux, et votre cour toujours Versailles,
puis mettre tout ce monde à la porte en disant
désolé ma patience à des limites.

Se beurrer le front de beurre fondu tièdi,
faire craquer les phalanges,
écarter les doigts de pied en accordéon,
puis lassé reprendre ses vieux oripeaux d’épouvantail
retrouver ses potes corbeaux.

Gratter jusqu’à l’os la peau de ce vieux rêve ancien,
mort depuis des lustres au fond d’un vieux grenier,
le voir protester, geindre, ricaner,
laisser tomber sans oublier de se sucer les doigts.

Péter dans la soie,
s’en vanter avec un porte-voix
et descendre l’avenue en amassant derrière soi
la foule des badauds
puis soudain disparaître rouge de honte au coin d’une rue.

Boost #06 | n’abandonne pas.

L’habitant de la face en désordre n’abandonne pas.

Le front s’affaisse, les joues se délitent, les paupières hésitent entre l’ouverture et l’effondrement. La bouche veut parler, mais elle n’est plus qu’une fente molle d’où ne sortent que des lambeaux de souffle. Le nez, excentré, penche dangereusement vers l’oreille, aspiré par un vortex invisible. Mais il est là. Encore. Il s’accroche. Il ne lâche rien.

L’habitant de la face en désordre n’abandonne pas.

Trop de plis, trop de creux, trop de failles. La peau est un terrain instable, parcouru de cratères et de vagues brusques. L’habitude de la continuité s’efface. Ce qui était hier un regard est aujourd’hui une ride, demain un repli sans nom. Tout glisse, tout fuit, mais lui, il s’agrippe à ce qu’il peut. Il cherche une prise, une ancre, un point fixe dans l’avalanche de chair en mouvement.

L’habitant de la face en désordre n’abandonne pas.

Les visages affluent, s’agrègent, s’avalent. Il y en a trop. Empilés, comprimés, étouffés les uns par les autres. Des visages se mangent, s’absorbent, se fondent en une matière indécise. Il tente de se dégager, de se détacher de cette masse. Son propre visage n’est plus qu’un souvenir flou, un mirage dans la pâte humaine qui l’aspire. Mais il refuse la dissolution.

L’habitant de la face en désordre n’abandonne pas.

Il y a l’invasion. De l’intérieur, des grimaces s’insinuent, des rictus s’infiltrent, des expressions étrangères s’installent. Une bouche qui n’est pas la sienne s’étire là où il n’y avait rien. Un œil inconnu s’ouvre au creux du menton. Il combat, il repousse, il ferme les portes de sa chair, barricade ses pores, bloque l’accès à l’étranger. Il se défend.

L’habitant de la face en désordre n’abandonne pas.

Et quand tout aura sombré, quand il ne restera plus que des fragments épars, des lambeaux sans cohérence, il y aura encore une résistance. Une lueur dans un regard brisé. Un spasme de volonté dans la chair disloquée. Un dernier vestige qui dira : je suis là. Encore.

L’habitant de la face en désordre n’abandonne pas.

Boost #05 | au bout du cri

Le cri s’est détaché de la gorge, mais ce n’était plus une voix humaine. Ce n’était plus rien qui puisse être ramené au langage. Une onde. Un râle inversé, aspiré par l’invisible. Et pourtant, ce cri ne disparaissait pas. Il se réfractait sur lui-même, se propageait en dehors du temps et de l’espace, trouvant un point d’ancrage dans la matière. Il devenait autre. Il s’arrachait de sa source, se dédoublait, s’emplissait d’une présence qui n’était plus celle du corps qui l’avait émis. Son double naissait dans l’ombre projetée des parois du souterrain, une silhouette mouvante faite de l’écho d’un cri qui ne voulait pas mourir. Une matière vocale qui n’était plus la sienne, plus celle d’aucun organisme. Quelque chose de refoulé par la réalité même.

Là où tout s’écroulait, où la chair s’effondrait sous le poids des siècles accumulés, l’ombre se détachait lentement. D’abord un frisson, puis la silhouette se coagula, noire sur le béton craquelé, dans ce labyrinthe où les voix humaines étaient mortes depuis longtemps. Elle s’extirpait du cri, le déchiquetait de l’intérieur, le recomposait en un son non terrestre, un écho d’une époque où l’humanité n’avait pas encore prétendu à son propre mythe.

Les bottes marchaient quelque part au-dessus, mais ce n’étaient plus des bottes humaines. Elles faisaient vibrer la terre comme si l’univers se rétractait à chaque pas, une pression insoutenable contre les parois de la raison. Les dirigeants là-haut, ces entités décharnées, hurlaient des ordres qui se transformaient en poussière avant d’atteindre la moindre oreille. La langue du pouvoir n’était plus audible, noyée dans un ultrason de décomposition.

Le double grandissait sur la paroi, d’abord flou comme une réminiscence mal encodée, puis net, affûté comme une lame. Il tournait lentement sa tête sans visage. Il ne parlait pas. Il ne pensait pas. Il était l’inversion du cri, la négation de toute parole, une présence qui ne cherchait rien, sinon à être. Et cela suffisait à pulvériser tout ce qui se tenait encore debout.

Le narrateur, s’il en restait un, s’effaçait. Sa gorge était une cicatrice d’où ne pouvait sortir qu’un râle brisé. L’ombre était passée de l’autre côté, derrière les murs, infiltrant la structure de la réalité elle-même, et avec elle, le cri devenait un trou dans le monde. Un vortex inversé, aspirant le dernier semblant de narration.

Les murs tremblaient sous l’impulsion du cri, une déflagration muette qui parcourait la matière comme un virus à la recherche de son hôte. La structure du réel se fissurait lentement, libérant dans l’air une odeur de métal brûlé, un goût d’électricité statique sur la langue. On aurait dit que le souterrain lui-même essayait d’expulser quelque chose de trop ancien, de trop énorme pour être contenu.

Et puis, une lueur. Une irisation étrange, spectrale, suintant des interstices du béton. Ce n’était pas la lumière telle qu’on la connaissait. Ce n’était pas non plus une ombre. C’était l’interstice, la ligne fragile entre la substance et son reflet. Là, une forme se dépliait, longue, ondulante, comme si elle était tissée dans la trame même de l’espace.

Elle se détachait du mur lentement, surgissant du cri lui-même, un écho matérialisé qui refusait de s’éteindre. Sa texture fluctuait entre le solide et le liquide, entre le tangible et l’illusion. Elle n’avait ni yeux ni bouche, et pourtant elle était là, consciente, entièrement tissée de ce cri qui ne voulait pas mourir.

Les murs s’effritaient autour d’elle. Quelque chose se rétractait, une force inconnue refaisant surface après des millénaires d’oubli. Ce cri avait traversé le temps, s’était imprimé dans la structure même de la réalité, et maintenant, il appelait à lui son propre double, sa propre essence détachée du monde matériel.

Les bottes continuaient de résonner au-dessus, mais elles semblaient de plus en plus lointaines. Comme si elles n’avaient jamais eu de substance. Comme si elles n’avaient été qu’un vestige, une hallucination collective imposée par un système à bout de souffle. Il n’y avait plus de dirigeant, plus d’ordre, plus de structure sociale. Seulement l’ombre grandissante sur la paroi, tissée dans la vibration même du cri, prête à s’effondrer sur le monde.

Le narrateur n’avait plus de corps. Il était passé de l’autre côté, aspiré par l’onde. Il n’était plus qu’un regard suspendu dans l’éther, un témoin d’une apocalypse qui n’avait pas besoin de feu ni de cendres. Une apocalypse de l’être, un effondrement du moi, une chute libre dans l’abîme où les concepts mêmes se dissolvaient.

Et puis, plus rien. Juste l’écho du cri, étiré à l’infini, réverbérant contre les parois d’un monde qui n’existait plus.

Mais dans ce vide, une vibration. Une pulsation à peine perceptible, suspendue dans la matrice éteinte du réel. Une contraction, un battement primitif. Et puis, une forme embryonnaire, baignée dans un éclat blanc aveuglant, flottant dans un liquide sans origine. Quelque chose renaissait, en attente, tapi dans l’interstice du néant.

Pas encore. Pas tout de suite. Mais bientôt.

Boost #04 | Tenir une conque contre son oreille

— tenir tête à la lumière sans éclat du faux plafond
— tenir tête à la moquette trop lisse pour être honnête
— tenir tête aux cadres accrochés comme des trophées morts
— tenir tête à l’odeur de sueur et de déni
— tenir tête aux regards cireux repus de pouvoir
— tenir tête à la chaise droite, au dos contraint, à l’humiliation physique
— tenir tête aux cravates trop serrées sur les cous congestionnés
— tenir tête au soupir agacé, au cliquetis du stylo, au raclement de gorge qui juge
— tenir tête au bilan qu’on te tend comme un couperet
— tenir tête au vice-président et à sa voix sans contours
— tenir tête à la réprimande sur la tenue vestimentaire
— tenir tête au président rubicond et à son assentiment pavlovien
— tenir tête à l’envie de s’excuser, de flancher, de ployer
— tenir tête à la posture du coupable, au regard baissé, au dos voûté
— tenir tête aux phrases creuses, aux mots morts, aux verdicts pré-écrits
— tenir tête à la tentation de céder au remords de surface
— tenir tête aux illusions du repentir feint
— tenir tête à l’air vicié, au formol administratif, à la pièce close
— tenir tête au décor qui pèse comme un jugement
— tenir tête au monde qui attend qu’on se couche
— tenir tête au silence de tribunal
— tenir tête à la marée intérieure qui monte
— tenir tête à la conque imaginaire collée à l’oreille
— tenir tête à la brise qui n’existe pas mais souffle quand même
— tenir tête à la mer qui se glisse entre les mots des puissants
— tenir tête à la mouette muette dans la lumière d’un faux soir
— tenir tête au désir de fuir pour de bon
— tenir tête à l’ordre invisible, à la voix du dedans qui se lève
— tenir tête à la pièce qui retient, à la chaise qui colle, au pouvoir qui assiège
— tenir tête à leurs protestations, à leurs regards qui vacillent
— tenir tête à la dernière phrase, à la rupture, au dérapage assumé
— tenir tête au couloir devenu océan
— tenir tête à la ville qui se dissout, à l’instant de bascule
— tenir tête à la mer qu’on devient

Boost #03 | Quelles peurs ?

J’imagine qu’il a eu peur du noir, évidemment, mais aussi de ce qu’il ne voyait pas dans la lumière.
J’imagine qu’il a eu peur de l’abandon avant même de savoir ce que c’était, peur de n’être pas regardé, pas appelé, pas choisi.
J’imagine qu’il a eu peur du silence, puis peur du bruit, puis peur du silence à nouveau, comme si les deux se passaient le relais pour mieux le broyer.
J’imagine qu’il a eu peur de l’invisible, mais pas celui des contes ou de Lovecraft, plutôt celui des chiffres, des algorithmes, des serveurs enfouis dans la terre.
J’imagine qu’il a eu peur de ne plus rien éprouver, peur que sa peur elle-même soit une illusion.
J’imagine qu’il a eu peur de la transparence, de l’aseptisé, du tiède, du non-sens maquillé en bonheur.
J’imagine qu’il a eu peur des phrases trop courtes, des pensées trop simples, des slogans en bandoulière.
J’imagine qu’il a eu peur des bibliothèques, de leur promesse intenable, de tout ce qu’il ne lirait jamais.
J’imagine qu’il a eu peur d’avoir cru qu’il fallait tout comprendre.
J’imagine qu’il a eu peur d’avoir oublié comment on avait peur, peur que même le mot peur lui échappe.
J’imagine qu’il a eu peur d’être là, sans fonction, sans rôle, sans mission, juste présent.
J’imagine qu’il a eu peur d’échouer, puis peur de réussir, peur de n’avoir jamais vraiment essayé.
J’imagine qu’il a eu peur de son propre corps, de son vieillissement, de sa maladresse, de son inertie.
J’imagine qu’il a eu peur de Dieu, puis peur de l’absence de Dieu, puis peur de ne même plus savoir ce que signifiait ce mot.
J’imagine qu’il a eu peur des autres, peur de leurs jugements, peur de leurs attentes, peur d’y répondre à côté.
J’imagine qu’il a eu peur de rater, puis peur que rater ne veuille plus rien dire.
J’imagine qu’il a eu peur de n’être qu’un reflet, peur d’avoir été vidé de lui-même sans le savoir.
J’imagine qu’il a eu peur de la fatigue, peur du trop tard, peur de la répétition.
J’imagine qu’il a eu peur d’être lucide, puis peur de ne plus l’être.
J’imagine qu’il a eu peur de ne plus jamais être touché, ému, déplacé.
J’imagine qu’il a eu peur d’écrire, peur de se taire, peur que le langage ne l’abrite plus.
J’imagine qu’il a eu peur de se souvenir.
J’imagine qu’il a eu peur de ne plus croire.
J’imagine qu’il a eu peur d’avoir peur pour de bon.

Boost#02 | Le texte et la faille

La porte était basse et noire et derrière c’était un couloir de boue où les bottes accrochaient.
Une porte en métal blanc s’ouvrait sur une lumière crue et la table d’auscultation.
La porte pivotait à moitié et la pièce derrière n’était qu’attente et néon clignotant.
Porte vitrée trouble et dans la pièce une odeur d’amidon et des rideaux qu’on ne bouge pas.
Une poignée ronde et froide et un sol en lino collant avec des papiers froissés sur le bureau.
Une porte à trois battants et derrière les cris d’une télé toujours allumée.
Une porte qui raclait le sol et ouvrait sur une salle à manger vide avec une nappe en plastique.
Je poussais une porte sans poignée et l’intérieur sentait la pluie et les chiens.
La porte s’ouvrait à l’envers et derrière un fauteuil marron pelé et une lampe sans ampoule.
Une porte qui grinçait en continu et dans la pièce des cadres tordus, des chaussures sans paire.
Une porte coulissante trop légère pour être vraie et derrière un mur rose et une fissure.
Une porte entrouverte laissait passer un filet de voix et derrière c’était l’hiver sur le carrelage.
Une porte repeinte dix fois et chaque couche racontait un silence et une honte.
Derrière la porte verte il y avait un banc contre le mur et une cage vide au plafond.
Je touchais la porte du bout des doigts et la pièce derrière respirait à peine.
Une porte peinte couleur chair et dans la pièce une table renversée, des miettes, des mouches.
Porte d’angle qui tenait mal et dans l’angle un lit en fer, matelas crevé, couverture qui pue.
Une porte en contreplaqué qu’on oublie et derrière le silence exact d’un matin sans personne.
Une porte identique à cent autres et dedans la poussière seule faisait du bruit.
Une porte vernie s’ouvrait sur un miroir cassé où mon visage n’avait plus ses contours.
Une porte si fine qu’elle pliait au vent et derrière un évier, deux assiettes, rien d’autre.
Porte lourde et grise et derrière une odeur de linge mouillé et de radiateur brûlant.
Je pousse une porte et dedans c’est le couloir d’un hôpital que je n’ai jamais quitté.
Une porte verte s’ouvre sur un escalier en colimaçon qui descend vers l’eau ou vers rien.
Une porte entrouverte encore, et dans la pièce une lumière basse et des ombres sans corps.
Porte battante et dans la pièce les murs pleuraient, la peinture s’écaillait comme une peau.
Une porte peinte au pochoir et derrière des silhouettes figées dans l’attente de quelque chose.
Je repousse une porte ancienne et tout est à sa place sauf moi.
La porte de derrière n’est pas une sortie, elle ouvre sur un grenier où le silence est replié sur lui-même.
Une porte sans serrure et derrière un rire bref, un frisson, une assiette vide sur la table.
Porte pleine et mate et dans l’ombre un manteau suspendu flotte comme un fantôme.
Une porte cadenassée qui s’ouvre quand même et dedans c’est mon corps allongé, endormi.
Porte de cave et l’humidité s’infiltre jusque dans les phrases qu’on ne dit pas.
Je pousse la dernière porte et elle donne sur un mur, mais j’entre quand même.

Boost#01| La terre


ST1 — La terre, mouvement silencieux

La terre est un début.
La terre est là. Évidemment. Sous nos pieds. Sous les chaussures, sous les roues, sous les corps qui tombent.
Elle est là, présente, pesante, indifférente. Un tapis solide qui absorbe tout.
Sol sec, sol mouillé, sol dur, sol meuble.
Noire, brune, ocre, rouge.
Elle se décline en teintes de fatigue, en strates de patience.
Elle ne dit rien. Mais elle sent.
Une seule odeur. Une odeur de terre. Une évidence muette.

La terre est un ventre vieux qui avale tout.


ST2 — La langue par et dans la terre

On gratte, on creuse, on ratisse.
On entaille, on soulève la motte.
Les ongles se remplissent de boue, la paume devient rugueuse.
Ça colle, ça tient, ça ne part pas si facilement.
La terre aime s’accrocher.

Elle résiste sous le fer de la pioche, crisse sous la lame, s’effondre sous la pelle.
On l’ordonne en sillons, on lui assigne un rôle : ici, les légumes ; là, un mur.
Ailleurs, elle reste ce qu’elle est : compacte, silencieuse, immobile.

La charrue fend la terre, la herse l’émiette, le semoir l’ensemence.
Mais sous tout cela, il y a le mot terre, à défaire comme dans un jeu de poupées russes.


ST3 — Soi-même dans le rapport à la terre

La terre est une mémoire qui ne parle pas.
Mais elle marque.
Sous les ongles, sous les semelles, sur la manche du manteau.
Même après lavage, elle est là.
Elle pèse dans la brouette, tire les bras, casse le dos.
Elle parle dans les corps, plaque un accent au fond de la gorge.

On croit pouvoir la dire, sans se mouiller.
Mais elle trahit celui qui fait semblant.
Elle préfère trahir que d’être trahie.
Elle s’effondre sous les pas trop sûrs.

Elle est friable quand ça lui chante, grasse, salope sous la pluie, offerte au soleil.
Et puis, après des années, elle devient sage comme une image.
Elle sourit : viens, la soupe est chaude.

Quand on s’allonge auprès d’elle, c’est alors autre chose :
Un creux qui épouse le dos, la tête qui dépasse, comme à la plage.
Et tout un monde à ras du sol : les herbes qui ondulent, les insectes qui dansent, le linge qui claque.
Et le lapin saigné, dépecé, qui goutte à goutte l’emplit de quoi tenir l’hiver.

La terre est là, même en ville.
Sous le béton, dans les nids-de-poule, dans l’odeur de l’orage.
On peut tenter de l’éviter, elle reste.
Elle colle aux semelles, s’infiltre dans la bouche.
Elle résiste. Elle fait son travail.
Un jour, elle nous reprendra tous.


ST4 — Dictionnaire de la terre

La terre est une main qui tient ce qu’on oublie.

Le hallier : un gros buisson touffu composé de ronces, où se réfugie le gibier. On dit aussi broussaille, fourré.

La terre est un livre.
On gratte la page, on tourne la page.
Strate après strate.
Elle garde les os, les soldats, les anonymes.
Elle égalise les abattis.
Elle prépare un futur souvenir de nous.

La brande : formation végétale de type lande, issue d’une déforestation ancienne.

La terre est une définition impossible.
Elle est tout ce qui est là, ce qui fut, et ce qui sera sans nous.


#Boost #00 | 6°10′ Latitude sud, océan Indien.

Les ruelles serpentent, étroites, humides, prises dans la touffeur nocturne. Des ombres y passent, épaules basses, visages burinés par le rhum et l’attente. Ici, à Stone Town, la nuit exhale ses parfums d’épices sèches et de pierre oubliée.

Au matin, le port se dévoile dans une brume jaune. Les boutres y reposent, voiles repliées comme des peaux mortes. L’air est dense, chargé de sel, de gasoil et d’anciens départs. Quelques hommes veillent, debout dans le jour qui se lève, les traits figés. Ils ne parlent pas. Ils regardent, et leurs yeux, disaient les vieux, brillent « comme la publicité », sans y croire.

Dans les enchevêtrements de ruelles, temples hindous et mosquées s’adossent. Les minarets pointent un ciel encore laiteux. Les portes sculptées — ferronneries lourdes, bois tannés — ferment des cours intérieures où la mémoire suinte, entre les traces d’esclaves et de contrebande. On dirait que les murs ont conservé l’odeur du sang, comme à Sébastopol, disaient-ils.

Le marché de Darajani bruisse. Une rumeur épaisse, des voix rudes, une tension sous-jacente. Les étals débordent : poissons tranchés, chairs brillantes, épices pourpres, légumes éclatants. Les mains s’agitent, les prix claquent. Dans la foule, des silhouettes voilées traversent, leur pas sûr, gestes souples, regard à peine fuyant. Elles ne craignent rien.

La nuit revient sur les Forodhani Gardens. Une à une, les lanternes s’allument, trouant la pénombre. Le vent ramène les odeurs de grillades et d’algues. Entre les cargos modernes, les boutres glissent, lents, spectres d’un monde qui ne s’est jamais éteint. L’océan chuchote à voix basse.

Le Palais des Merveilles se tient là, massif, ses balcons de fer dessinant l’épure d’un théâtre vide. La façade luit un instant, puis s’éteint. Le bâtiment semble contenir tout ce qui fut, tout ce qui ment. C’est une coulisse pour drames sans spectateurs.

Et la rue du bout du monde ? Elle ne mène nulle part. Elle s’achève ici, dans cet entrelacs d’odeurs, de silences et d’attentes. Entre deux temps, entre deux ports. On ne sait plus si l’on vient ou si l’on part. Le ciel, lui, s’en fiche : les étoiles veillent sans mémoire.

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A propos de Patrick B.

https://ledibbouk.net ( en chantier perpétuel)

16 commentaires à propos de “Boost #10 | versets renversés déversés”

  1. #08 J’ai lu les 5 jours des moments et je les ai trouvé beaux. Je ne sais pas lequel j’ai préféré.

    J’ai adoré le premier (et ses Révélations)
    « 3. C’est dans l’horizontal, dans le méandre horizontal
    en serpentant selon sa nature
    sans la forcer
    que l’apprentissage de l’inertie s’acquiert.
    Immense victoire.
    Mais silence. »
    J’ai apprécié le second (du doute et de l’ennui)
    Dans le troisième, j’ai croisé d’abord Artaud puis Beckett 🙂
    J’ai aimé la forme du Jour 4. Il m’est resté.
    Jour 5. Ce qui manque : Rien. Au jour 5, j’ai dit merci.

  2. #10 beaucoup aimé Patrick cette dense retraversée de tes ateliers Boost

    J’ai vu le cri se décoller de moi.
    Je ne parlais plus.
    J’étais ce qui reste
    quand la voix a fui.

    (note:il me semble avoir attentivement lu les 2 chants, y avoir pris autant de plaisir à chaque fois, mais je n’ai pas vraiment trouvé ce qui les distinguait, les textes m’ont paru identiques?)

  3. quel beau texte qui réunit tout ! « J’ai posé la cuillère
    comme on tend un piège à la mémoire.
    J’ai laissé la lumière jouer sur les murs
    et j’ai fait semblant d’y croire. » bravo

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